
La Chine fait le choix douloureux des réformes structurelles de long terme
La Chine est-elle en crise ? L’indice PMI préliminaire du secteur manufacturier publié par HSBC s’est enfoncé sous le seuil de contraction de l’activité au mois de juin à 48,3 points, après 49,2 en mai. Plus inquiétant: la chute du sous-indice des nouvelles commandes à l’export de 49,3 en mai à seulement 44 en juin, signale des perspectives moroses pour la demande extérieure. «Le secteur manufacturier a été pénalisé par une détérioration de la demande extérieure, un ralentissement de la demande intérieure et des pressions croissantes sur les stocks», indique Qu Hongbin, chef économiste chez HSBC.
Dans ce contexte, les autorités ont maintenu durant les dernières semaines leur volonté de privilégier les réformes de long terme plutôt que les mesures de relance de court terme pour soutenir la croissance économique. «Si les réformes peuvent soutenir la croissance de long terme, elles ont un impact limité à court terme. Nous anticipons donc un léger ralentissement de la croissance au deuxième trimestre», estime Qu Hongbin. Cependant, Louis Kuijs, économiste chez RBS, estime que tant que la croissance se maintient au-dessus du seuil des 7% et que le marché du travail reste bien orienté, les autorités ne devraient pas changer le cap de leur politique.
«L’orientation de la politique de la PBOC (Banque Populaire de Chine) face à la situation de tension sur la liquidité du marché interbancaire est en ligne avec ce paradigme», ajoute Louis Kuijs. Pourtant, la situation a atteint son paroxysme. Le taux à 7 jours s’est envolé cette nuit au-dessus des 12%, un plus haut depuis 2006. «Le gouvernement laisse se développer un credit crunch à court terme afin de mettre la pression sur les banques pour qu’elles procèdent à un nettoyage de leur bilan», estime Ben Kwong, directeur chez KGI Asia. Pékin reste très prudent sur une croissance trop rapide du crédit, de la dette des collectivités locales et des prix immobiliers, conséquences des 4.000 milliards de yuans injectés dans l’économie en 2008.
Le Conseil d’Etat a douché hier tout espoir que la PBOC ait recours à une baisse des taux directeurs ou du ratio des réserves obligatoires. Il a de surcroît réaffirmer la volonté des autorités que le crédit soutienne les secteurs stratégiques de l'économie réelle et que les investissements vers les industries souffrant de surcapacités soient strictement contrôlés. D’ailleurs, la PBOC s’est contentée hier d’adjuger 40 milliards de yuans à 6 mois, mais a une nouvelle fois passé son tour hier sur ses opérations d’open market. Le risque systémique semble cependant limité avec un ratio de prêts sur dépôts modéré à 70%, contre 72% aux Etats-Unis, et 111% en zone euro. Les petites banques chinoises restant les plus exposées.
Plus d'articles du même thème
-
«L’or demeure l’une de nos convictions fortes»
Nicolas Laroche, Global Head of Advisory & Asset Allocation, UBP -
La ponction douanière rapporte gros au Trésor américain
Au rythme actuel, les droits de douane pourraient dépasser les 300 milliards de dollars cette année. Mais une telle hypothèse, qui exclut certains effets de bord, impliquerait une répartition coûteuse de ces «taxes» entre les agents économiques, au premier chef les ménages et les entreprises américains. -
«Le potentiel des entreprises de taille moyenne devrait se libérer»
François Dossou, directeur de la gestion actions chez Sienna IM -
«Nous avons adopté un biais légèrement défensif pour des questions de valorisation»
Olivier Becker, responsable gestion crédit chez Amiral Gestion -
Skydance poursuit son pas de deux
Paramount Skydance s’apprête à faire une offre sur Warner Bros Discovery. Un autre révélateur de l'intensification de la concurrence dans l'audiovisuel, alors que les acteurs traditionnels se musclent pour s’imposer dans la bataille du streaming vidéo. L'initiative fait suite à l’acquisition très politique des studios Paramount par Skydance, avec de nouveaux acteurs dans l’univers du divertissement, la famille Ellison, proche de Donald Trump. -
«Le ralentissement américain n’exclut pas un risque inflationniste qui pourrait renforcer le portage du dollar»
Thierry Million, directeur de la gestion obligataire institutionnelle chez Allianz GI
Sujets d'actualité
ETF à la Une

Kraken étend son offre de trading actions et ETF à l'Union européenne
- Le rachat de Mediobanca menace la fusion des gestions de Generali et BPCE
- BNP Paribas AM se dote d’une gamme complète d’ETF actifs
- En deux ans, les ETF «datés» ont réussi à se faire une place en Europe
- Comgest renouvelle son équipe de gestion actions européennes
- L’Union européenne cherche la clé d’une épargne retraite commune
Contenu de nos partenaires
-
EXCLUSIF Budget 2026
Hausse des impôts : après le coup de pression sur Sébastien Lecornu, Patrick Martin temporise
Il a agité la menace d'une « grande mobilisation patronale », mais depuis, le président du Medef a échangé avec le nouveau Premier ministre et prévoit de rencontrer prochainement le Parti socialiste -
Solidarnoc
A Doha, les alliés des Etats-Unis en quête de réassurance
Ce lundi, les dirigeants des pays musulmans se réunissent au Qatar en signe de solidarité après les frappes israéliennes. Ils attendent des garanties sécuritaires -
Choix publics
Pourquoi l’Etat devrait plus encore aider les entreprises – par Erwan Le Noan
Voyez-les venir, les hérauts de la taxe qui, avides de prélèvements, recherchent compulsivement chaque petit centime qui pourrait assouvir l’appétit pantagruélique du Léviathan !