Les investisseurs corporates doivent garder à l'œil la dette française

Certains analystes mettent en garde contre l’impact qu’un stress sur la dette d’Etat française pourrait avoir sur le marché du crédit corporate
Krystèle Tachdjian
Emissions françaises sur le site de l'Agence France Trésor. Photo: PHB/Agefi
Emissions françaises sur le site de l'Agence France Trésor. Photo: PHB/Agefi  - 

La France continue à se refinancer à des coûts parmi les plus bas de son histoire, parvenant même à emprunter à des taux négatifs à court terme. Mais face aux défis structurels qu’il lui reste à relever, certains ont déjà fait de la France le futur maillon faible de l’Europe.

Dans ce contexte, les investisseurs devront se montrer vigilants face au risque de crédit lié à la dette d’Etat française, préviennent les analystes de Bank of America Merrill Lynch dans une note récente. En cas de stress sur la dette souveraine française, ils redoutent aussi des tensions sur la dette corporate de catégorie «high grade» (la mieux notée) libellée en euros, le poids des émissions françaises étant prépondérant rapporté à la totalité du marché.

L’an dernier, les entreprises françaises ont en effet placé quelque 55 milliards d’euros sur le marché des émissions de crédits corporates «high grade» en euro, soit plus que ses voisins allemands et italiens qui ont émis chacun pour environ 30 milliards d’euros. Ainsi avec 23% de parts de marché, les entreprises françaises occupent la première place sur

ce segment de dette contre seulement 16% pour l’Allemagne, selon Bank of America Merrill Lynch. Cette situation s’explique notamment par le fait qu’un grand nombre de sociétés françaises en quête de liquidités se sont bousculées sur les marchés ces derniers mois pour trouver une solution alternative aux financements des banques, elles aussi sous tension.

Le poids des émissions françaises se lit aussi dans l’indice Merrill Lynch EMU (Economic and Monetary Union) Corporate Index qui est représentatif du marché du crédit «Investment grade» des obligations libellées en euro. La France compte pour 20% de l’indice composite, ce qui en fait le plus gros contributeur devant l’Italie, l’Allemagne et l’Espagne.

«Non seulement, le marché high grade est davantage tourné vers les émetteurs français, mais le sentiment par rapport à la dette souveraine française l’an prochain aura manifestement un impact plus profond sur l’indice des spreads européens du credit corporate que par le passé», insiste Bank of America Merrill Lynch.

En attendant, la dette corporate Investment grade européenne affiche toujours des rendements supérieurs à la dette américaine de même catégorie qui souffre des incertitudes entourant le mur budgétaire (fiscal cliff) aux Etats-Unis.

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