
Les problèmes du Portugal compliquent la situation de ses banques
Au Portugal, le système bancaire ne souffre pas encore de maux aussi graves qu’en Irlande et en Espagne. Le pays n’a en effet pas connu de bulle des prix immobiliers avant le début de la crise financière.
Depuis une décennie, les établissements du pays ont cependant été affaiblis par un environnement économique de plus en plus difficile, marqué par une faible croissance. «Ceci a inévitablement conduit à une détérioration de la qualité des actifs, une hausse des coûts et à un accès au financement plus difficile», expliquent les stratégistes crédit de BNP Paribas dans une étude sur les banques portugaises. A fin 2010, les banques du pays, bénéficiaires, affichaient des ratios de capitaux propres parmi les plus faibles en Europe. Le core tier 1 va de 6,7% pour Banco Comercial Portugues (BCP) à 8,8% pour Caixa Geral de Depositos. La définition de ce ratio intègre au Portugal les actifs des plans de retraite, précise BNP Paribas. En les excluant, les ratios core tier one des banques seraient inférieurs de 0,5 à 2 points. BCP en particulier aurait besoin d’être recapitalisée à hauteur de 2 milliards d’euros pour atteindre un ratio core tier one de 8,5%.
La situation des banques portugaises risque de se compliquer encore en raison de la détérioration de leurs marges. Elles n’ont plus accès au marché financier depuis mi-2010 et les probables dégradations de leurs notes suite à celle du Portugal devraient encore retarder leur retour auprès des investisseurs. Or, les trois premiers établissements du pays ont environ 12 milliards d’euros de dettes arrivant à maturité en 2011 et autant en 2012. Pour assurer leurs financements, les banques vont donc au guichet de la BCE. Le système bancaire portugais était le quatrième utilisateur du dispositif de liquidité exceptionnelle de la BCE en février dernier. Mais celui-ci deviendra plus onéreux si la banque centrale relève ses taux en avril.
Outre les effets sur la notation des banques, la santé du Portugal, qui pourrait prochainement demander l’aide de l’Europe pour se financer, a aussi des répercussions sur leurs portefeuilles d’actifs. Si une restructuration de la dette souveraine portugaise était nécessaire, elle coûterait cher aux banques locales qui en détiennent pour 13,3 milliards d’euros. Sans en arriver là, Barclays Capital estimait déjà vendredi «entre 8 et 10 milliards d’euros» les besoins de recapitalisation du secteur pour renforcer leurs ratios tier one.
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