Le Japon a trouvé une parade pour enclencher une baisse durable du yen

A quelques jours des élections législatives, le yen a déjà perdu plus de 5% contre le dollar depuis le début de l’année et 13% contre le won coréen
Patrick Aussannaire

Jusqu’où ira la chute du yen ? La question agite les cambistes depuis l’annonce d’élections anticipées qui se tiendront dimanche au Japon et qui donnent vainqueur le Parti Libéral Démocrate (LDP) dont le chef de file, Shinzo Abe, promet des assouplissements monétaires illimités et une relance budgétaire d’ampleur historique pour sortir le pays de la déflation.

Le yen chutait ce matin à 83,73 contre dollar, son plus faible niveau depuis le 21 mars dernier, suite à la chute de l’indice de confiance Tankan du secteur manufacturier à -12. Il affiche une baisse de 5% depuis mi-novembre, et de 11,5% depuis ses plus hauts atteints en octobre 2011. La devise recule également contre euro à 109,50 yens, son plus haut niveau depuis avril, et s’est affaiblie de 13% contre le won coréen.

Selon les chiffres de la CFTC, le yen est devenu la devise qui recèle les positions vendeuses les plus importantes, surpassant l’euro pour la première fois depuis juillet 2007. Sur les deux semaines achevées le 4 décembre, elles se sont ainsi envolées de 75% pour atteindre 13,8 milliards de dollars, alors que celles sur l’euro chutaient de 63% pour tomber à 5,4 milliards. «Le marché traite le Japon comme il traitait avant l’Europe, c’est-à-dire comme un pays dont la qualité de crédit s’appauvrit, ce qui se traduit par un affaiblissement du yen, amplifié par les espoirs d’assouplissements de la BoJ» estime Sébastien Galy, stratégiste à la Société Générale.

Si les stratégistes anticipent une poursuite de cette tendance, ils restent divisés sur son ampleur à moyen terme. Morgan Stanley, Deutsche Bank et RBS anticipent une parité de 90 contre dollar en 2013, alors que CA CIB est plus prudent en tablant sur une dépréciation limitée à 85.

«Le yen va perdre encore du terrain mais plus graduellement» estime CA CIB qui explique qu’un tel niveau de positions vendeuses laisse peu de potentiel de baisse. Une position partagée par Citigroup qui estime que «le yen n’a jamais cassé une tendance de long terme contre dollar avec un différentiel de taux sous les 2%». Or, ils sont aujourd’hui proches de zéro.

Shinzo Abe aura donc le devoir de ne pas décevoir, alors que dès le lendemain des élections, la BoJ devrait annoncer une nouvelle rallonge de 10.000 milliards de yens à son programme de rachats d’actifs. D’autant que le LDP pourrait rafler les deux tiers des sièges, ce qui lui laisserait les mains libres, que n’a pas eues le gouvernement actuel, selon les derniers sondages.

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