Moody’s met une dose de pression supplémentaire sur la dette portugaise

L’agence de notation a décidé de dégrader de 2 crans à A3 la note souveraine du pays, à l’aube d’une adjudication test lancée par le gouvernement
Patrick Aussannaire

PIGS don’t fly». Après les récentes dégradations de la Grèce et de l’Espagne, et en pleine discussions sur le coût du sauvetage du système bancaire de l’Irlande (lire aussi page 3), c’est aujourd’hui au tour du Portugal de voir la note de la dette souveraine dégradée de deux crans à A3 par Moody’s. En cause, la hausse des coûts de financement ainsi que les difficultés de Lisbonne à atteindre ses objectifs budgétaires. Et Moody’s de conserver une perspective négative sur la note.

Cette annonce tombe une nouvelle fois à l’aube d’une adjudication d’un milliard d’euros à un an d’obligations du Trésor prévue par le gouvernement, et dont le résultat devait avoir valeur de test. Avec cette annonce, il est vraisemblable que le financement sera sous haute tension et devrait se réaliser à des conditions dégradées, alimentant ainsi les critiques visant les agences de notation accusées d’alimenter les faiblesses qu’elles pointent du doigt. Le souverain avait été contraint, il y a une semaine, de concéder au marché un taux de 5,99% lors d’une adjudication d’un milliard d’euros de dette à 2 ans, contre 4,08% lors du placement de septembre. Des niveaux considérés par Moody’s comme «insoutenables» à terme, alors que le taux d’Etat à dix ans a atteint un record de 7,70% il y une semaine.

«La hausse des pressions inflationnistes pourraient conduire à une hausse des taux de la BCE, ce qui pourrait aggraver les conditions de financement du Portugal» estime Moody’s. Et Jean-Claude Trichet de prôner hier auprès des ministres européens des finances pour un renforcement du régime de sanctions à l’encontre des Etats dispendieux.

Le gouvernement avait pourtant annoncé un nouveau train de mesures d’austérité visant à ramener son déficit budgétaire de 7% à 4,6% du PIB cette année. La réduction des dépenses de santé, des indemnités de licenciement et des aides sociales et le report de projets d’infrastructures devraient avoir un impact supplémentaire de 0,8% du PIB, selon les estimations du gouvernement. Des mesures jugées suffisantes pour atteindre son objectif par le commissaire européen aux Affaires économiques et monétaires Olli Rehn, alors que le Portugal cherche à convaincre les marchés qu’il n’a pas besoin de plan de sauvetage. Et les perspectives de croissance ne sont pas bonnes, la banque centrale anticipant une nouvelle contraction du PIB de 1,3% cette année.

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