
La BCE dispose de marges de manœuvre pour enrayer la hausse de l’euro
La résistance de l’euro agite les débats. Dans une note présentée hier, le Conseil d’analyse économique (CAE) estime que la monnaie unique est actuellement à un niveau supérieur d’environ 10% à sa moyenne de long terme. Or, un retour sur ce niveau entraînerait une hausse des exportations françaises vers les pays hors zone euro de 7 à 8%, et une hausse limitée des importations de 3,5%, selon le CAE. De quoi ajouter 0,6 point sur un an et un point sur deux ans au PIB.
L’euro, en hausse de 6% contre dollar et de 13% contre yen depuis juillet 2013, est pénalisé par la violence des politiques monétaires expansionnistes menées aux Etats-Unis, et au Japon notamment. «En fait de guerre des monnaies, nous assistons à un choc de politique monétaire», indiquent les experts du CAE. «Même si, à la fin de 2014, la Fed arrête d’acheter des actifs, la politique monétaire restera plus expansionniste aux Etats-Unis que dans la zone euro avec un niveau beaucoup plus élevé de la liquidité», ajoute Natixis.
Ce qui laisse des marges de manœuvre à la BCE. Si son président, Mario Draghi, a de nombreuses fois rappelé que le taux de change n’est pas un objectif de politique monétaire, le CAE estime cette dernière comme «trop restrictive» en zone euro. Une opinion partagée par Barclays qui explique qu’une règle de Taylor suggère que les taux de refinancement devraient être passés en territoires négatifs. «L’écart entre l’Eonia et le taux de Taylor s’est écarté de manière significative, ce qui suggère que la politique monétaire est trop resserrée», explique la banque.
Dans ce contexte, le CAE exhorte la BCE à mener une intervention directe sur les crédits titrisés des PME, ou à reconduire une nouvelle opération de refinancement à horizon 5 ans avec des garanties de taux d’intérêt à 3 ans. L’organe se prononce également en faveur d’un renforcement de la «forward guidance» visant à assurer le maintien de taux directeurs bas tant que l’inflation ne sera pas revenue vers sa cible de 2%.
D’autant que l’appréciation de l’euro alimente les pressions déflationnistes, et la hausse des taux d’intérêt réels à long terme. Elle accroît également la divergence entre les économies de la zone qui en bénéficient (Allemagne, Belgique, Irlande) grâce à une faible élasticité-prix des exportations et un poids important des importations hors zone euro, et les autres (France, Espagne, Italie, Portugal), ajoute Natixis.
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