Les emprunts périphériques rencontrent une demande exubérante

Les 40 milliards d’euros d’ordres reçus pour la nouvelle ligne à 10 ans de l’Espagne constituent un record pour une syndication de dette souveraine
Alexandre Garabedian

Promis à la faillite et à l’exclusion de la zone euro il y a encore dix-huit mois, les Etats dits périphériques sont désormais les stars des marchés. Au point que leurs émissions de dette suscitent une demande exubérante. L’Espagne a établi hier un record du genre pour un emprunt souverain, en recueillant 40 milliards d’euros de demande pour sa syndication d’un nouvel emprunt de référence à 10 ans.

Seule l’émission inaugurale du FESF, signature supranationale, a fait mieux en janvier 2011. Plus tôt dans le mois, l’Irlande avait attiré 14 milliards d’euros d’intérêts pour une émission à 10 ans, et le Portugal autour de 11 milliards pour l’abondement d’une souche à 5 ans, deux résultats déjà présentés comme de grands succès.

Les banques chargées de la syndication espagnole – Barclays, BBVA, Citigroup, Goldman Sachs, Santander et la Société Générale – ont ainsi pu resserrer de 185 à 178 points de base le spread de l’émission au-dessus des mid-swaps. Soit un rendement d’environ 3,84%. Le pays a levé 10 milliards, alors que les stratégistes taux tablaient plutôt sur un emprunt de 6 à 7 milliards.

A 3,68% hier, les taux espagnols à 10 ans sont passés cette semaine sous leur plancher de 2009 pour atteindre leur plus faible niveau depuis 2006. Le spread avec les Bunds reste cependant bien supérieur à celui de l’époque, à 195 pb. D’où la demande des investisseurs, qui vont chercher du rendement sur des papiers plus longs et dans la périphérie de la zone euro. Le mouvement est encouragé par d’importantes tombées: ce mois-ci, 120 milliards, coupons inclus, sont revenus aux détenteurs de dette souveraine. Et le risque de dégradation de l’Espagne en catégorie «junk» s’est éloigné.

Avec un secteur bancaire moribond et un chômage à 25%, le pays reste pourtant mal en point, même si son PIB cesse de se contracter. Mais pour Zeina Bignier, responsable de l’origination souveraine chez SG CIB, «il ne faut pas sous-estimer les réformes mises en place en Espagne, au Portugal et en Irlande, qui portent leurs fruits».

De manière générale, «les investisseurs américains considèrent que l’Europe s’est dotée d’outils pour faire face à la crise financière, et les autres résidents hors zone euro se sont orientés vers le non-core depuis les annonces de tapering de la Fed», explique la banquière.

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