
Les maigres appâts de l’année bottée

Un espiègle ami, mais néanmoins lecteur de la première heure de L’Agefi Actifs, m’a rappelé il y a quelques jours le péché véniel commis par votre serviteur dans un éditorial intitulé: «L’année cuissarde». Ciel, est-ce possible ?, ai-je rétorqué. Vérification faite, la réponse est oui. Les méandres de la mémoire étant ressoudés, les faits délictueux se sont produits il y a dix ans tout juste avec pour fondement: «A quoi a ressemblé 2004 ? A une cuissarde», cuissarde dont la propriété, comme chacun sait, est de laisser deviner beaucoup sans rien dévoiler du tout, ce qui se confirmait, arguments patrimoniaux à l’appui (L’Agefi Actifs n°186, p. 1)…
Au-delà de la fanfaronnade, il est logique de reproduire l’exercice une décennie plus tard, ne serait-ce que pour gagner l’estime du susdit. «A quoi a ressemblé 2014 ? A une botte», dont la propriété, comme chacun sait, est de protéger du gros des intempéries sans même qu’on la remarque. Rien ou presque ne s’est laissé entrevoir au cours de ce millésime et ce qui a été mis à jour a défié la moindre espérance. Observons la croissance, cette belle endormie qui refuse de lever un cil. Traduisons son impact sur les marchés financiers, qui n’auront fait que yoyoter sans point d’appui solide.
Poursuivons au chapitre des textes censés précisément fixer la mire vers des lendemains meilleurs. Le Pacte de responsabilité, sur le refrain «moins de contraintes pour plus d’emplois», s’est délité jusqu’à provoquer l’ire des patrons petits et grands. Autre «zip» dans ce registre, les accélérateurs potentiels pour le financement des PME, et il y en eu –PEA-PME, Eurocroissance, Vie Génération, financement participatif–, montrent de maigres courbes ou sont trop jeunes pour les révéler. Et sur l’immobilier, la botte s’est resserrée.
A tout choisir, ce qui émerge de cette année bottée se concentre sur le projet de loi Macron en ce qu’il révèle d’approximations dans la gouvernance politique et de rigidités dans l’acceptation des réformes. Un grand bazar sans aucun plan pour le visiter. D’où ce qui restera dans les mémoires: le serment des Horaces unissant avocats et notaires pour des motifs opposés, mais droits dans leurs bottes.
Souhaitons donc changer de pointure en 2015 sur pratiquement tous ces plans afin de se convaincre que le galbe français peut être bien tourné, ce qui ne fait aucun doute. Quant à nous, nous ne botterons pas en touche en vous souhaitant d’ici là d’excellentes fêtes de fin d’année.
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Ammerschwihr - Sur les coteaux bucoliques du vignoble alsacien, Malik Oudni entame la vendange de ses grappes, comme la plupart des vignerons locaux, à un détail près: pas de tracteur mais un cheval et une charrue. Propriétaire d’un hectare et demi de vignes, dont un tiers de grands crus, cet autodidacte de 33 ans se flatte de fournir des restaurants étoilés avec ses vins naturels (bio et sans intrants ajoutés), issus de raisins écrasés au pressoir manuel, à l’ancienne. Originaire d’un petit bourg au sud de Colmar, Malik Oudni a «toujours été attiré par le monde agricole». Employé jeune dans une porcherie, il s’est d’abord passionné pour les chevaux, époque à laquelle il fait l’acquisition de ses deux bêtes de trait à la belle robe marron, Vizir et Atalante, respectivement 16 et 14 ans en ce début septembre. De fil en aiguille, il en vient à proposer ses services et ceux de ses chevaux aux viticulteurs locaux. Les caractéristiques des terrains, souvent en pente et bordés de chemins étroits, rendent sa méthode à l’ancienne bien plus efficace que les tracteurs. «Cela leur prenait trois jours, moi en trois heures c'était torché», dit-il comme une évidence. A Ammerschwihr, village viticole au pied des Vosges où il possède désormais quelques parcelles, «c’est un peu les vendanges de l’extrême!», rigole-t-il. Mais la quête de ces terrains a duré: il a mis cinq ans à faire l’acquisition des premières parcelles. «S’appeler Malik, en Alsace, c’est pas le plus simple pour choper des vignes, et si tu n’es pas fils de vigneron, encore moins». Mais la persévérance a payé. «Ils ont vu que je n'étais pas qu’un punk à cheval». Le plus sérieusement du monde, il raconte avoir appris à produire du vin en regardant des vidéos de «C’est pas sorcier avec Jamy et Fred». «Il faut regarder la vigne, comprendre les sols, avoir le feeling», ajoute-t-il. Il parvient à vivre de son activité grâce à ses dépenses minimales: la charrue et les pressoirs «achetés sur Leboncoin», et la petite ferme où il vit à Colmar avec sa compagne, baptisée «La ferme sans nom». Une année sans aléa lui permet de produire 7.000 à 8.000 bouteilles de riesling ou pinot gris, qu’il vend principalement en France et dans les pays voisins, par conviction écologique. «Cela me paraissait complètement aberrant de faire du bio, de la traction animale, et après d’envoyer des palettes de bouteilles en avion ou en cargo à l’autre bout du monde.» Adrien VICENTE © Agence France-Presse -
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