La Chine est confrontée à une crise de son marché interbancaire

La hausse des taux interbancaires à 6,88% a affecté l’adjudication du Trésor chinois qui n’a levé vendredi que 63% de son objectif initial
Patrick Aussannaire

Le marché interbancaire chinois est sous tension. Le taux de refinancement à 7 jours a plus que doublé le mois dernier et s’est encore envolé de 49 points de base (bp) vendredi pour atteindre 6,88%. A titre indicatif, les opérateurs de marché estiment qu’un taux inférieur à 4% reflète une liquidité adéquate dans le système financier du pays. Le taux des obligations à un an a quant à lui progressé de 10 pb, à 3,27%.

Pour faire face à cette crise, la Banque Populaire de Chine (PBOC) a suspendu depuis une semaine ses opérations d’«open market» et a ainsi injecté quelque 92 milliards de yuans (11 milliards d’euros) dans le système financier. Une intervention néanmoins inférieure aux 160 milliards de yuans injectés la semaine dernière, qui n’a pas permis de calmer les tensions sur le marché. «La crise de liquidités pèse sur la demande d’obligations. La crise devrait persister tant que la banque centrale n’injectera pas davantage de capitaux dans le système bancaire», estime Chen Ying, analyste obligataire chez Sealand Securities à Shenzhen.

«Si cela devait durer, cela pourrait affecter les émissions d’obligations d’entreprise et souveraines», ajoute Chen Ying. Pour la première fois depuis 23 mois, le ministère des Finances n’est pas parvenu à placer l’intégralité des obligations d’Etat offertes lors de la dernière adjudication. Pékin a ainsi placé vendredi pour 9,53 milliards de yuans de titres à 273 jours, contre un objectif initial de 15 milliards de yuans. Le rendement moyen consenti est de 3,76%, contre un taux de 3,14% pour les obligations de même maturité. Agricultural Development Bank of China, responsable des financements de projets de croissance du gouvernement, n’a réussi à lever la semaine dernière qu’à peine plus de la moitié de son objectif de 20 milliards lors de son émission d’obligations à six mois.

«Avec le resserrement de la fenêtre de crédits de la PBOC, les banques chinoises sont fortement dépendantes de ces injections pour leurs besoins de roulement de leurs prêts», explique Anne Stevenson-Yang de J Capital. La semaine dernière, China Everbright Bank a fait défaut sur le remboursement d’une ligne de 6 milliards de yuans à Industrial Bank, ce qui a entraîné un effet domino qui a contraint les créanciers lésés à se ruer sur le marché interbancaire, faisant ainsi flamber les taux à plus de 10% le 6 juin.

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