Le Conseil de stabilité financière s’inquiète du levier excessif des hedge funds

L’organisme chargé de garantir la stabilité du système financier mondial dévoile ses recommandations pour combattre les vulnérabilités liées à l’accumulation de levier démesuré chez les entités non bancaires.
LBO levier leverage Private Equity non-coté
Vague de gros LBO  -  AdobeStock

Le Conseil de stabilité financière (Financial Stability Board ou FSB) s’alarme de l’accumulation de l’effet de levier excessif au sein d’entités non bancaires, en particulier les hedge funds, dans un rapport publié le 6 septembre. L’institution née après la crise de 2008 pour maintenir la stabilité du système financier souligne que plus de 90% du levier inscrit au bilan se concentre chez les intermédiaires financiers tels que les brokers-dealers, les hedge funds, les entreprises financières, les holdings et les véhicules de titrisation.

Le FSB rappelle que l’augmentation non maîtrisée du levier peut entraîner des perturbations dans le système financier en cas de chocs, comme cela a été observé lors de la crise de 2008, la volatilité des marchés en 2020 due à la pandémie de Covid-19, le désastre d’Archegos en 2021, et la dislocation du marché des emprunts d’Etat britanniques en 2022.

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Le Conseil a également noté une augmentation «significative» des expositions hors bilan telles que les swaps de change et les contrats à terme. «Bien que l’évaluation du levier synthétique non bancaire à partir des informations publiques soit complexe, les indicateurs agrégés laissent supposer que cet effet pourrait être supérieur à sa moyenne historique», indique le FSB dans son rapport.

Les hedge funds affichent en général un effet de levier synthétique élevé, principalement par le biais de leurs positions sur des produits dérivés, selon le document. Au sein de cette classe d’actifs, les hedge funds adoptant des stratégies macroéconomiques et relative value présentent des niveaux de levier synthétique particulièrement élevés. Le FSB signale aussi qu’une poignée de prime brokers dominent le marché des prêts aux hedge funds, ce qui pourrait amplifier davantage les chocs au système financier.

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Manque de transparence

L’effet de levier caché, c’est-à-dire le manque de données concernant l’existence ou l’ampleur du levier, est un enjeu pour le Conseil. «La disponibilité limitée des données, les problèmes liés à l’agrégation des données existantes et les difficultés à estimer des mesures significatives de l’effet de levier peuvent entrainer une mauvaise estimation de l’effet de levier global au sein des acteurs non bancaires du secteur financier, et notamment l’incapacité à identifier des positions importantes et concentrées», explique le FSB dans son rapport.

Le constat n’est pas nouveau. Le Conseil n’en a pas moins dévoilé un plan d’action contre l’accumulation de l’effet de levier. L’entité souhaite tout d’abord combler les lacunes les plus importantes en matière de données. Cela comprend l’utilisation des données des référentiels centraux, le renforcement des exigences de déclaration pour les établissements non bancaires à fort effet de levier et l’élargissement des exigences en matière de divulgation. Ensuite, le FSB souhaite maîtriser les comportements d’endettement excessif, en poursuivant ses travaux sur les décotes et les marges appliquées aux produits dérivés et aux opérations de financement de titres. Enfin, il envisage des mesures visant à renforcer la gestion des risques des principaux courtiers et à améliorer la préparation des investisseurs non bancaires en matière de liquidité.

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