
La Banque de France pointe les insuffisances des fonds monétaires

Les financements bancaires ne sont pas les seuls à supporter des risques. Dans son rapport sur les risques du système financier français publié hier, la Banque de France est revenue sur les difficultés auxquelles le marché des fonds monétaires a été confronté pendant la crise sanitaire. Dans son rapport, l’institution dévoile que les perturbations sur les financements non bancaires ont conduit les instances européennes et internationales à engager des travaux afin d’analyser leurs vulnérabilités. Ces travaux pourraient conduire à un ajustement de la réglementation encadrant le financement non bancaire, et les fonds monétaires en particulier.
Au mois de mars 2020, les investisseurs ont opéré de violentes réallocations vers les actifs non risqués. Mais, de manière contre-intuitive, certaines classes d’actifs considérées comme telles ont aussi connu des tensions. C’est notamment le cas des fonds monétaires, plus particulièrement français, qui ont subi de forts mouvements de décollecte.
La Banque de France explique ce phénomène de plusieurs manières. Les entreprises ont vendu ces fonds afin de récupérer des liquidités, par anticipation ou par précaution. Ensuite, les fonds français sont en grande majorité libellés en euros, à valeur liquidative variable et sont principalement constitués de titres de créances négociables à court terme (Negotiable European Commercial Paper – Neu CP) émis par des banques ou des sociétés non financières. Même si l’échéance de ces titres reste très courte, ceux-ci ont tout de même subi une baisse de leur valorisation et ont dû faire face à des conditions de liquidité de marché très dégradées. Les investisseurs, par crainte de problèmes de liquidité, ou désireux de maintenir un niveau de rendement acceptable, sont donc sortis des fonds qui en détenaient.
Intervention des banques centrales
Face à ces problèmes rencontrés par les fonds monétaires, et le renchérissement du financement des entreprises par le biais des Neu CP, l’Eurosystème a voulu agir en rendant notamment les Neu CP éligibles au programme PEPP (Pandemic Emergency Purchase Programme, le programme de rachats d’urgence de la BCE). A fin septembre, l’Eurosystème détenait pour 32 milliards d’euros de titres de créance négociables (commercial paper), dont 25 milliards ont été investis en NEU CP de sociétés non financières françaises. Les banques centrales détenaient donc à cette date 36% du marché français des titres de créances négociables à court terme émis par des sociétés non financières, qui se monte à 70 milliards d’euros.
Certes, ces actions ont contribué à normaliser le marché. Cependant «malgré la reprise des investissements sur les fonds monétaires intervenue depuis lors, les ratios de liquidité des fonds restent plus élevés qu’avant la crise ; si la liquidité est revenue sur les marchés des Neu CP, des craintes existent quant à sa disparition soudaine si les tensions sur d’autres marchés devaient émerger», relève la Banque de France.
Quoi qu’il en soit, l’obligation, pour les banques centrales, d’intervenir sur ces produits a soulevé plusieurs questions, aussi bien sur l’organisation du marché des Neu CP que sur les règles prudentielles qui régissent les fonds monétaires. Cela a montré que les règles actuellement en vigueur n’étaient pas adaptées et n’ont pas empêché les tensions. «Un encadrement des activités des fonds monétaires enrichi d’une approche systémique, c’est-à-dire macroprudentielle, serait de nature à renforcer la stabilité du secteur, notamment au titre de son rôle économique dans le financement de l’économie réelle», note la Banque de France. Aucun calendrier n’est actuellement fixé, mais la réflexion est ouverte.
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