La banque centrale indienne est prête à révolutionner sa politique monétaire

Un rapport publié par la RBI préconise l’adoption d’un taux d’inflation cible de 4%. Un objectif qui nécessiterait un fort resserrement monétaire
Patrick Aussannaire

La RBI se met au diapason des grandes banques centrales internationales. Dans un rapport publié mardi, un comité dirigé par le gouverneur adjoint de la banque centrale indienne, Urjit Patel, recommande d’adopter un objectif explicite d’inflation de 4% à horizon deux ans. Compte tenu du niveau élevé de l’inflation, le comité préconise un objectif de 8% sur les douze prochains mois, et de 6% à 24 mois, avant l’adoption officielle, début 2016, de la cible de 4%.

La RBI bénéficiera cependant d’une bande de fluctuation tolérée autour de la cible de plus ou moins 2% destinée à tenir compte d’éventuels chocs externes sur les prix alimentaires et énergétiques, qui ont un poids important dans la variation de l’inflation en Inde.

Le panel, qui cite un «durcissement des anticipations d’inflation, des contraintes d’offre et une faible performance de production», appelle à abandonner l’indice de référence des prix de gros (WPI), au profit de l’indice global (CPI). Le rythme annuel de hausse de l’indice CPI s’est accéléré à 9,87% en décembre malgré une stabilisation de la roupie autour de 62 contre dollar depuis la nomination de Raghuram Rajan à la tête de la RBI en septembre. Celui de l’indice WPI a reflué à 6,16%. «La fixation d’un taux cible permettra de mieux contrôler les anticipations d’inflation», estime SG CIB.

«Cette transition devra être clairement annoncée au public», ajoute le rapport qui cherche à se doter d’une «forward guidance». Dans cette optique, un comité de politique monétaire formel sous la direction du gouverneur sera installé avec des réunions tous les deux mois, suivies de la publication de leur compte-rendu, les «minutes». Le comité se prononce également en faveur de la publication d’un rapport semestriel sur l’inflation permettant de clarifier ses prévisions qui détermineront la politique à mener pour atteindre son nouvel objectif.

Compte tenu du caractère agressif de cet objectif, Goldman Sachs estime qu’un premier resserrement des taux directeurs de 25 pb sera nécessaire dès la prochaine réunion de la RBI qui se tient le 28 janvier, après le statu quo observé le mois dernier. Les taux à 10 ans ont progressé de 8 pb à 8,63% hier après la publication du rapport, et sont en hausse de 140 pb depuis juin dernier. La RBI bénéficie de marges de manœuvre puisque le FMI table sur un retour de la croissance à 5,4% cette année et 6,4% en 2015, après 4,4% en 2013 et 3,2% en 2012.

Un évènement L’AGEFI

Plus d'articles du même thème

ETF à la Une

Contenu de nos partenaires

A lire sur ...