Les délais de livraison sur le marché de l’aluminium continuent de faire débat

Le producteur d’aluminium Rusal attaque le London Metal Exchange en justice alors qu’il veut réduire les délais de livraison des entrepôts de métaux
Solenn Poullennec

Les tensions restent vives entre la bourse des métaux, le London Metal Exchange (LME), et ses utilisateurs. Alors que la première veut réduire les délais de livraison de métaux et qu’elle a incité ses entrepôts à limiter l’augmentation de leurs tarifs, le producteur d’aluminium Rusal a décidé de la combattre devant les tribunaux.

Il y a quelques jours, l’entreprise en pertes, détenue par l’oligarque russe Oleg Deripaska, a confirmé qu’elle avait assigné le LME devant la justice britannique pour le forcer à changer les nouvelles règles de fonctionnement qu’il doit imposer en avril. Rusal, assure que la procédure de consultation de trois mois qui a précédé la présentation de ces règles était faussée et que ses résultats sont «irrationnels et disproportionnés».

Le LME, détenu par Hong Kong Exchanges and Clearing, a tenté de faire taire les critiques de ses utilisateurs en déclarant en novembre qu’il obligerait les entrepôts qui ont des délais de livraison de plus de 50 jours ouvrés à livrer plus de métal. Le LME, qui avait d’abord pensé ne s’attaquer qu’aux délais de plus de 100 jours ouvrés, s’est aussi engagé à lutter contre toutes les pratiques qui encouragent les délais de livraison et à publier plus d’informations.

Les grands consommateurs d’aluminium, comme les fabricants de canettes ou les brasseurs, se plaignent que les délais de livraison du métal puissent parfois dépasser un an. A leurs yeux, les entreprises qui possèdent les entrepôts, comme Goldman Sachs ou Glencore Xstrata, gonflent artificiellement les prix. Ils se heurtent cependant aux producteurs d’aluminium comme Rusal qui ont peur de voir leurs recettes diminuer alors que les prix de l’aluminium sont déjà touchés par la surproduction.

En septembre, la Bourse de Hong Kong déclarait que dix-huit procès avaient été intentés contre le LME pour protester contre les pratiques anticoncurrentielles des entreprises de stockage d’aluminium. Le régulateur des marchés dérivés américain, la CFTC, et le Department of Justice ont également lancé des enquêtes.

Pour l’heure, les consommateurs de métaux peuvent noter que les entreprises de stockage du LME n’ont prévu qu’une hausse de 3% de leur prix en moyenne contre 7% l’année dernière, selon Reuters. Le LME s’est félicité que son appel à la modération ait été entendu.

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