La Chine fait le choix douloureux des réformes structurelles de long terme

Les autorités n’envisagent aucune mesure de relance face au ralentissement de l'économie et à la crise de liquidités sur le marché interbancaire
Patrick Aussannaire

La Chine est-elle en crise ? L’indice PMI préliminaire du secteur manufacturier publié par HSBC s’est enfoncé sous le seuil de contraction de l’activité au mois de juin à 48,3 points, après 49,2 en mai. Plus inquiétant: la chute du sous-indice des nouvelles commandes à l’export de 49,3 en mai à seulement 44 en juin, signale des perspectives moroses pour la demande extérieure. «Le secteur manufacturier a été pénalisé par une détérioration de la demande extérieure, un ralentissement de la demande intérieure et des pressions croissantes sur les stocks», indique Qu Hongbin, chef économiste chez HSBC.

Dans ce contexte, les autorités ont maintenu durant les dernières semaines leur volonté de privilégier les réformes de long terme plutôt que les mesures de relance de court terme pour soutenir la croissance économique. «Si les réformes peuvent soutenir la croissance de long terme, elles ont un impact limité à court terme. Nous anticipons donc un léger ralentissement de la croissance au deuxième trimestre», estime Qu Hongbin. Cependant, Louis Kuijs, économiste chez RBS, estime que tant que la croissance se maintient au-dessus du seuil des 7% et que le marché du travail reste bien orienté, les autorités ne devraient pas changer le cap de leur politique.

«L’orientation de la politique de la PBOC (Banque Populaire de Chine) face à la situation de tension sur la liquidité du marché interbancaire est en ligne avec ce paradigme», ajoute Louis Kuijs. Pourtant, la situation a atteint son paroxysme. Le taux à 7 jours s’est envolé cette nuit au-dessus des 12%, un plus haut depuis 2006. «Le gouvernement laisse se développer un credit crunch à court terme afin de mettre la pression sur les banques pour qu’elles procèdent à un nettoyage de leur bilan», estime Ben Kwong, directeur chez KGI Asia. Pékin reste très prudent sur une croissance trop rapide du crédit, de la dette des collectivités locales et des prix immobiliers, conséquences des 4.000 milliards de yuans injectés dans l’économie en 2008.

Le Conseil d’Etat a douché hier tout espoir que la PBOC ait recours à une baisse des taux directeurs ou du ratio des réserves obligatoires. Il a de surcroît réaffirmer la volonté des autorités que le crédit soutienne les secteurs stratégiques de l'économie réelle et que les investissements vers les industries souffrant de surcapacités soient strictement contrôlés. D’ailleurs, la PBOC s’est contentée hier d’adjuger 40 milliards de yuans à 6 mois, mais a une nouvelle fois passé son tour hier sur ses opérations d’open market. Le risque systémique semble cependant limité avec un ratio de prêts sur dépôts modéré à 70%, contre 72% aux Etats-Unis, et 111% en zone euro. Les petites banques chinoises restant les plus exposées.

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