
Les économies émergentes tentent de limiter les sorties de capitaux
Les marchés émergents sont dans l’œil du cyclone. Signe des sorties de capitaux importantes qui déstabilisent depuis quelques jours leurs marchés domestiques, le fonds public de retraite sud-coréen, qui détient 270 milliards d’euros sous gestion, a indiqué cette nuit qu’il prévoit d’augmenter la part des actions étrangères détenues dans son portefeuille de 9,3% à 10,5%. «Il est inévitable pour nous de nous tourner vers les actions étrangères afin de dégager des rendements supérieurs», a reconnu son directeur, Lee Hyung Hoon. Les ventes nettes d’actions sud-coréennes par les investisseurs étrangers ont été de 866,9 millions de dollars sur la seule séance d’hier, un record depuis août 2011. Le montant dépasse même les 2 milliards depuis le début de la semaine.
Depuis que le président de la Fed Ben Bernanke a envisagé pour la première le 22 mai une sortie du programme de rachat d’actifs, l’indice Kospi sud-coréen a chuté de 5,6%. Kim Choong Soo, le gouverneur de la banque centrale du pays (BoK) a indiqué ce matin qu’il craignait une hausse de la volatilité des changes, ainsi que des taux d’intérêt dans le monde. La BoK s’est dite prête à intervenir sur le marché des changes pour enrayer une volatilité excessive du won et des flux de capitaux. Le won s’est déprécié de 4% contre dollar depuis début mai. Contre yen, après sa chute de 40% sur un an, il a rebondi de 10% depuis le 22 mai.
Mais la Corée est loin d’être la seule victime. L’indice MSCI des Marchés Emergents a perdu 10% depuis le 22 mai. Selon Lipper, les investisseurs en obligations émergentes ont accusé une perte de 7,8%, et les investisseurs en actions émergentes de 6,7% depuis début mai. Sur le marché des changes, le rand sud-africain, le réal brésilien, les pesos philippin et mexicain, la roupie indienne font partie des dix devises qui ont se sont le moins bien comportées depuis le 22 mai, avec des chutes allant de 3,2 à 4,3%. «Rétrospectivement, il est clair que les positions obligataires sur les émergents ont été excessives et que les investisseurs de long terme ont commencé à solder leurs positions. Ce qui signifie que le mouvement va se poursuivre», estime Benoît Anne, responsable de la stratégie émergents à la Société Générale.
Face à ce constat, les pays tentent de réagir avec des interventions ciblées sur le marché des changes, comme en Inde ou au Brésil. Hier, l’Indonésie a surpris les marchés en procédant à un relèvement de ses taux directeurs pour attirer les capitaux étrangers. «Les marchés effectuent une correction de leurs anticipations de prix face à un mouvement de normalisation des rendements américains, et tout ce que peuvent faire les banques centrales est de colmater les brèches. La volatilité est loin d’être morte», estime said Tim Condon, responsable de la stratégie chez ING.
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