Les opérations de carry trade sur le yen en passe de faire leur retour

Les investisseurs se portent à nouveau vers les pays à haut rendement, entraînant une baisse du yen et un renforcement du dollar australien
Patrick Aussannaire

S’achemine-t-on vers un retour du «yen carry trade» ? L’intervention massive de la Banque centrale du Japon (BoJ), épaulée par le G7, pour enrayer la hausse de sa devise, qui a atteint un record historique de 76,25 yens pour un dollar le 17 mars dernier, semble avoir ouvert la porte à une nouvelle ruée vers les obligations à plus hauts rendements. Depuis que la BoJ s’est mise à faire tourner la planche à billets à plein régime, la parité contre dollar est revenue au-dessus de la barre des 83 yens. Dans le même temps, les devises à haut rendement sont reparties à la hausse. En effet, le dollar australien est passé au-dessus de 1,03 dollar et a touché un plus haut de 86,01 yens depuis mai dernier, alors que le «kiwi» néo-zélandais approchait les 63 yens.

Le montant total des actifs détenus par la BoJ a progressé de 250 milliards de dollars en une semaine, s’approchant de ses records, vraisemblablement via ses opérations de refinancement (repo). Mais la question est de savoir à quoi seront allouées ces liquidités supplémentaires. A la reconstruction de l’économie du pays ? A l’investissement dans les marchés actions locaux ? ou va-t-on assister comme en 2003 à une ruée des investisseurs japonais vers les actifs étrangers ? «Cette liquidité ne restera pas au Japon et dopera le prix des actifs dans le reste du monde», tranche BNP Paribas. D’ailleurs, les chiffres du ministère des finances publiés cette nuit indiquent que les investisseurs japonais ont acheté pour 973,3 milliards de yens d’obligations étrangères durant la semaine achevée le 25 mars, un record de 10 mois.

Comme le rappelle la société de gestion GaveKal, «la faiblesse des primes de risque associées aux dettes de long terme (souverains et corporate) des pays en phase de durcissement de leur politique monétaire militent pour une persistance de cette tendance». Sans compter que pour financer les 300 milliards de dollars de coûts de reconstruction, le Japon aura besoin du charbon et des minerais de fer australiens. Natixis estime que «le fait que la BoJ soit la dernière grande banque centrale à maintenir une politique ultra-accommodante pourrait favoriser de nouveau les positions de carry trade en yens». En effet, la Banque centrale de Chine est entrée dans une phase durable de durcissement monétaire, alors que la BCE amorce un processus de normalisation et que les faucons de la Fed reprennent du crédit.

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