
Les seniors se juniorisent et les jeunes se virtualisent

En France, la population âgée de plus de 60 ans atteint aujourd’hui 15 millions d’individus. Ils seront 20 millions en 2030… Il s’agit bien entendu d’un véritable défi social et sociétal, chez nous comme partout dans le monde, en termes d’accompagnement du vieillissement, donc d’anticipation. On constate par exemple que les solutions pour la dépendance sont loin d’être à la hauteur de l’enjeu et que nos gouvernants peinent à engager des moyens sérieux dans un environnement contraint. Dans le registre de la communication, en revanche, les initiatives sont plus soutenues: il en va ainsi depuis plusieurs mois concernant la «silver économie» (lire notre enquête et notre table ronde), l’exécutif en ayant fait un axe stratégique pour l’avenir et un contrat de filière ayant été mis au point par les acteurs concernés.
Il est vrai que beaucoup de chiffres circulent et présentent des perspectives alléchantes. Un marché évalué à 900millions de personnes âgées dans le monde ne peut laisser indifférents industriels et fournisseurs de services: la création de services personnalisés, d’offres de prévoyance, de technologies pour l’autonomie ou d’objets d’assistance connectés pourrait générer 300.000emplois, selon la Dares. Et le Credoc évalue l’impact déterminant des dépenses des seniors sur certains marchés dès 2015 à 64% pour la santé, 60% pour l’alimentation, suivis de l’équipement (58%), des loisirs (57%) et de l’assurance (56%). En bref, grisonnants ou blancs, leur valeur ne pèse pas seulement dans l’ordre de la sagesse, mais aussi de l’économie.
Attention cependant car nos gaillards aînés ne sont pas prêts à s’en laisser compter. Une enquête de Senior Strategic réalisée auprès de 1.500personnes ayant entre 55 et 79 ans prouve qu’ils repoussent à une écrasante majorité l’idée d’être ciblés en fonction de leur âge. Il va donc falloir la jouer fine en termes de conception et de marketing et les opérateurs financiers n’y échapperont pas. Pire, ils devront vivre une évolution parallèle mettant en scène les enfants des «baby-boomers». Ces générations X et Y qui vont hériter de plusieurs milliards d’euros, observe le dernier livre blanc de Deutsche Asset & Wealth Management, tout en ayant un mode de vie radicalement différent de leurs parents, y compris dans l’appétence virtuelle qui devrait bouleverser les modes de relation des institutions financières.
Plus d'articles du même thème
-
Les marchés argentins dégringolent après une cuisante défaite pour Javier Milei
Le parti du président argentin a perdu dimanche les élections dans la province de Buenos Aires avec un écart plus important qu’anticipé. L’ensemble des actifs argentins a poursuivi sa dégringolade entamée fin août. -
Les actions japonaises tournent la page Ishiba sans difficulté
Les principaux indices ont grimpé dans la séance, sur fond de baisse du yen et de perspectives de relance fiscale. Les anticipations de hausse des taux sont repoussées de plusieurs mois. -
La BCE affiche sa posture restrictive
Le Conseil de la Banque centrale européenne devrait maintenir ses taux directeurs inchangés jeudi. Le débat entre gouverneurs portera sans doute déjà sur le besoin - ou non - d’une «baisse de précaution» pour décembre.
Sujets d'actualité

ETF à la Une

Xtrackers lance un ETF sur la défense
- L’outil fiscal a un effet marginal sur l'expatriation des hauts patrimoines
- Le logement en France : une crise durable
- Le Médiateur de l’assurance alerte sur les «trous de garanties» lors des substitutions des couvertures emprunteurs
- Les ménages face au nouveau paradigme immobilier
- Les transactions dans la gestion de patrimoine dynamisent le non-coté
Contenu de nos partenaires
-
Réseaux sociaux : l’usage excessif chez les jeunes pourrait coûter à la France 2,3 points de PIB d’ici 2060
Paris - Le temps excessif passé sur les réseaux sociaux et certaines plateformes pourrait, en dégradant la santé mentale et les capacités cognitives des enfants, coûter jusqu'à 2,3 points de PIB par an à la France à l’horizon 2060, selon une récente étude. Mis en ligne sur le site de ministère de l’Economie, ces travaux de l'économiste Solal Chardon-Boucaud s’efforcent, au vu d’une analyse des études scientifiques existantes, de chiffrer le coût socio-économique des effets négatifs de «L'économie de l’attention à l'ère du numérique». L’expression désigne le modèle des réseaux sociaux et de certaines plateformes numériques, conçu pour maximiser le temps passé en ligne par leurs utilisateurs, et donc les profits tirés de la publicité et la collecte de données. «Une surexposition aux écrans et l’utilisation de médias sociaux peuvent être associées à une détérioration de la qualité du sommeil et à une plus forte prévalence de troubles psychologiques» -dépression, anxiété, stress chronique-, aux impacts économiques déjà observables, rappelle l'étude. Ils proviennent «d’un effet direct lié à la sollicitation numérique -génération d’hormones du stress- et des fonctionnalités de certains outils, comme les comparaisons sociales sur les réseaux sociaux», résume-t-elle. Selon l’Insee, 57% des moins de 20 ans déclarent ainsi ressentir au moins l’un des effets néfastes des écrans (réduction du temps de sommeil...). Cet impact sur la santé mentale, additionné à la perte de temps productif liée aux usages numériques (interruptions fréquentes, exécution ralentie...), coûterait déjà aujourd’hui «0,6 point de PIB», estime l'économiste. Cela pourrait grimper à 2,3 points de PIB par an en diminuant, à l’horizon 2060, la productivité française: les enfants aujourd’hui surexposés aux écrans - les 30% des 12-17 ans qui passent plus de 35 heures par semaine devant un écran, selon le Crédoc - entreront alors sur le marché du travail. Nombre d'études montrent déjà qu’une «forte exposition aux écrans dès le plus jeune âge, et en particulier l’utilisation des réseaux sociaux et du smartphone, a un impact particulièrement fort sur les capacités d’attention, de mémorisation et les compétences langagières», rappelle l’expert. Les élèves utilisant «le smartphone à l'école plus de 3 heures par jour ont des scores en mathématiques entre 30 et 50 points inférieurs» à ceux l’utilisant moins de 2h quotidiennes, selon l'étude PISA 2022, relève-t-elle. Et les effets potentiels de l’IA générative ne sont pas encore intégrés: en demandant un effort moindre, son utilisation pourrait à long terme entraîner une «dette cognitive» (esprit critique et créativité moindres), selon une étude. © Agence France-Presse -
Vote de défiance
Bayrou chute, au suivant...
Aucun responsable politique ne s’est arrêté pour regarder François Bayrou tomber. Le moment, bien qu’historique, ne compte pour rien dans la course à Matignon. L’extraordinaire est devenu banal -
Au salon de l'électronique de Berlin, le « Made in Germany » fragilisé par les taxes de Trump
Berlin - Une odeur de croque-monsieur flotte dans une des allées de l’IFA, grande foire berlinoise de l'électronique. Sur le stand de la PME d'électroménager Rommelsbacher, sa patronne Sigrid Klenk met en avant ses plaques de cuisson, estampillées d’un autocollant «Made in Germany». Maintenir une production locale «devient de moins en moins simple», confie la dirigeante de l’entreprise à l’AFP. Notamment du fait de l’instauration de droits de douane américain sur l’acier et l’aluminium. Depuis l'été, Washington impose à l’Union Européenne jusqu'à 50% de surtaxe sur ces matériaux, omniprésents dans l'électroménager. «Maintenant, on doit spécifier la quantité d’acier contenue dans nos produits, notamment nos plaques de cuisson. Cela nous a intensément occupé ces derniers jours», explique Sigrid Klenk, qui juge néanmoins que «le Made in Germany n’est pas mort». Mais les indicateurs publiés lundi par l’office allemand Destatis illustrent la difficulté de la situation: les exportations d’Allemagne vers son premier partenaire commercial, les Etats-Unis, ont reculé de 7,9% par rapport à juin, marquant un quatrième mois consécutif de baisse. Sur un an, elles s’effondrent même de 14,1%. Savoir-faire menacé Et selon la fédération du secteur ZVEI, les exportations allemandes d'électronique vers le vaste marché américain, deuxième débouché du secteur, pourraient même chuter de 20%. «Nous sommes très fiers de produire en Europe et nous ne voulons pas perdre ce savoir-faire uniquement à cause de droits de douane», souligne auprès de l’AFP Theresa Seitz, représentante de la ZVEI. L’accord commercial conclu fin juillet entre Washington et Bruxelles était censé réduire l’incertitude, mais en réalité la liste de produits soumis aux surtaxes continue encore de s’allonger, un fardeau pour les PME comme pour Miele, le géant du secteur. «C’est la pire situation, quand le consommateur ne sait pas ce qui va se passer le lendemain», et «c’est la même chose pour les entreprises», dit Markus Miele, le directeur exécutif du groupe éponyme, à l’AFP. Le groupe de Gütersloh (ouest), qui a généré 5 milliards d’euros de chiffre d’affaires l’an dernier, a déjà dû relever ses prix en conséquence. Or, en plus, «nous voyons dans de nombreux pays une réticence à consommer», note M. Miele qui relève que notamment en Allemagne la consommation reste atone malgré la détente de l’inflation. Selon lui, la conjoncture est en revanche «très bonne» aux Etats-Unis, où Miele a inauguré un premier site de production avant même le retour au pouvoir de Donald Trump, qui cherche, avec ses droits de douane, à pousser les industriels à installer leurs usines sur le territoire américain. A l’IFA, des PME témoignent de la crise industrielle qui frappe la première économie européenne et de son modèle fondé sur l’exportation: Fakir a cessé de fabriquer des aspirateurs en Allemagne il y a un an et demi. «C'était impossible de poursuivre, les coûts étaient trop élevés», confie un employé, préférant garder l’anonymat. Les marques chinoises partout Dans les allées de cette foire berlinoise, le contraste est saisissant. Tandis que les industriels allemands comptent leurs marges, que leurs produits soient fabriqués en Europe ou en Chine, les marques chinoises sont au beau fixe et attirent les foules avec leurs innovations: robots aspirateurs capables de gravir des escaliers, lunettes connectées à l’intelligence artificielle, bras robotisés pour jouer aux échecs, etc. Longtemps considérés comme inférieurs en qualité, leurs produits s’imposent désormais dans le haut de gamme. Les champions allemands essaient malgré tout de contre-attaquer. Miele et BSH (Siemens-Bosch) ont chacun présenté leur nouveau «tiroir de cuisson vapeur», conçu pour les «cuisines plus petites et compactes», par exemple dans les grandes villes comme New York, explique M. Miele. Mais c’est peu pour sauver un label «Made in Germany», chahuté de toutes parts. «J’espère que la période de Noël ramènera un peu plus d’enthousiasme chez les consommateurs allemands», glisse Sigrid Klenk. Clement KASSER © Agence France-Presse