Les aidants patrimoniaux en quête de soutien

Plus de 2 millions de Français gèrent les finances d’une personne majeure dépendante. Ils dénoncent un manque de temps, d’accompagnement et de conseils face à cette lourde responsabilité.
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«En France, près de 800 000 personnes majeures sont placées sous mesure de protection juridique, car elles ne sont plus en mesure de défendre leurs intérêts – notamment financiers - pour cause de handicap, accident, maladie ou vieillesse». C’est par ce rappel que débute le deuxième Observatoire du patrimoine des personnes vulnérables d’Apicil.

Les aidants patrimoniaux démunis

Ils seraient environ 2 millions de Français, soit 4 % de la population, à s’occuper des finances d’une personne majeure dépendante dans leur entourage. Leur profil type: un homme cadre de 50 à 64 ans, habitant d’une grande agglomération, dont le lien avec la personne aidée est d’ordre familial.

Tous les aidants ne disposent pas d’un statut légal (tuteurs, habilitation familiale, curateurs ou sauvegarde de justice). Seulement 72 % déclarent en avoir un, 28 % indiquant exercer cette responsabilité sans reconnaissance officielle.

Si la charge est moralement lourde, le patrimoine financier ne l’est pas forcément. La majorité des aidants s’occupe de personnes percevant des revenus annuels inférieurs à 50000 euros.

Cette moyenne peut sembler faible mais s’avère finalement être pour le mieux, compte tenu de leur impression d’être mal préparés pour assumer leur rôle. 73 % des aidants disent se sentir moins armés que l’année précédente pour effectuer des opérations financières. C’est beaucoup, mais en légère amélioration par rapport à l’Observatoire de 2019 (82 %). Leur ressenti semble les guider vers les produits sécuritaires. «Les aidants patrimoniaux privilégient (…) les placements à faible rendements type Livret A ou le plan épargne logement, alors que le recours à l’assurance vie a baissé de 10 points par rapport à 2019», explique Apicil dans son Observatoire.

Surtout, 68 % se plaignent d’avoir déjà rencontré des difficultés dans l’exercice de leur mission, notamment pour des opérations boursières ou de successions. «Le manque de temps (32%) mais également le manque d’accompagnement et de conseil (31%) sont les principales difficultés identifiées», explique Apicil. La gestion d’une succession est d’ailleurs l’acte le plus compliqué à réaliser pour les répondants de l’Observatoire.

Les mandataires professionnels ont aussi besoin de conseil

Dans certains cas, la justice missionne un mandataire professionnel pour accompagner une personne vulnérable sur les plans sociaux, administratifs, juridiques et financiers. Leurs missions au quotidien tournent autour de «la surveillance et gestion des comptes bancaires, le règlement des dépenses, ou encore la souscription ou modification d’un contrat d’assurance», peut-on lire dans l’Observatoire.

Mais leur expertise ne les préserve pas des difficultés, la majorité (85 %) avouant en avoir rencontrées dans l’exercice de leur rôle. Elles sont essentiellement liées au manque de temps (60 %), mais aussi de connaissances financières (30 %) et de conseil (29 %). Dans le top 3 des opérations les plus complexes à réaliser selon eux figurent en premier les opérations boursières, suivies de la gestion d’une succession et celle d’une transaction immobilière.

En matière d’arbitrages financiers, ils se distinguent peu des aidants particuliers : 94 % privilégient des placements à faible rendements tels que le livret A, suivis de l’assurance vie (à 85% via le fonds euros) et le plan épargne logement. Des résultats similaires à ceux des aidants amateurs.

Pourtant, les mandataires savent qu’ils peuvent se reposer sur l’accompagnement de professionnels. «Pour exercer leur rôle, [ils] estiment pouvoir être appuyés par un banquier (84%), un conseiller en patrimoine (63%), ainsi que d’un assureur (38%) », explique Apicil.

En conclusion de son Observatoire, Apicil relate la demande de soutien des aidants et des mandataires professionnels. Des deux côtés revient le besoin d’avoir un référent joignable pour toute question, une veille juridique sur les nouvelles lois et une formation sur la gestion de patrimoine. Les récentes initiatives de l’AMF en matière de pédagogie financière devrait trouver un écho favorable auprès de ces deux catégories.

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