La crise géopolitique frappe aux portes de l’Arabie saoudite

Le déploiement de forces sécuritaires par le Conseil de coopération des Etats arabes du Golfe à Bahreïn a été vivement critiqué hier par Téhéran
Tan Le Quang

Le risque nucléaire au Japon a éclipsé la crise en Afrique du Nord et au Moyen-Orient (MENA). L’impact incertain de cette catastrophe sur l’économie mondiale et le violent processus de fuite vers la qualité ont nourri hier la correction des prix énergétiques. Le WTI à New York a perdu 3,6 dollars à 98,61 dollars hier, portant sa chute depuis son plus haut de 105,44 dollars du 7 mars dernier à 6,4%. Le cours du Brent à Londres, lui, a reculé de 3,6 dollars à 110 dollars, soit un reflux de 5,4% par rapport aux 116,35 touchés le 2 mars.

Pour autant, la situation au Moyen-Orient ne s’est pas améliorée, bien au contraire. Les pays du G8 n’ont pas trouvé d’accord pour une possible zone de non-vol au-dessus de la Libye après le recul des forces rebelles face aux forces de Kadhafi. Surtout, le risque que l’Arabie saoudite soit à son tour contaminée par la crise géopolitique s’est nettement accru. Le Conseil de Coopération du Golfe (Arabie saoudite, Oman, Koweit, Bahreïn, Emirats arabes unis, Qatar) a envoyé ses troupes pour garantir la sécurité d’installations vitales à Bahreïn qui s’est déclaré en état d’urgence, les conflits entre protestataires issus en grande partie de la communauté chiite (70% de la population de Bahreïn) et les forces bahreïnies s’y étant durcis. Les CDS du Royaume se sont creusés de 40 pb à 347 pb, et Fitch a dégradé le Bahreïn de deux crans à BBB.

Mais l’Iran a vivement critiqué ce déploiement militaire. En retour, le secrétaire d’Etat aux affaires étrangères du Conseil, Hamad Al Amer, a rejeté l’attitude de Téhéran, la considérant comme une intervention dans ses affaires domestiques et une menace à la sécurité et la paix dans la région et au niveau international. Tandis qu’un soldat saoudien pourrait avoir été tué, le ministère de la Défense d’Arabie saoudite a dû déclarer que les forces saoudiennes envoyées à Bahreïn n’étaient pas en mission de combat.

Pour Société Générale, la principale menace serait que les troubles s’étendent à l’Arabie saoudite. «Un scénario extrême dans lequel la production de pétrole du pays serait à risque et porterait la prime de risque géopolitique [dans la zone MENA, ndlr] à 100 dollars le baril et les prix pétroliers à environ 200 dollars», précise la banque française. Premier producteur d’or noir de l’Opep, l’Arabie saoudite a une capacité de production de 8,3 millions de barils par jour.

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