«Les signaux envoyés par l'économie américaine sont ambigus»

René Defossez, stratégiste taux chez Natixis
Solenn Poullennec

- L’Agefi : Pourquoi pensez-vous que la BCE va abaisser son taux de refi à 0,25% dans les trois mois qui viennent?

- René Defossez : La zone euro est en récession et les perspectives économiques sont médiocres. Le PIB devrait baisser de 0,7 % cette année et n’augmenter que de 0,6% en 2014. L’économie justifie donc un nouveau soutien monétaire. Par ailleurs, la BCE, pour différentes raisons, privilégie les instruments conventionnels de politique monétaire, quitte à les utiliser de manière non conventionnelle. D’où la forme actuelle des opérations de refinancement (tous les bids servis à un taux unique), ou la gamme extrêmement large des collatéraux. La BCE s’interroge d’ailleurs sur l’opportunité de baisser le taux de dépôt, ce qui l’amènerait en territoire négatif. L’intérêt économique d’une telle décision n’est toutefois pas clair.

- Quand voyez-vous la Fed commencer à revenir sur le programme d’assouplissement quantitatif (QE) ?

- La diminution progressive du QE dépend d’une amélioration significative de la situation conjoncturelle et de l’emploi. Or les signaux envoyés par l’économie sont ambigus: la reprise n’a rien d’une reprise cyclique habituelle, et le marché du travail n’est pas très robuste (le taux de participation est faible). Par ailleurs, les «tests verbaux» effectués ces dernières semaines par la Fed ont révélé les risques associés à une diminution du QE, qui a dopé de nombreux actifs. La sortie du QE sera donc prudente, commencera peut-être en septembre par une baisse des achats de MBS. Pour l’immobilier US, ce sera un choc négatif. Pour les marchés obligataires, ce sera le signal de la fin progressive de taux extrêmement bas.

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