
Moody’s met une dose de pression supplémentaire sur la dette portugaise
PIGS don’t fly». Après les récentes dégradations de la Grèce et de l’Espagne, et en pleine discussions sur le coût du sauvetage du système bancaire de l’Irlande (lire aussi page 3), c’est aujourd’hui au tour du Portugal de voir la note de la dette souveraine dégradée de deux crans à A3 par Moody’s. En cause, la hausse des coûts de financement ainsi que les difficultés de Lisbonne à atteindre ses objectifs budgétaires. Et Moody’s de conserver une perspective négative sur la note.
Cette annonce tombe une nouvelle fois à l’aube d’une adjudication d’un milliard d’euros à un an d’obligations du Trésor prévue par le gouvernement, et dont le résultat devait avoir valeur de test. Avec cette annonce, il est vraisemblable que le financement sera sous haute tension et devrait se réaliser à des conditions dégradées, alimentant ainsi les critiques visant les agences de notation accusées d’alimenter les faiblesses qu’elles pointent du doigt. Le souverain avait été contraint, il y a une semaine, de concéder au marché un taux de 5,99% lors d’une adjudication d’un milliard d’euros de dette à 2 ans, contre 4,08% lors du placement de septembre. Des niveaux considérés par Moody’s comme «insoutenables» à terme, alors que le taux d’Etat à dix ans a atteint un record de 7,70% il y une semaine.
«La hausse des pressions inflationnistes pourraient conduire à une hausse des taux de la BCE, ce qui pourrait aggraver les conditions de financement du Portugal» estime Moody’s. Et Jean-Claude Trichet de prôner hier auprès des ministres européens des finances pour un renforcement du régime de sanctions à l’encontre des Etats dispendieux.
Le gouvernement avait pourtant annoncé un nouveau train de mesures d’austérité visant à ramener son déficit budgétaire de 7% à 4,6% du PIB cette année. La réduction des dépenses de santé, des indemnités de licenciement et des aides sociales et le report de projets d’infrastructures devraient avoir un impact supplémentaire de 0,8% du PIB, selon les estimations du gouvernement. Des mesures jugées suffisantes pour atteindre son objectif par le commissaire européen aux Affaires économiques et monétaires Olli Rehn, alors que le Portugal cherche à convaincre les marchés qu’il n’a pas besoin de plan de sauvetage. Et les perspectives de croissance ne sont pas bonnes, la banque centrale anticipant une nouvelle contraction du PIB de 1,3% cette année.
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« Aucun regret » : les manifestants népalais blessés fiers d'avoir porté le changement
Katmandou - Le 8 septembre, l’étudiant Aditya Rawal a vu 14 personnes tomber devant lui sous les balles de la police près du Parlement népalais où il manifestait contre le blocage des réseaux sociaux et la corruption du gouvernement. Il s’est précipité, les mains en l’air, pour aider l’un de ses camarades quand il a été lui-même atteint à un bras et au ventre. «J’avais entendu quelque part qu’en levant les deux mains, ils ne nous tireraient pas dessus», raconte à l’AFP ce jeune spécialiste de marketing numérique de 22 ans, depuis son lit d’un hôpital de la capitale Katmandou. «Mais j'étais leur cible», ajoute-t-il. Ce lundi-là, Aditya Rawal avait rejoint le cortège de milliers de jeunes, réunis sous la bannière de la «Génération Z», qui dénonçaient un gouvernement à leur yeux corrompu et incapable de satisfaire leurs exigences, notamment en matière d’emploi. Plus de 20% des jeunes Népalais de 15 à 24 ans sont au chômage, selon les estimations de la Banque mondiale. «Il y avait eu beaucoup de manifestations auxquelles participaient des personnes plus âgées, mais lors de la nôtre, ils ont eu recours à des armes à feu», se désole-t-il. Au lendemain de la manifestation, la colère s’est prolongée dans les rues de la capitale, où les principaux symboles du pouvoir - Parlement, bâtiments gouvernementaux, résidences d'élus - ont été incendiés ou détruits. Selon le dernier bilan officiel, ces émeutes, les plus graves depuis l’abolition de la monarchie au Népal en 2008, ont fait au moins 72 morts. Et 191 blessés étaient encore hospitalisés dimanche, comme Aditya Rawal. Le Premier ministre KP Sharma Oli n’a eu d’autre choix que de démissionner, remplacé vendredi par l’ex-cheffe de la Cour suprême Sushila Kalki, 73 ans, à la tête d’un gouvernement provisoire jusqu’aux élections prévues le 5 mars 2026. «Du courage» L’infirmière Usha Khanal, 36 ans, raconte avoir soigné des blessés avec des gants «imbibés de sang» au milieu des gaz lacrymogènes tirés à proximité par les forces de l’ordre. L’hôpital public de Katmandou a admis 458 manifestants blessés, six y sont morts dont quatre âgés de moins de 30 ans. «Nous voulons un gouvernement transparent, sans corruption et pas une dictature», met en garde Aditya Rawal. «S’il n’y a pas de changement, nous avons encore le temps de nous battre.» La cousine d’Aditya Rawal, Puja Kunwar, 20 ans, reste à son chevet depuis lundi. «Il a agi pour notre pays», assure la jeune femme, «cela me donne vraiment du courage». Dans le même service, Subash Dhakal, un manifestant de 19 ans grièvement blessé aux genoux, a été informé par ses médecins. Il devra rester alité pendant six mois. Les sacrifices des victimes «ne doivent pas être vains», souligne-t-il. «Ce que nous avons fait a fait tomber le gouvernement et permis d’en nommer un autre (...) nous ne voulons pas que le pays retourne en arrière». Sa mère enseignante dans une école publique, Bhawani Dhakal, 45 ans, lui avait donné de l’argent pour rejoindre en bus les manifestations depuis leur ville natale, à 30 km de Katmandou. Elle raconte avoir elle-même manifesté, il y a quelques mois, avec des collègues contre un projet de loi sur l'éducation. Sans résultat. «C’est incroyable qu’ils aient réussi à susciter un tel changement en seulement vingt-quatre heures», se félicite-t-elle. «Nos enfants ont fait partir tous les dirigeants corrompus.» Subash Dhakal est tout aussi fier. «Je n’ai aucun regret,» affirme-t-il. «Je ne l’ai pas fait que pour moi mais pour tout le monde, de ma famille à tous les frères. La douleur (de ma blessure) est éphémère, elle aura surtout permis des changements». Glenda KWEK and Anup OJHA © Agence France-Presse -
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