La BCE s’inquiète de la liquidité des marchés

Pour l’institution, le manque de liquidité lié au désengagement des teneurs de marché risque d’aggraver les périodes de tension financière.
Solenn Poullennec

La Banque centrale européenne (BCE) s’inquiète des risques liés au manque de liquidité sur les marchés, notamment obligataires. «Les développements récents soulèvent des questions générales sur la liquidité des marchés, qui même si elle est abondante dans l’ensemble, peut avoir tendance à être insuffisante sur certains segments de marchés cruciaux pendant des périodes de tension», souligne l’institution dans sa revue de stabilité financière publiée hier. Et de noter plus loin que le potentiel manque de liquidité sur les marchés secondaires représente une «source de risque systémique».

Les dernières semaines ont été le témoin d’importants mouvements «intraday» sur les marchés des titres d’Etat européens et d’une forte correction d’ensemble. Ainsi, entre la mi-avril et la mi-mai, le rendement des titres allemands à 10 ans est passé de 0,10% à 0,72%. Plusieurs facteurs peuvent expliquer ce mouvement mais beaucoup d’analystes estiment qu’il a été amplifié par la liquidité relativement faible sur le marché secondaire et sur les contrats futures. La BCE reconnaît que plusieurs indicateurs «semblent montrer que la liquidité sur le marché secondaire est faible comparée à ce qu’elle était avant la crise». Par exemple, les taux de rotation n’ont cessé de diminuer sur la plupart des marchés.

La BCE rappelle que «la liquidité sur le marché souverain, et plus généralement sur le marché des obligations d’entreprise, dépend de la capacité et de la volonté des teneurs de marché à répondre à des déséquilibres temporaires». Or, «de façon inquiétante», une enquête récente de l’institution démontre que les banques sont moins confiantes dans leur capacité à être teneur de marché dans les périodes de tensions. Les professionnels expliquent le déclin du market making par les multiples régulations imposées aux banques.

«Il est malheureusement probable qu’on ne soit pas encore au bout de la réduction de l’intervention des market-makers traditionnels parce que le régulateur prudentiel en a encore sous le pied», prévient Stéphane Giordano, président de l’Association française des marchés financiers. Il s’inquiète du manque de réaction des régulateurs et souligne que des acteurs du shadow banking, moins régulés, pourraient se lancer dans la tenue de marché. «Est-ce que c’est forcément ce qu’on veut ? Probablement pas».

La montée en puissance du shadow banking fait d’ailleurs partie des principaux risques pointés du doigt par la BCE dans son rapport.

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