
Le marché primaire corporate se rouvre sur les maturités de 100 ans
EDF a réussi un coup de force. Le groupe d’électricité français a levé en l’espace d’une semaine l'équivalent de 9,1 milliards d’euros de titres hybrides et senior en trois devises la semaine dernière, avec notamment deux émissions symboliques à 100 ans en sterling et dollar. De quoi lui permettre de boucler son programme annuel de financement en allongeant la maturité moyenne de sa dette de 3,4 ans par rapport à fin juin 2013, pour la porter à plus de 12 ans, tout en conservant un coupon moyen inchangé.
Dans le cadre d’une émission senior en dollars d’un montant total de 4,7 milliards réalisée en 5 tranches, EDF est devenu le premier groupe à rouvrir la maturité de 100 ans sur le marché primaire américain, gelée depuis novembre 2011, et le troisième groupe européen à émettre aux Etats-Unis sur cette maturité, selon Dealogic. L’engouement des investisseurs a permis au groupe français de lever 700 millions de dollars sur cette maturité à un coupon de 6%, soit 240 pb au-dessus du rendement d’Etat américain à 30 ans. Avec les émissions complémentaires à 3, 5, et 30 ans, le coupon moyen est ressorti à 3,27% pour une maturité moyenne de 23,7 ans.
EDF est également venu tester le marché de la dette hybride, en émettant 4 milliards d’euros supplémentaires en quatre tranches et trois devises (euro, dollar et sterling), assorties de coupons compris entre 4,25% et 5,875%. «Les émissions hybrides ont révélé une demande insatisfaite de la part des investisseurs qui souhaitaient se tourner vers des maturités de très long terme en sterling», explique Fréderic Gabizon, responsable des émissions de dettes chez HSBC.
Une fenêtre qui a permis à EDF de clôturer la semaine en apothéose avec une nouvelle émission à 100 ans en sterling réalisée vendredi. Si le groupe espérait initialement lever entre 400 et 500 millions de livres, un carnet d’ordres de 4 milliards de livres réunissant 230 investisseurs lui a permis de porter la taille finale de l’opération à 1,35 milliard de livres pour un coupon de 6%, soit 261 pb au-dessus du rendement du Gilt britannique à 30 ans.
Des conditions «exceptionnelles pour une émission à 100 ans en sterling réalisée un vendredi après plus de 10 milliards déjà levés par EDF durant la semaine», estime Fréderic Gabizon qui met en avant l’énorme montant de liquidités disponibles sur le marché et la tentation de visiter des rendements attractifs sur une signature quasi-étatique.
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