
Le double impact des dégradations de notations souveraines en Europe
Les agences de notation sont de nouveau décriées. Au lendemain de la dégradation de la Grèce de deux crans par S&P, Bruxelles a fait savoir hier qu’elle ne partageait pas l’évaluation de l’agence. Et tandis que Fitch menace de baisser la note du Portugal en l’absence de recours à une aide externe, les annonces des agences pourraient favoriser l’instabilité financière, selon un document de travail du Fonds monétaire international (FMI).
D’après le rapport, S&P, Moody’s et Fitch ont fait 71 annonces de notations, en Europe, entre octobre 2006 et avril 2010, dont 29 baisses, 25 révisions de perspectives, et 16 annonces combinées. S&P en a publié 32, contre 29 pour Moody’s et 10 pour Fitch. Le FMI a constaté très peu d’annonces avant juillet 2008. Le pic des décisions négatives a été atteint en janvier 2009. Cela «suggère que les agences n’ont pas anticipé les faiblesses macroéconomiques des économies européennes conséquentes à la crise financière», note le fonds, qui précise que la Grèce, suivie de l’Irlande, a été le pays le plus dégradé.
Au vu de l’interdépendance des marchés et de l’existence de canaux de transmission (détention de dette souveraine étrangère par les banques domestiques), les dégradations impacteraient les marchés financiers dans le pays visé, ainsi que ceux dans d’autres pays de la zone euro. D’après le FMI, cela serait particulièrement le cas pour les économies relativement importantes comme la Grèce et dont les notes sont proches de la catégorie spéculative. Donnant l’exemple du déclassement de la Grèce de «A-» à «BBB+» par Fitch le 8 décembre 2009, le FMI a estimé l’effet individuel de cette dégradation spécifique à une hausse de 17 pb des spreads des CDS grecs mais aussi de 5 pb des spreads des CDS de l’Irlande.
Le FMI fait aussi le constat que les «dégradations» d’un pays peuvent avoir des effets positifs pour d’autres pays via le processus de «fuite vers la qualité» et les «révisions de perspective», des effets négatifs pour d’autres pays par crainte de «contagion».
Les marchés réagiraient aux décisions de manière sélective. Selon le FMI, vu l’antériorité de S&P et de Moody’s par rapport à Fitch, l’impact des annonces de cette dernière est confiné aux spreads des CDS souverains, alors que les décisions des deux premières affectent d’autres marchés financiers. Dans le contexte actuel, la stratégie de communication des agences joue un rôle critique.
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