Le patriotisme économique s’invite dans les fusions de bourses

L’offre de la Bourse de Singapour sur son homologue australienne devrait être rejetée par les autorités locales au nom de l’intérêt national
Violaine Le Gall

Cinq mois après avoir déclaré son intention de se rapprocher de l’australien ASX, l’opérateur boursier de Singapour SGX est contraint de jeter l’éponge. Le gouvernement australien devrait en effet rejeter l’offre sur ASX au nom de l’intérêt national. «Le Foreign Investment Review Board a informé SGX que je nourrissais des doutes sérieux au sujet de cette offre et que j’avais l’intention d’accepter l’avis unanime du FIRB selon lequel l’opération est contraire à l’intérêt national», a expliqué Wayne Swan, le ministre des Finances australien dans un communiqué. Il a cependant indiqué que sa décision n’était pas encore définitive.

L’opérateur boursier de Singapour n’a pas tardé à réagir. «Nous continuerons à rechercher des opportunités de croissance organique et stratégique, y compris de nouvelles discussions avec ASX sur d’autres formes de coopération», a précisé SGX.

L’échec de ce rapprochement qui aurait pu donner naissance au cinquième opérateur boursier mondial intervient alors que d’autres mouvements de concentration sont en cours dans le secteur des bourses. Après le coup porté par le gouvernement australien aux ambitions de SGX, les regards se tournent logiquement vers le London Stock Exchange qui souhaite reprendre l’opérateur canadien TMX car le Canada, comme l’Australie sur ASX, doit donner son aval à cette opération. Or, les autorités du pays ont déjà, il y a quelques mois, bloqué la reprise du canadien Potash par l’australien BHP Billiton, considérant que l’opération ne présentait pas d’avantages pour le Canada. Aux Etats-Unis, le risque de voir passer Nyse Euronext sous pavillon allemand après une offre de Deutsche Börse est un des éléments qui a favorisé la contre-offre de Nasdaq OMX et ICE sur la bourse transatlantique la semaine dernière.

Faisant à nouveau cavalier seul, SGX pourrait attiser les convoitises d’autres opérateurs souhaitant participer au mouvement de consolidation mondiale, comme Hong Kong Exchanges, ou, moins vraisemblablement d’une bourse européenne. L’australien ASX se trouve en revanche isolé, les opérateurs étrangers risquant d’être refroidis par le protectionnisme australien.

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