
Les inégalités affectent la croissance de long terme

Plus que l’échappée des 1% les plus riches, l’OCDE met en garde face au décrochage des 40% les plus pauvres dans son dernier rapport sur les inégalités. Ce troisième rapport de l’OCDE depuis 2008 sur le sujet souligne l’impact négatif sur le potentiel de croissance à long-terme des économies. Il a été quantifié par l’organisation : entre 1990 et 2010 ce sont 4,7 points de croissance cumulée qui auraient été perdus.
La concentration du patrimoine est importante, 10% des foyers s’arrogeant 50% des richesses quand les 40% de foyers les moins bien lotis se partagent 3% du patrimoine total. « Depuis la crise les disparités s’accroissent et dans la plupart des pays de l’OCDE les inégalités sont aujourd’hui à leur plus haut depuis que les données sont collectées », constate l’organisation.
Les auteurs du rapport insistent : « Au-delà de son impact important sur la cohésion sociale, de hautes et souvent croissantes inégalités posent de sérieux problèmes économiques, pas uniquement pour les plus démunis mais plus largement pour la santé et la pérennité de nos économies. Dit simplement : des inégalités en hausse sont mauvaises pour la croissance à long-terme. »
Les économies développées pourraient d’abord réduire les inégalités hommes-femmes, suggère le rapport. Les auteurs de l’étude ont montré que la hausse de la participation des femmes à l’emploi dans les pays étudiés ainsi que la réduction de l’écart salarial avec les hommes a entraîné une réduction des inégalités évaluée à 2 points de Gini (une mesure des inégalités au sein d’une économie, où 0 correspond à une société entièrement égalitaire et 1 inégalitaire).
Au contraire, le développement d’emplois « non-standards » ou précaires depuis vingt ans, qui est une tendance partagée par la majorité des pays membres de l’OCDE, a contribué à l’accroissement des inégalités. Sur ce point, les auteurs mettent en garde face à la polarisation du marché du travail, avec la disparition des métiers à qualification moyenne et la différence croissante entre emplois « non-standards » et emplois à plein temps. Pour l’OCDE, il n’est pas suffisant de s’intéresser au nombre d’emplois créés, il est nécessaire de prendre en compte leur qualité.
L’organisation en vient même à défendre l’efficacité des systèmes d’imposition et de redistribution : « atteindre une plus grande égalité d’opportunités sans s’attaquer aux inégalités de moyens croissantes sera très difficile ». Encore une fois, les auteurs n’hésitent pas à répéter leur principal propos, les efforts pour réduire les inégalités via la redistribution (impôts et subventions) n’affaiblissent pas la croissance.
Toutefois le meilleur moyen de combattre les inégalités reste l’éducation. L’organisation propose d’améliorer l’inclusion des plus pauvres dans le système scolaire et de s’assurer qu’ils peuvent prétendre aux mêmes longues études que leurs pairs aux ressources étendues. Non seulement les élèves dont les parents gagnent le moins réussissent en moyenne moins bien à l’école, mais ils sont confrontés à une forte pression pour entrer rapidement dans le monde du travail.
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