
L’Union des marchés de capitaux européens franchit une étape essentielle
Les progrès les plus importants se cachent parfois au sein de textes très techniques : c’est le cas avec la directive dite « restructuration et insolvabilité » qui vient d’être adoptée par le Conseil européen.
Celle-ci constitue en effet une étape essentielle sur la route menant à une véritable Union des marchés de capitaux à l’échelle européenne.
Ce texte a été particulièrement long et ardu à adopter pour une raison simple : il s’agissait tout simplement de donner à tous les membres de l’Union un cadre commun permettant le traitement des entreprises en difficulté.
Le droit des procédures collectives, des sûretés et des restructurations de dettes qui en découlent en sont des pans essentiels.
Or les pays européens ont des législations souvent très anciennes, et parfois dissemblables au point de handicaper sérieusement l’investissement transfrontalier en Europe. C’est ce frein qu’il s’agissait de lever.
Le texte en question, largement inspiré du droit français, ne constituera pas une nouveauté radicale pour les acteurs nationaux.
Mais il introduit quand même nombre d’innovations auxquelles ils vont devoir s’habituer : ainsi, la durée de suspension des poursuites est réduite à 4 mois, dans le cas général, contre 6 à 18 dans le système français d’aujourd’hui.
Par ailleurs, les créanciers pourront être classés par catégories, en fonction de la qualité de leurs sûreté. Cette nouveauté, qui existe en droit allemand, rendra les classes plus homogènes mais aussi plus nombreuses.
Enfin, une disposition de la directive permettra de passer outre au refus d’une ou plusieurs classes, dont celle des actionnaires, ce qui n’est permis aujourd’hui en France qu’à des conditions très strictes.
Restera à transposer cette directive dans l’ensemble des droits nationaux européens. En France, cela pourrait aller relativement vite du fait que la loi Pacte autorise le gouvernement à agir par ordonnance.
Le jeu en vaut la chandelle : au fil des transpositions, la levée d’un verrou essentiel au sauvetage d’entreprises viables et au développement des investissements transfrontaliers devrait stimuler le recours des entreprises européennes à leurs propres marchés de capitaux.
Et hâter du même coup l’intégration financière dont le continent à le plus urgent besoin.
Plus d'articles du même thème
-
Les agences de crédit affichent leur optimisme pour la Péninsule ibérique
S&P Global a relevé vendredi d’un cran à «A+» la note de l’Espagne, tandis que Fitch a aussi rehaussé d’un cran à «A» celle du Portugal, avec une perspective stable dans les deux cas. -
Boeing échoue encore à faire cesser la grève dans son pôle défense
Le conflit, qui touche trois usines américaines, va se poursuivre après le rejet vendredi de la dernière proposition de convention collective présentée par l’avionneur. -
«L’or demeure l’une de nos convictions fortes»
Nicolas Laroche, Global Head of Advisory & Asset Allocation, UBP -
La ponction douanière rapporte gros au Trésor américain
Au rythme actuel, les droits de douane pourraient dépasser les 300 milliards de dollars cette année. Mais une telle hypothèse, qui exclut certains effets de bord, impliquerait une répartition coûteuse de ces «taxes» entre les agents économiques, au premier chef les ménages et les entreprises américains. -
«Le potentiel des entreprises de taille moyenne devrait se libérer»
François Dossou, directeur de la gestion actions chez Sienna IM -
«Nous avons adopté un biais légèrement défensif pour des questions de valorisation»
Olivier Becker, responsable gestion crédit chez Amiral Gestion
Sujets d'actualité
ETF à la Une

Kraken étend son offre de trading actions et ETF à l'Union européenne
- Le rachat de Mediobanca menace la fusion des gestions de Generali et BPCE
- BNP Paribas AM se dote d’une gamme complète d’ETF actifs
- En deux ans, les ETF «datés» ont réussi à se faire une place en Europe
- Comgest renouvelle son équipe de gestion actions européennes
- L’Union européenne cherche la clé d’une épargne retraite commune
Contenu de nos partenaires
-
C'est non !
L’appel de la tech française contre la taxe Zucman
Start-uppers et investisseurs affirment que la taxe sur les patrimoines de plus de 100 millions d'euros est non seulement « contre-productive » mais aussi « inopérante ». Et détourne de l'essentiel : le risque de décrochage -
Editorial
L'imposture des hausses d'impôts comme compromis budgétaire
Le compromis, pardon : cette compromission fiscale sur le dos des entreprises est une impasse -
Tribune libre
Appel des entrepreneurs de la tech contre la taxe Zucman : « Ne cassons pas l’élan entrepreneurial français ! »
« Pour nous, entrepreneurs et investisseurs français, la proposition de Zucman est non seulement inopérante, mais elle nous détourne du principal enjeu de notre pays : le risque d’un décrochage économique et technologique par rapport au reste du monde, dans un contexte international de plus en plus dangereux et fragmenté »