
Des pistes de financement sous tous les angles

Les projections établies par le Conseil d’orientation des retraites (COR) pour le financement des retraites font apparaître une diminution du montant des pensions de 20 % à l’horizon 2040. En vue de parvenir à un équilibre des régimes obligatoires, il faudrait repousser l’âge du départ en retraite à 70 ans ou augmenter les cotisations vieillesse de 25 %, ce qui paraît difficilement concevable.
Une solution préconisée par Didier Folus, professeur à l’université Paris Ouest-Nanterre et à l’Ifpass (Institut de formation de la profession de l’assurance) pour remédier à la baisse de ces revenus de remplacement est de ne pas opposer les retraites par capitalisation et par répartition mais de les rendre complémentaires. Il préconise d’«atténuer le risque sur les futures pensions du régime obligatoire en introduisant de la capitalisation dans le système par répartition, avec une diversification internationale et pas uniquement française», car le fait d’accumuler les cotisations n’est pas suffisant.
En matière de financement des retraites, il faut trouver des substituts de revenus réguliers pour conforter les rentes, même si «un grand nombre de nos concitoyens ne sont pas en mesure de gérer une épargne en vue de la retraite et les accidents de la vie viennent aussi complexifier la situation», souligne Patrice Bonnin, vice-président de la Commission des assurances de personnes à la Fédération française des sociétés d’assurances (FFSA). A son avis, ce n’est que par le co-financement (un mixte entre les régimes obligatoire et complémentaire, l’épargne individuelle et les produits retraite contractés via l’entreprise) que l’on parviendra à financer la retraite à un niveau adéquat et non en opposant produits collectifs et individuels. Il a noté que les salariés avaient davantage confiance envers l’entreprise que vis-à-vis d’un tiers extérieur pour résoudre cette question, d’où l’intérêt de développer des solutions dans ce cadre.
Dans la perspective de préparer cette période de leur vie au plan financier, «si une hausse de l’épargne retraite est inévitable», anticipe Olivier Davanne, économiste spécialiste des questions de retraite, les ménages ont besoin de visibilité et de pérennité plutôt que d’être confrontés à un changement continuel de règles qui se révèle pénalisant, «sinon, ils ne savent plus quels comportements adopter ». Madelin, Perp, articles 39 et 82, les produits de retraite supplémentaires sont désormais en place. Si les contrats Madelin ont un taux de pénétration important au sein de la catégorie des TNS avec 52,2 %, ce taux est moindre pour les produits destinés aux fonctionnaires (13,1 %), les Perp (8,3 %) ou les articles 82 (1 %).
Les ménages doivent s’approprier les outils existants et nul n’est besoin d’en réinventer. Ainsi, il a fallu plus de 20 ans aux contrats Madelin pour qu’ils prennent leur place dans le paysage des travailleurs non salariés. En revanche, il paraît essentiel de créer des passerelles entre les différents produits de retraite supplémentaire parce que durant la vie professionnelle, on est amené à changer d’entreprise ou de statut. De plus, « il faut réinventer la rente et les assureurs disposent des techniques adéquates afin d’y parvenir. Il faut aussi laisser des espaces de libertés pour que chacun (salariés, indépendants, fonctionnaires…) puisse effectuer ses choix », a préconisé Patrice Bonnin.
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Pau - Après le vote de confiance lundi et la probable chute de son gouvernement, le retour de François Bayrou dans son fief de Pau ne sera «pas paisible», préviennent ses opposants qui axent déjà la campagne municipale sur «son budget brutal» et le scandale Bétharram. «Son passage à Matignon a montré toutes les limites de sa méthode et de sa façon de penser le monde, c’est un homme politique de la fin du XXe siècle», tance Jérôme Marbot (PS), chef de file de l’opposition municipale, candidat malheureux de la gauche et des écologistes au second tour en 2020 face à François Bayrou. «Il va payer le prix de ce budget si brutal pour les plus faibles», avec un effort financier de 44 milliards d’euros, renchérit l'écologiste Jean-François Blanco, avocat et autre figure d’opposition locale. Même si le maire de Pau, élu une première fois en 2014, n’a pas annoncé sa candidature -déclarant seulement dans les médias que ses «aventures» politiques n'étaient pas «finies"-, «il est déjà en campagne», considèrent ses opposants. «Pas un retour paisible» Lundi matin, pour la rentrée des classes, François Bayrou a visité deux écoles à Pau. «Tout le monde a compris qu’il serait candidat, ce n’est pas un sujet, mais il n’aura pas un retour paisible», lui promet M. Blanco, déjà candidat en 2020 (14% des suffrages au premier tour). Le contexte national est venu «percuter» la campagne des municipales, analyse-t-il également, anticipant un scrutin «très politique» en mars prochain. François Bayrou qui a, dès son arrivée à Matignon, souligné qu’il voulait rester maire de Pau, glissant que c'était un titre «plus durable» que celui de Premier ministre, a vanté plusieurs fois ces derniers mois (vœux aux habitants, conférences de presse), en vidéo, «les dix ans de réalisations» dans la ville. Depuis deux ans, et après plusieurs années de déclin, la préfecture des Pyrénées-Atlantiques a gagné 3.000 habitants, selon des chiffres de l’Insee, atteignant désormais près de 80.000 habitants. Jean-François Blanco, avocat de victimes de violences physiques et sexuelles à Bétharram, est convaincu que cette affaire qui empoisonne le chef du gouvernement, ministre de l’Education à l'époque d’une première plainte contre l'établissement privé béarnais où ont été scolarisés plusieurs de ses enfants, «sera un marqueur de la campagne» des municipales. «Elle aura des conséquences», abondent les Insoumis, qui reconnaissent à M. Blanco d’avoir «affronté Bayrou sur le terrain de Bétharram», en lien avec le député LFI Paul Vannier, corapporteur de la commission d’enquête parlementaire sur les violences en milieu scolaire au printemps. La gauche divisée Reste que si la gauche paloise parle beaucoup de «rassemblement» pour reprendre la ville, dirigée par le PS de 1971 à 2014, ce n’est encore qu’un vœu pieux. La France insoumise «ne discute pas avec le PS», le socialiste Jérôme Marbot veut fédérer en ayant «vocation à être tête de liste», mais sans «en faire une condition sine qua non», tandis que Jean-François Blanco, mandaté par Les Ecologistes, veut unir derrière lui. «La porte est ouverte», insiste Jérôme Marbot, qui revendique le soutien de six formations de gauche, dont Génération.s ou Place Publique. «On veut présenter un programme de gauche de rupture. L’union pour l’union, sans la cohérence, ça ne marchera pas», avertissent de leur côté les Insoumis palois Jean Sanroman et Jade Meunier. De l’autre côté de l'échiquier politique, le Rassemblement national, qui avait réuni moins de 7% des voix aux municipales d’il y a cinq ans, espère capitaliser sur son score des dernières législatives (29%) avec comme candidate Margaux Taillefer, 26 ans, arrivée du parti Reconquête d'Éric Zemmour, et dont le nom a été dévoilé samedi. François Bayrou «va être dépositaire de son échec au gouvernement, ce sera plus difficile pour lui qu’en 2020", espère Nicolas Cresson, représentant régional du RN. Carole SUHAS © Agence France-Presse