Le système d’opérations de pension livrée tripartites prend son envol

L’encours se développe progressivement et Bercy envisage de modifier le code monétaire et financier pour accompagner son développement.
Solenn Poullennec

Alors que le ministre des Finances et des Comptes publics, Michel Sapin, réunira pour la troisième fois aujourd’hui le comité censé accompagner le développement de la Place de Paris, le service de gestion tripartite des pensions livrées développé par celle-ci prend doucement son envol. L’encours commence à croître, la Banque de France devrait rejoindre prochainement le système et les opérateurs travaillent avec Bercy pour faciliter l’accès de nouveaux acteurs au marché, tels que des organismes supranationaux.

Encouragé dès 2011 par la Place avec le soutien actif de la Banque de France, le service doit accompagner le développement rapide des transactions sécurisées depuis la crise et offrir une alternative au système d’opérations de repo tripartites allemand offert par Eurex et Clearstream (GC Pooling). L’offre de la Place, baptisée €GCPlus (sic) permet aux contreparties de réaliser anonymement des opérations sécurisées, grâce à deux paniers de collatéral standardisés. Le collatéral est géré et les opérations sont dénouées par Euroclear tandis que les transactions sont compensées par LCH.Clearnet SA.

Les premières opérations ont été compensées il y a un peu plus d’un an et se font désormais sur une base quotidienne. «Le marché est actif maintenant. On a un vrai encours aujourd’hui qui fluctue autour de 1 à 1,5 milliard d’euros, avec des prix de marché serrés et compétitifs», se félicite Cyril Louchtchay de Fleurian, responsable de la gestion du collatéral et des produits de financement sur titres chez Euroclear. «On est clairement dans la phase de décollage», dit-il.

L’essentiel des opérations se fait aujourd’hui sur des maturités très courtes (jusqu’à deux semaines) même s’il y en a eu certaines à plus de trois mois, à la satisfaction des promoteurs d’€GCPlus. Elles se font surtout sur les plates-formes MTS et BrokerTec, même si Tullett Prebon devait aussi offrir ses services à l’origine. Jusqu’à aujourd’hui, les utilisateurs ont privilégié le panier de collatéral le plus large de titres éligibles à la Banque centrale européenne.

Les opérateurs ont procédé à quelques ajustements depuis l’été dernier pour répondre aux exigences des utilisateurs et affirment qu’au-delà des principales banques françaises, premières à participer au projet, de nouvelles contreparties plus petites et des établissements espagnols et britanniques se montrent intéressés. «C’est un instrument additionnel pour gérer sa liquidité, que l’on en cherche ou que l’on en ait trop, réagit un trésorier français. L’outil est stable et fonctionne très bien.»

Si chez Euroclear, on table sur 8 à 10 milliards d’encours et sur 12 à 15 contreparties d’ici à la fin de l’année, le chemin à parcourir est encore long avant qu’€GCPlus talonne GC Pooling. L’offre allemande lancée en 2005 affichait un encours moyen de 161 milliards d’euros durant le premier semestre 2015. «Aujourd’hui, tout est en place pour une solution alternative à GC Pooling, mais ce sont de gros tankers que l’on bouge, cela ne va pas se faire en un an», reconnaît Cyril Louchtchay de Fleurian.

Le système de la Place de Paris, qui se veut européen, devrait cependant être conforté par la participation prochaine de la Banque de France. «C’est un volume d’activité régulier […], c’est aussi un gage que cet opérateur croit à notre offre», explique Pierre-Dominique Renard, directeur exécutif de la chambre de compensation LCH.Clearnet SA. La Banque de France ne fait pas de commentaire.

Bercy envisage par ailleurs de modifier «dans quelques mois» le code monétaire et financier qui empêche les acteurs autres que les banques et les entreprises d’investissement de devenir membres en direct d’une chambre de compensation. La modification doit faciliter la participation au marché du repo tripartite d'établissements supranationaux, comme la Banque européenne d’investissement (BEI), la Cades ou encore l’Agence France Trésor.

«Cela nous permet[trait] d’être à armes égales avec les autres pays européens qui n’ont pas de disposition les empêchant d’avoir ce type [de membres en direct]», explique Pierre-Dominique Renard. Celui-ci table aussi sur l’élargissement de l’accès direct de la chambre aux acteurs du buy-side grâce aux modifications réglementaires. «Autant jusqu’à tout récemment, la question ne se posait pas sur ces aspects d’accès du buy-side ou des supranationaux, autant aujourd’hui l’environnement, avec [la régulation] Emir et la compensation obligatoire des dérivés OTC d’une part, et les transformations auxquelles on assiste sur le marché du repo d’autre part, fait que c’est le bon moment pour une telle évolution.»

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