
Les créanciers seniors des banques ont gros à perdre avec le futur «bail-in»
Bruxelles fait tourner ses modèles sur la résolution bancaire. Alors que le commissaire aux services financiers Michel Barnier doit présenter fin juin un nouveau projet de directive sur le règlement des faillites bancaires, ses services ont publié début mai une étude d’impact, pour les créanciers des banques, des mesures qui seront retenues. Trois options sont en effet sur la table: un traitement pari passu de tous les créanciers, une protection des déposants dans la limite de 100.000 euros, ou un traitement privilégié de tous les déposants (hors établissements de crédit) y compris pour la part excédant 100.000 euros.
Dans la mesure où la protection des dépôts est privilégiée, les porteurs de dette bancaire senior non sécurisée risquent de subir des pertes équivalentes à celles des créanciers subordonnés. Fitch a d’ailleurs indiqué hier que la préférence donnée aux déposants constitue le principal facteur de subordination des obligataires, loin devant «l’encombrement» des actifs bancaires destinés à garantir des obligations sécurisées.
Le taux de perte de la dette senior pourrait ainsi atteindre jusqu’à 80% du pair pour les petites banques, 63% pour celles de taille moyenne (en raison d’une structure de bilan différente), et surtout 89% pour les grandes banques. Ces calculs de la Commission se basent sur plusieurs hypothèses maximalistes : un privilège accordé à tous les déposants sans limitation, et 25% de perte sur le bilan de la banque. Mais même si les créanciers n’étaient protégés que jusqu’à 100.000 euros, les obligataires seniors non sécurisés ne recouvreraient que 26% de leurs créances.
Alors que la dette senior coûte moins cher que la subordonnée, ces résultats plaident a priori pour une réduction de cet écart. Bruxelles se refuse cependant à franchir le pas et à en déduire que le coût de financement des banques augmenterait. C’est même le traitement pari passu de tous les créanciers qui serait le plus onéreux en cas de stress de liquidité, relève la Commission, puisque les déposants non garantis se rueraient au guichet des banques pour retirer leurs avoirs.
Marnik Hinnekens, à la recherche crédit de Tullett Prebon à Paris, pointe du doigt un autre problème: le marché des CDS bancaires traite sur une hypothèse d’un taux de recouvrement de 20% pour la dette senior. Un taux de perte de 89% et non plus 80% pour les grandes banques changerait les modèles de valorisation.
Plus d'articles du même thème
-
Nicolas Namias assure que le projet de fusion des gestions d’actifs de BPCE et Generali se poursuit
Lors d’une conférence de presse, le président du directoire de BPCE et président du conseil d’administration de Natixis, a indiqué « attendre la stabilisation de la chaîne actionnariale de Generali ». Il a souligné que le projet respectait les souverainetés nationales. -
PARTENARIAT
Livre blanc : La gestion du cycle de vie des fonds, réponse aux enjeux opérationnels de la production documentaire
Un livre blanc réalisé en partenariat par L’AGEFI et OUTSCALE - Dassault Systèmes réunissant les témoignages de professionnels expérimentés, et souvent précurseurs, qui partagent leurs constats et leurs initiatives concrètes. -
Thierry Cahierre quitte Redevco
Il était président de Redevco France depuis près de 14 ans et Chief Operating Officer Real Estate pour le groupe immobilier en charge de la gestion des investissements, des actifs et de la stratégie ESG depuis 2021. -
UBS envisagerait de s’installer aux Etats-Unis pour éviter les nouvelles règles bancaires suisses
A l’approche d’un vote crucial du Conseil fédéral suisse sur la date d’entrée en vigueur de nouvelles règles prudentielles, UBS, directement concernée, tâte le terrain aux Etats-Unis. -
L’augmentation de capital d’Orsted sera assortie d’une forte décote
La levée de fonds de 60 milliards de couronnes lancée par le spécialiste danois des énergies renouvelables sera ouverte du 19 septembre au 2 octobre. -
Worldline nomme un nouveau directeur financier pour accompagner sa transformation
En provenance d'Alstom, Srikanth Seshadri remplace Gregory Lambertie à la direction financière du spécialiste des paiements.
Sujets d'actualité
ETF à la Une

Kraken étend son offre de trading actions et ETF à l'Union européenne
- Le rachat de Mediobanca menace la fusion des gestions de Generali et BPCE
- En deux ans, les ETF «datés» ont réussi à se faire une place en Europe
- Valérie Baudson : «Amundi n'a pas besoin d'acquisition pour croître»
- New York Life réunit son actif général et sa gestion d’actifs
- L’Union européenne cherche la clé d’une épargne retraite commune
Contenu de nos partenaires
-
Wall Street portée par l’espoir d’une baisse des taux et les progrès commerciaux avec la Chine
Washington - La Bourse de New York a ouvert en hausse lundi, portée par la perspective d’une baisse des taux de la Réserve fédérale (Fed) dès mercredi, les investisseurs accueillant également avec optimisme l’avancée des négociations commerciales entre Washington et Pékin. Dans les premiers échanges, le Dow Jones prenait 0,16%, l’indice Nasdaq avançait de 0,46% et l’indice élargi S&P 500 gagnait 0,34%. Nasdaq © Agence France-Presse -
« Aucun regret » : les manifestants népalais blessés fiers d'avoir porté le changement
Katmandou - Le 8 septembre, l’étudiant Aditya Rawal a vu 14 personnes tomber devant lui sous les balles de la police près du Parlement népalais où il manifestait contre le blocage des réseaux sociaux et la corruption du gouvernement. Il s’est précipité, les mains en l’air, pour aider l’un de ses camarades quand il a été lui-même atteint à un bras et au ventre. «J’avais entendu quelque part qu’en levant les deux mains, ils ne nous tireraient pas dessus», raconte à l’AFP ce jeune spécialiste de marketing numérique de 22 ans, depuis son lit d’un hôpital de la capitale Katmandou. «Mais j'étais leur cible», ajoute-t-il. Ce lundi-là, Aditya Rawal avait rejoint le cortège de milliers de jeunes, réunis sous la bannière de la «Génération Z», qui dénonçaient un gouvernement à leur yeux corrompu et incapable de satisfaire leurs exigences, notamment en matière d’emploi. Plus de 20% des jeunes Népalais de 15 à 24 ans sont au chômage, selon les estimations de la Banque mondiale. «Il y avait eu beaucoup de manifestations auxquelles participaient des personnes plus âgées, mais lors de la nôtre, ils ont eu recours à des armes à feu», se désole-t-il. Au lendemain de la manifestation, la colère s’est prolongée dans les rues de la capitale, où les principaux symboles du pouvoir - Parlement, bâtiments gouvernementaux, résidences d'élus - ont été incendiés ou détruits. Selon le dernier bilan officiel, ces émeutes, les plus graves depuis l’abolition de la monarchie au Népal en 2008, ont fait au moins 72 morts. Et 191 blessés étaient encore hospitalisés dimanche, comme Aditya Rawal. Le Premier ministre KP Sharma Oli n’a eu d’autre choix que de démissionner, remplacé vendredi par l’ex-cheffe de la Cour suprême Sushila Kalki, 73 ans, à la tête d’un gouvernement provisoire jusqu’aux élections prévues le 5 mars 2026. «Du courage» L’infirmière Usha Khanal, 36 ans, raconte avoir soigné des blessés avec des gants «imbibés de sang» au milieu des gaz lacrymogènes tirés à proximité par les forces de l’ordre. L’hôpital public de Katmandou a admis 458 manifestants blessés, six y sont morts dont quatre âgés de moins de 30 ans. «Nous voulons un gouvernement transparent, sans corruption et pas une dictature», met en garde Aditya Rawal. «S’il n’y a pas de changement, nous avons encore le temps de nous battre.» La cousine d’Aditya Rawal, Puja Kunwar, 20 ans, reste à son chevet depuis lundi. «Il a agi pour notre pays», assure la jeune femme, «cela me donne vraiment du courage». Dans le même service, Subash Dhakal, un manifestant de 19 ans grièvement blessé aux genoux, a été informé par ses médecins. Il devra rester alité pendant six mois. Les sacrifices des victimes «ne doivent pas être vains», souligne-t-il. «Ce que nous avons fait a fait tomber le gouvernement et permis d’en nommer un autre (...) nous ne voulons pas que le pays retourne en arrière». Sa mère enseignante dans une école publique, Bhawani Dhakal, 45 ans, lui avait donné de l’argent pour rejoindre en bus les manifestations depuis leur ville natale, à 30 km de Katmandou. Elle raconte avoir elle-même manifesté, il y a quelques mois, avec des collègues contre un projet de loi sur l'éducation. Sans résultat. «C’est incroyable qu’ils aient réussi à susciter un tel changement en seulement vingt-quatre heures», se félicite-t-elle. «Nos enfants ont fait partir tous les dirigeants corrompus.» Subash Dhakal est tout aussi fier. «Je n’ai aucun regret,» affirme-t-il. «Je ne l’ai pas fait que pour moi mais pour tout le monde, de ma famille à tous les frères. La douleur (de ma blessure) est éphémère, elle aura surtout permis des changements». Glenda KWEK and Anup OJHA © Agence France-Presse -
Tribune libre
Pétition Duplomb : quand une partie de l’opinion dicte son récit à l’agriculture
Ce qui s’ouvre devant le monde agricole est un changement de paradigme : la nécessité d’écrire un récit qui dépasse les clivages et redonne sens à son rôle dans la société