
Rétrocessions, une troisième voie souhaitable

Au deuxième trimestre 2023, la Commission européenne doit annoncer sa stratégie sur les investissements des clients particuliers (Retail Investment Strategy). L’objectif recherché est de drainer une grande partie de l’épargne européenne vers l’économie réelle pour faciliter le financement des grands projets de transformation. Ce texte définira de nouvelles règles d’investissement qui vont, au minimum, de l’encadrement de la distribution de certains produits (assurance-vie et plan d'épargne retraite – PER) jusqu’à l’interdiction des rétrocessions. Pour le commissaire européen aux Services financiers, bannir les rétrocessions permettra, sur la base de l’expérience du Royaume-Uni, de réduire de 35% le prix de vente des produits financiers.
Si l’interdiction des rétrocessions est finalement la voie privilégiée, elle engendrerait une baisse des revenus, entre 30% et 90% en fonction du type d’acteurs, et déclencherait de profondes transformations:
- diminution des services apportés aux clients et réduction des effectifs associés;
- disparition d’un grand nombre de petits acteurs, comme les conseillers en gestion de patrimoine (CGP) indépendants (90% de leur chiffre d’affaires, d’après l’étude publiée par l’Autorité des marchés financiers – AMF – en novembre 2022);
- accélération des fusions-acquisitions sur le marché de la gestion de patrimoine;
- segmentation de la clientèle et ajustement des offres en fonction du patrimoine;
- intégration de la production et de la distribution, pour les acteurs de plus grande taille.
L’interdiction des rétrocessions entraînera la diminution en qualité et en quantité des services proposés aux clients. Cela pourrait aller jusqu’à la disparition de l’offre pour les plus petits patrimoines. Néanmoins, ne rien changer à la situation actuelle, c’est ne pas voir les dysfonctionnements structurels du système de distribution des produits financiers.
Rétrocessionscontre conseil
Le conseil mis en avant par les distributeurs ne s’opère que sur une part minoritaire du patrimoine et pour un nombre restreint de clients. En 2021, l’Insee et la Banque de France (1) chiffrent le patrimoine financier net des Français à 4.667 milliards d’euros. Il se compose essentiellement d’assurance-vie et d'épargne retraite, pour 40%, puis de 36% de liquidités (comptes courants et livrets). Les valeurs mobilières (actions, obligations…) représentent 14% et, enfin, 10% sont en épargne salariale.
La part du patrimoine financier qui nécessite du conseil se résume principalement à la part en unités de compte de l’assurance-vie et aux valeurs mobilières. La démonstration du conseil semble difficile à faire, même sur cette part résiduelle. Bien qu’obligatoire, la transparence sur les caractéristiques des produits (risques, frais, durabilité) et la matérialisation du conseil ne sont pas encore des pratiques courantes. Le constat réalisé sur les pratiques commerciales de 105 points de vente entre juin et octobre 2022 par l’AMF (2) montre que:
- dans deux tiers des visites, aucun document n’a été remis concernant les frais. Le sujet n’a été évoqué qu’une fois sur deux;
- le rapport d’adéquation défini par la MIF2 n’a été remis après la visite qu’une fois sur dix. Or ce document est obligatoire en situation de conseil, c’est-à-dire à chaque investissement patrimonial.
L’arbitrage qui matérialise le conseil dans la durée est également une pratique exceptionnelle. Une étude (3) réalisée en 2019 sur 150.000 contrats d’assurance-vie montre que 92% d’entre eux n’ont fait l’objet d’aucun arbitrage en 2018.
Pour terminer ce tour d’horizon, il faut ajouter que le conseil patrimonial incluant les dimensions juridiques et fiscales est absent pour les clients du segment «upper affluent». Ils représentent 3 millions de foyers fiscaux, qui détiennent entre 500.000 euros et 3 millions d’euros de patrimoine global. Ils sont généralement pris en charge par le CGP d’un réseau, qui leur propose les produits du groupe, et/ou par des CGP indépendants, qui, à 77%, ont des accords privilégiés avec un ou plusieurs fournisseurs de produits financiers.
Quel que soit le circuit de distribution, le conseil est peu matérialisé et les investissements sont rarement mis en adéquation avec les objectifs du client. Par conséquent, le client peut difficilement avoir un regard critique sur la qualité de la prestation, et donc évaluer son prix. Interdire les rétrocessions ne changera pas cet état de fait mais engendrera en revanche les effets collatéraux sus-décrits. Il est louable de vouloir baisser les prix de vente des produits mais, en matière financière, il faut avant tout être bien conseillé.
Les clients patrimoniaux ont besoin d’un conseil de qualité. Celui-ci est rarement délivré, ou seulement à l’oral, car formaliser des engagements nécessite du temps et de l’expertise et engendre des risques.
Pour une pratique socialement responsable
Les clients ont besoin d’un conseil de qualité. Cependant, celui-ci est rarement délivré, ou seulement à l’oral, car formaliser des engagements nécessite du temps, de l’expertise et engendre des risques. La documentation client demandée par le régulateur pour un distributeur de produits financiers contient déjà beaucoup d’informations. Sur cette base, le conseil peut déjà être délivré sans alourdir le processus. Il est cependant nécessaire de formaliser la relation entre le client et le distributeur. Elle devra prendre la forme ; soit d’une charte de fonctionnement de la profession ; soit, plus contraignant, d’un contrat de services standardisé. Celui-ci assurera que lors de l’entrée en relation, le distributeur analyse avec le client, l’ensemble de sa situation patrimoniale, ses objectifs, son appétence aux risques, ainsi que ses contraintes d’investissement. Il élaborera un plan d’actions, juridique, fiscal et financier. Il proposera ensuite les produits financiers adaptés, et introduira ses fournisseurs en précisant la nature des relations entretenues. Pour finalement définir les modalités de suivi de son portefeuille ainsi que et les indicateurs d’arbitrage.
Ce dispositif garantira l’adéquation entre les produits et la trajectoire patrimoniale du client. Une partie de la profession devra monter en compétences et/ou aller chercher les expertises nécessaires (outils d’analyse, internalisation et/ou sous-traitance). C’est l’unique moyen pour que la rémunération soit comprise et acceptée par les clients. Elle pourrait être un mix transparent entre honoraires et rétrocessions. Il existe déjà des expériences de conseil rémunéré aboutissant à la vente de produits qui donnent des résultats très positifs y inclus commercialement (4). Sans la mise en place d’un dispositif de cette nature, la distribution des produits financiers se fera certainement sans rétrocessions.
(2) Lettre de l’observatoire de l’épargne de l’AMF, mars 2023, article sur les visites mystères conduites par l’AMF en 2022.
(3) « Modélisation du comportement d’arbitrage en assurance-vie », mémoire présenté le 07/11/2019 par Sofiane Feniza devant l’Ensae ParisTech pour l’obtention du diplôme de la filière Actuariat.
(4) Vague ou tsunami en approche ?
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Frappes contre le Hamas à Doha : Israël affirme que ses ennemis "n'ont nulle part où se cacher"
Jérusalem - Israël a prévenu mercredi que ses ennemis avaient «nulle part» où se cacher, au lendemain de frappes israéliennes à Doha visant des responsables du Hamas, une attaque ayant suscité une rare réprimande du président américain Donald Trump. Ce n’est pas la première fois qu’Israël affirme qu’il éliminera les responsables du mouvement islamiste palestinien, dont l’attaque sans précédent sur le sol israélien le 7 octobre 2023 a déclenché la guerre dans la bande de Gaza. Israël a annoncé avoir frappé mardi de «hauts responsables» de la direction du Hamas réunis à Doha. Les frappes ont fait six morts, mais les dirigeants visés ont survécu, a affirmé le mouvement palestinien. Selon des sources proches du mouvement, six dirigeants du Hamas, parmi lesquels Khalil al-Hayya, négociateur en chef, Khaled Mechaal, ancien numéro un, et Zaher Jabarine, responsable du mouvement en Cisjordanie, étaient dans le bâtiment visé au moment de l’attaque. L’AFP n’est parvenu à joindre aucun d’eux depuis lors. Le représentant permanent d’Israël au siège des Nations unies à New York, Danny Danon, a déclaré à la radio israélienne 103 FM qu’il était «trop tôt pour se prononcer sur le résultat» de la frappe. «Où qu’ils soient» «La politique sécuritaire d’Israël est claire: son bras long agira contre ses ennemis, où qu’ils soient. Ils n’ont nulle part où se cacher», a déclaré mercredi le ministre israélien de la Défense Israël Katz sur X, après un avertissement similaire aux dirigeants du Hamas la semaine dernière. «Si les meurtriers et les violeurs du Hamas n’acceptent pas les conditions posées par Israël pour mettre fin à la guerre, en premier lieu la libération de tous les otages, et leur désarmement, ils seront détruits et Gaza sera détruite», a-t-il ajouté. Lors de l’attaque du 7-Octobre, 251 personnes ont été enlevées. Parmi elles, 47 sont toujours retenues dans le territoire palestinien, dont 25 sont décédées selon l’armée israélienne. Défendant la décision de frapper les responsables du Hamas au Qatar, M. Danon a dit que son pays n’agissait «pas toujours selon les intérêts des Etats-Unis», grand allié d’Israël. «Je suis très mécontent», avait dit mardi soir M. Trump après l’attaque. Le Qatar, qui abrite une importante base militaire américaine, a condamné les frappes qui ont visé selon lui les domiciles de plusieurs membres du bureau politique du Hamas résidant dans l'émirat. Il a dit qu’il se réservait le droit d’y répondre, tout en disant qu’il continuerait de jouer le rôle de médiateur dans les négociations en vue d’un cessez-le-feu dans la bande de Gaza. Un responsable du Hamas ayant requis l’anonymat a affirmé que l’attaque avait «ciblé une réunion des négociateurs du Hamas à Doha, où ils discutaient de la proposition du président Trump pour un cessez-le-feu». Le mouvement palestinien a affirmé que «l’ennemi n’avait pas réussi à assassiner les membres de la délégation chargée des négociations» mais a fait état de six morts: le fils, trentenaire, de M. Hayya, le chef de son bureau et trois gardes du corps, ainsi qu’un policier qatari. «Mauvais message» Malgré les pressions internationales face aux risques encourus par les civils, l’armée israélienne a poursuivi mercredi son offensive contre la ville de Gaza, considérée comme le dernier grand bastion du groupe armé, et frappé une nouvelle tour d’habitations, d’après un journaliste de l’AFP. Le porte-parole arabophone de l’armée, Avichay Adraee, avait plus tôt émis un nouvel ordre d'évacuation aux habitants de la ville de Gaza, en particulier ceux habitant dans une tour et dans ses environs. L’armée a dit plus tard avoir frappé un grand immeuble, «utilisé par l’organisation terroriste Hamas». Des images de l’AFP prises après la frappe montraient d'énormes colonnes de fumée s'élevant dans le ciel tandis que l’immeuble, situé dans l’ouest de Gaza, s’effondrait. Des photos de l’AFP montraient également des Palestiniens fouillant les décombres à la recherche d’objets récupérables. L’attaque du 7-Octobre a entraîné la mort de 1.219 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l’AFP basé sur des données officielles. L’offensive de représailles israéliennes a fait au moins 64.656 morts à Gaza, selon le ministère de la Santé du Hamas à Gaza, dont les chiffres sont jugés fiables par l’ONU. Elle a dévasté le territoire palestinien, dont les quelque deux millions d’habitants assiégés font face à une catastrophe humanitaire. Face à la situation «inacceptable» à Gaza, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a proposé mercredi des sanctions contre les ministres «extrémistes» en Israël et une suspension partielle de l’accord d’association UE-Israël. Le ministre israélien des Affaires étrangères, Gideon Saar, lui a reproché d’envoyer «un mauvais message, qui renforce le Hamas». Chloe ROUVEYROLLES-BAZIRE © Agence France-Presse -
Drones russes en Pologne : l'Otan avertit la Russie, considérant l'incursion comme "irresponsable"
Bruxelles - L’Otan a averti mercredi la Russie qu’elle défendrait «chaque centimètre» de son territoire après une incursion de drones dans le ciel polonais, jugée «dangereuse» et «irresponsable». Une «évaluation complète» est en cours, mais que cette incursion ait été «intentionnelle ou non, elle est absolument irresponsable, dangereuse», a affirmé mercredi le secrétaire général de l’Otan Mark Rutte devant la presse. «Mon message à Poutine est clair: mettez fin à la guerre en Ukraine (...) cessez de violer notre espace aérien et sachez que nous sommes vigilants et que nous défendrons chaque centimètre du territoire de l’Otan», a-t-il ajouté. Varsovie et ses alliés ont dénoncé mercredi une «provocation» russe après l’intrusion de drones dans l’espace aérien de la Pologne lors d’une attaque contre l’Ukraine, et l’interception de plusieurs de ces aéronefs par les armées polonaises et l’Otan. C’est «la première fois que des avions de l’Otan ont affronté des menaces potentielles dans l’espace aérien allié», a indiqué de son côté un porte-parole du Shape, le quartier général des forces de l’Otan en Europe. Des avions polonais et néerlandais, des F-35 et F-16 notamment, sont intervenus pour «affronter» cette incursion de drones dans le ciel polonais. Mais des batteries allemandes de Patriot, systèmes de défense anti-aérienne de conception américaine, présentes en Pologne, ont également été activées, selon ce porte-parole. Un avion italien de surveillance aérienne est également entré en action, selon cette même source. Interrogé sur le caractère intentionnel de cette intrusion de drones dans le ciel polonais, M. Rutte a répondu qu’il fallait d’abord attendre une «évaluation complète» de la situation, en liaison avec les autorités polonaises. L’intentionnalité de la Russie est une question ambiguë, relèvent des diplomates à l’Otan. Des incursions de cette sorte se sont déjà produites dans le passé et il n’est pas rare que les drones russes visant l’Ukraine dévient fortement leurs trajectoires pour éviter la défense anti-aérienne de l’Otan, y compris en volant au-dessus de la Pologne. En revanche, selon Varsovie, «pour la première fois, une part significative de ces drones ont survolé la Pologne directement depuis le Belarus». L’Otan pourrait être amenée à prendre des mesures à la suite de cette incursion, face à laquelle elle a été cette fois obligée de répliques, selon des diplomates à Bruxelles. Cela pourrait prendre la forme d’une augmentation des capacités de détection, voire de frappes, selon un diplomate à Bruxelles. Mais la séquence de la nuit dernière a également prouvé l’efficacité des systèmes de défense de l’Alliance, a souligné Mark Rutte. Le commandant suprême des forces de l’Otan en Europe, le général américain Alexus Grynkewich, a également jugé que l’Alliance avait réagi «rapidement et avec détermination à la situation». © Agence France-Presse -
François Bayrou et le MoDem, le mirage du pouvoir
Paris - «C’est pas une sortie à la Mendès-France, mais en rase-campagne», ironise un cadre du camp présidentiel. Neuf mois après l’avoir supplanté, François Bayrou cède Matignon à Sébastien Lecornu, un échec pour le centriste qui devait forger des compromis au Parlement et avec les partenaires sociaux. François Bayrou ne s’est pas éternisé pour son discours de passation. Sébastien Lecornu non plus, qui l’a raccompagné à la porte du 57, rue de Varenne. Le patron du MoDem a auparavant promis «d’aider» son successeur à Matignon. Il a exhorté le pays et sa classe politique à se «rassembler». Et comme il l’a souvent fait ces dix derniers mois, il a appelé à «inventer le monde nouveau» qui «va s’imposer» à partir de la «réalité». Une claire allusion à l'état d’endettement du pays, son mantra depuis un quart de siècle, dont le constat maintes fois répété n’a pas empêché le renversement de son gouvernement par l’Assemblée. Sébastien Lecornu s’y est référé en évoquant l’"extraordinaire courage» avec lequel son prédécesseur a défendu ses «intimes convictions de militant et de citoyen». Tout en ajoutant, dans un discours laconique: «il va falloir aussi changer, être sûrement plus créatif, plus sérieux dans la manière de travailler avec nos oppositions». La scène résume bien l'état d’esprit du camp macroniste, où la mansuétude n’est guère de mise pour un Premier ministre qui, après s'être imposé à Emmanuel Macron, a semblé accélérer sa chute avant même l’examen du budget. La promesse d’un renouveau du dialogue social et politique, porté par le dirigeant centriste adepte de la «co-responsabilité», a échoué lors du conclave entre partenaires sociaux sur les retraites, puis sur ce faux-départ budgétaire sans négociation estivale, après la présentation d’un plan drastique mi-juillet. Jusqu'à ce vote de confiance sollicité à la surprise générale. «C’est malin», écrit, après cette annonce, une ex-ministre MoDem dans une boucle interne. Sauf que les conditions d’une issue positive du vote n’ont été négociées ni avec le PS, ni avec le RN. Surprise dans les rangs du parti, comme au sein du gouvernement, dont les membres n’ont été informés que quelques minutes auparavant. «Jamais rêvé de Matignon» Au sommet de l’Etat, on prend soin de ne pas accabler le Premier ministre, tout en insistant sur le caractère inédit de la méthode. Lors d’un déjeuner à l’Elysée, la semaine dernière, Emmanuel Macron aurait même évoqué l’idée de renoncer à ce vote de confiance, selon l’entourage de l’un des participants. François Bayrou «a échoué sur ce qui était pourtant censé être un mantra, c’est-à-dire une capacité à dialoguer. C’est quand même singulier d’entrer à Matignon en ayant la responsabilité de devoir trouver une voie de passage et de compromis et de se montrer inflexible à toute concession», juge un cadre d’un des partis du bloc central. En témoigne le détail du vote de l’Assemblée lundi: seuls 194 députés lui ont accordé la confiance. François Bayrou n’a pas fait le plein dans le socle commun. 13 députés des Républicains ont même voté contre, et 9 se sont abstenus. «C’est d’une tristesse pour lui... Quarante ans de vie politique qui finit comme ça. Et puis dans l’indifférence générale. Voire dans le soulagement», feint de s'émouvoir un cadre du camp macroniste. Carrière terminée ? C’est mal connaître le Béarnais, murmurent ses proches. Non, François Bayrou ne nourrit pas d’ambition présidentielle. «Ma liberté c’est que je savais, en passant le portail ici, que ça n'était pas compatible», expliquait-t-il à l’AFP début août. Mais «son projet n'était pas d'être Premier ministre mais président de la République. Il n’a jamais rêvé d'être à Matignon», glisse un de ses proches. Le Premier ministre sortant a déjà cédé le pas dans la course à l’Elysée au profit d’Emmanuel Macron en 2017. Et pour la suite ? Un soutien à Edouard Philippe ou à Gabriel Attal n’a rien d’une évidence, tant les relations sont fraîches. Et François Bayrou est encore, jusqu’en 2027, président du MoDem. Baptiste PACE © Agence France-Presse