
Le Brésil durcit ses mesures pour enrayer la chute du real

Le Brésil paye cher sa politique de croissance forcée. Exit les mesures d’affaiblissement du real, de relance fiscale et monétaire. Avec le retour de l’inflation à un niveau de 6,5% correspondant à la limite de la fourchette cible de la banque centrale, les autorités brésiliennes ont fait volte-face sur leur stratégie en se lançant dans un cycle de resserrement monétaire, en intervenant sur le marché des changes et en levant les restrictions sur les entrées de capitaux étrangers pour redonner des couleurs au real.
C’est dans cette logique que la taxe de 1% imposée depuis juillet 2011 sur les prises de positions à la vente sur la parité dollar/real a été supprimée. «Avec le renforcement du dollar, il n’est plus utile de conserver cet obstacle. La levée de cette mesure permettra d’augmenter l’offre en dollars sur les marchés à terme» a expliqué le ministre des finances, Guido Mantega. Une annonce qui coïncide avec la chute du real à 2,1564, son plus bas niveau depuis mai 2009 contre le billet vert. Le real a cédé 11% sur les trois derniers mois, et 40% depuis son point haut de juillet 2011.
«Cette mesure a créé toutes sortes de distorsions sur les marchés, générant de lourdes pertes de portefeuille, réduisant la liquidité et stoppant net les entrées de capitaux», estime Tony Volpon, économiste chez Nomura. Le gouvernement avait déjà supprimé la semaine dernière la taxe de 6% frappant les achats d’obligations brésiliennes par les investisseurs étrangers, et la banque centrale est intervenue sur le marché des changes cette semaine en cédant pour 2 milliards de dollars.
Une mesure qui devrait cependant avoir un impact limité sur la tendance de fond à la dépréciation du real. «Nous évoluons dans une période différente en termes de liquidité globale, ce n’est donc pas une seule mesure qui permettra de renverser la tendance», estime ainsi Tony Volpon. Et Barclays d’ajouter que «les conditions globales négatives et les inquiétudes sur la politique budgétaire brésilienne devraient dominer les transactions, malgré l’attractivité des rendements».
Face à ces inquiétudes, la présidente Dilma Rousseff a soufflé le chaud et le froid en matière budgétaire en annonçant simultanément une enveloppe fiscale de 18,7 milliards de reals (6,5 milliards d’euros) destinée à financer l’achat de fournitures d’aménagements immobiliers pour les faibles revenus, mais aussi des coupes budgétaires visant à dégager un excédent primaire de 2,3% du PIB.
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