Les directeurs des opérations montent en grade

Gestion d’actifs
Réjane Reibaud

Qu’ont en commun Joseph Pinto, prochain directeur général de M&G Asset Management, et Jean-Pierre Michalowski (lire le Carnet), prochain directeur général de Caceis ? Tous deux sont passés par la case COO, ou chief operating officer, durant leur carrière, « le bon exemple de la fonction ‘point de passage’ pour devenir directeur général (CEO) », estime Renaud Péchoux, associé fondateur du cabinet de recrutement Themis.

Ces promotions montrent à quel point le COO est devenu primordial ces dernières années dans la gestion d’actifs. Placé sous la hiérarchie du directeur général, il entre de plus en plus souvent au comité de direction. Mais quelle est sa fonction ? « Le COO c’est, en gros, le couteau suisse réglementaire et technique de la maison. Il gère beaucoup de problèmes et trouve beaucoup de solutions », explique Renaud Péchoux. « C’est le chef d’orchestre des équipes qui opèrent derrière la scène de l’investissement », appuie Laurent Caillot, global COO d’Axa IM. En général, ce dirigeant a sous sa supervision les équipes de back et middle-office, les équipes informatiques et parfois la partie réglementaire, voire même la finance ou les services généraux. « L’excellence opérationnelle est devenue un facteur très important pour gagner des mandats d’investissement », ajoute Laurent Caillot.

Data et blockchain

La crise Covid n’a fait qu’accélérer les choses. Non seulement pour la gestion du quotidien – le COO doit « s’assurer que la musique ne s’arrête jamais », pointe Elisa Alonso Sanz, qui occupe la fonction chez ABN Amro IS –, mais aussi parce qu’il est le « facilitateur de l’innovation » dans un monde où se mêlent extrême digitalisation et explosion réglementaire. Il fait figure de gestionnaire de projets, travaille en mode agile, pilote de grandes équipes, doit faire attention à la conformité, le tout alors même que les sociétés de gestion ont externalisé de plus en plus de fonctions.

En ce moment, les grands sujets concernent l’automatisation des tâches et les projets liés à la blockchain ou la data. « J’ai des fintechs qui m’appellent toutes les semaines pour parler innovation », confirme Elisa Alonso Sanz. Quand elle arrive en juillet 2020 chez ABN Amro IS, elle doit implanter de nouveaux outils de gestion de portefeuille comme celui d’Aladdin, fourni par BlackRock Solutions. « C’était une nouvelle technologie pour nous. On doit veiller notamment à ce que les accès et l’information soient bien sécurisés car tout est dans le cloud », explique-t-elle. La COO travaille aussi sur la stratégie data. ABN Amro IS dispose en effet d’une vingtaine de départements et chacun d’entre eux a sa propre base de données. « J’ai dû faire centraliser toute la data au sein de ce que l’on appelle une ‘data pool’ commune et créer un référentiel commun », le tout avec l’aide d’IHS Markit. « C’est mieux pour la gestion des risques », résume-t-elle.

Un sujet un peu similaire à La Française AM Finance Services, la filiale de distribution du groupe La Française. Thierry Gortzounian, COO de la filiale, a mis en place une équipe dédiée à la « data dissemination » pour recueillir toutes les briques de données qui viennent des différents départements du groupe, les gérer, les mettre en forme et les adapter. Il s’agit aussi d’améliorer les outils pour créer un parcours digitalisé de souscriptions des sociétés civiles de placement immobilier (SCPI) du groupe. Enfin, travailler sur les projets blockchain avec des partenaires comme Iznes.

Chez Axa IM, le COO vient de boucler deux chantiers. Le premier : la convergence des plateformes de gestion de la filiale américaine Rosenberg et celle du britannique Framlington, vers une nouvelle plateforme. Le second : lancer une activité sur les exchange-traded funds (ETF). Des projets de deux ans et près d’un an respectivement. « Lancer une activité ETF, cela signifie mettre en place un modèle opérationnel et une plateforme technologique nouvelle », explique Laurent Caillot. Depuis quelques mois, lui non plus n’échappe pas aux projets blockchain. Au regard des promesses offertes, le rôle central du COO ne risque pas de s’éteindre.

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