
La BCE touche les limites de sa politique de taux négatifs
La Banque centrale européenne commence à s’inquiéter des effets de sa politique monétaire sur le secteur bancaire. En annonçant le 7 mars qu’elle laisserait son taux de dépôt inchangé au moins jusqu’en 2020, à -0,40%, la BCE a éloigné la perspective d’un redressement des marges d’intérêt des banques. Il a suffi que son président Mario Draghi évoque mercredi de possibles mesures afin de corriger les effets secondaires des taux négatifs, pour que l’indice boursier Euro Stoxx des banques de la zone euro rebondisse de près de 4% en séance.
Du fait des taux négatifs, les établissements de crédit versent en effet à la BCE des intérêts sur leurs réserves excédentaires. Ces liquidités dépassaient 1.200 milliards d’euros lors du dernier pointage, le 21 mars, ce qui correspond à une ponction annuelle de 5 milliards d’euros sur le secteur bancaire. L’institution de Francfort plancherait donc sur un système à deux ou trois vitesses qui permettrait de limiter ce prélèvement au-delà d’un certain de niveau de réserves. La BCE pourrait aussi adapter en conséquence les conditions de ses futures injections de liquidité à long terme, les TLTRO 3, une autre mesure annoncée le 7 mars.
Des réflexions de cet ordre avaient déjà été menés il y a quelques années. La BCE n’avait alors pas jugé bon d’y donner suite. Il faut dire que le discours officiel vis-à-vis des banques n’avait jusqu’à présent jamais varié : le secteur avait globalement bénéficié de la politique monétaire ultra-accommodante de la BCE, et sa faible rentabilité trouvait sa cause dans des raisons structurelles. Mais les temps changent. Un système de réserves excédentaires à plusieurs vitesses permettrait par exemple à la banque centrale de retrouver des marges de manœuvre pour une baisse des taux en cas de récession, sans torpiller la profitabilité des établissements de crédit. Les membres de l’institution ont aussi pu observer que les actions des banques ont accusé le coup après le changement d’orientation monétaire du 7 mars, alors qu’elles avaient réagi positivement par le passé à chaque fois que la BCE annonçait un train de mesures accommodantes. L’aplatissement de la courbe des taux nourrit également les inquiétudes sur la rentabilité du secteur, et donc sur sa capacité à transmettre la politique monétaire à l’économie réelle. La zone euro n’est d’ailleurs pas la seule dans ce cas. Aux Etats-Unis, la récente inversion de la courbe des taux a fait dévisser les valeurs bancaires.
Plus d'articles du même thème
-
Les agences de crédit affichent leur optimisme pour la Péninsule ibérique
S&P Global a relevé vendredi d’un cran à «A+» la note de l’Espagne, tandis que Fitch a aussi rehaussé d’un cran à «A» celle du Portugal, avec une perspective stable dans les deux cas. -
Boeing échoue encore à faire cesser la grève dans son pôle défense
Le conflit, qui touche trois usines américaines, va se poursuivre après le rejet vendredi de la dernière proposition de convention collective présentée par l’avionneur. -
«L’or demeure l’une de nos convictions fortes»
Nicolas Laroche, Global Head of Advisory & Asset Allocation, UBP -
La ponction douanière rapporte gros au Trésor américain
Au rythme actuel, les droits de douane pourraient dépasser les 300 milliards de dollars cette année. Mais une telle hypothèse, qui exclut certains effets de bord, impliquerait une répartition coûteuse de ces «taxes» entre les agents économiques, au premier chef les ménages et les entreprises américains. -
«Le potentiel des entreprises de taille moyenne devrait se libérer»
François Dossou, directeur de la gestion actions chez Sienna IM -
«Nous avons adopté un biais légèrement défensif pour des questions de valorisation»
Olivier Becker, responsable gestion crédit chez Amiral Gestion
Sujets d'actualité
ETF à la Une

Kraken étend son offre de trading actions et ETF à l'Union européenne
- Le rachat de Mediobanca menace la fusion des gestions de Generali et BPCE
- BNP Paribas AM se dote d’une gamme complète d’ETF actifs
- En deux ans, les ETF «datés» ont réussi à se faire une place en Europe
- Comgest renouvelle son équipe de gestion actions européennes
- L’Union européenne cherche la clé d’une épargne retraite commune
Contenu de nos partenaires
-
C'est non !
L’appel de la tech française contre la taxe Zucman
Start-uppers et investisseurs affirment que la taxe sur les patrimoines de plus de 100 millions d'euros est non seulement « contre-productive » mais aussi « inopérante ». Et détourne de l'essentiel : le risque de décrochage -
Editorial
L'imposture des hausses d'impôts comme compromis budgétaire
Le compromis, pardon : cette compromission fiscale sur le dos des entreprises est une impasse -
Tribune libre
Appel des entrepreneurs de la tech contre la taxe Zucman : « Ne cassons pas l’élan entrepreneurial français ! »
« Pour nous, entrepreneurs et investisseurs français, la proposition de Zucman est non seulement inopérante, mais elle nous détourne du principal enjeu de notre pays : le risque d’un décrochage économique et technologique par rapport au reste du monde, dans un contexte international de plus en plus dangereux et fragmenté »