Décollage réussi pour DNCA en un an et demi

La société gère aujourd’hui près de 15 milliards d’euros et a vu ses encours tripler en 18 mois, Elle vient de recruter Eric Franc, jusqu’alors directeur général de la Banque Privée 1818
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DNCA a changé de catégorie. En à peine 18 mois, la société de gestion, créée en 2000, a triplé ses encours. Alors qu’elle gérait un peu plus de 5milliards d’euros fin 2012, elle affiche aujourd’hui près de 15 milliards sous gestion. La «boutique», bien connue des conseillers en gestion de patrimoine indépendants (CGPI), a pris un nouvel essor. Pour accompagner ce mouvement et continuer de mener ses projets de développement, notamment à l’international, la société vient de recruter Eric Franc, précédemment directeur général de la Banque Privée 1818. Il occupera la fonction de directeur général de DNCA Finance et Jean-Charles Mériaux, qui occupait ce poste, prendra la présidence de la structure. De son côté, Joseph Châtel, l’actuel président, assurera la présidence de DNCA Finance & Cie, la société holding du groupe.

Alignement d’étoiles.

Si les bonnes performances des produits peuvent expliquer en partie ce succès commercial, la société a par ailleurs bénéficié de plusieurs facteurs qui ont concouru à l’accélération de son développement. Le partenariat avec Banca Leonardo, d’abord, a facilité la distribution des fonds de DNCA en Italie. La banque, entrée au capital de DNCA fin 2006, accompagne ainsi le gestionnaire auprès des grands réseaux de distribution en Italie depuis plusieurs années. Aujourd’hui, sur les 14,5 milliards d’euros gérés, cinq proviennent de l’Italie, constituant 80% des actifs du groupe distribués hors de France.

Ensuite, dans l’Hexagone, DNCA a bénéficié depuis l’été dernier de l’arbitrage d’une partie des encours que les conseillers en gestion de patrimoine avaient placés sur les fonds de Carmignac. Ainsi, depuis juin 2013, les encours de Carmignac Patrimoine A sont passés de 24,3 milliards d’euros à 19,7 milliards d’euros fin juin de cette année (selon les données de Lipper), tandis que, dans le même temps, les encours d’Eurose (le fonds diversifié prudent de DNCA) sont passés de 1,6 à 3,5milliards d’euros.

Enfin, depuis quelques mois, la société bénéficie du mouvement des investisseurs vers les valeurs européennes. Alors que l’international –et les émergents– étaient beaucoup mis en avant ces dernières années, le consensus privilégie aujourd’hui les valeurs européennes qui ont bénéficié de flux importants depuis le début de l’année. «Or, notre gestion est aujourd’hui avant tout européenne», note Jean-Charles Mériaux.

Une boutique structurée.

La société a plutôt bien géré sa croissance jusqu’à aujourd’hui. Joseph Châtel, l’actuel président de DNCA Finance, était très impliqué dans son développement commercial tandis que Jean-Charles Mériaux en assurait la direction générale tout en participant à la gestion des fonds. L’arrivée d’Eric Franc permettra aux figures historiques de la société de prendre un peu de recul. Joseph Châtel continuera d’exercer une influence sur les orientations stratégiques du groupe mais il ne participera plus directement au développement commercial. De son côté, Jean-Charles Mériaux s’impliquera davantage dans la gestion des fonds mais sera déchargé d’une partie des tâches de direction opérationnelle.

La société est par ailleurs consciente que son actionnariat a vocation à changer, ce qui a d’ailleurs été plusieurs fois le cas ces dix dernières années: en 2006, lors de la prise de participation majoritaire au capital de Banca Leonardo, puis en 2011 lors de sa cession au fonds TA Associates. Or, ce dernier n’a jamais caché ses intentions. Son rôle est avant tout celui d’un investisseur en capital et sa sortie est prévue entre 2016 et 2018. Si, aujourd’hui, la cession ou la transmission de certaines sociétés de gestion entrepreneuriales constitue un réel sujet de préoccupation, c’est loin d’être le cas pour DNCA. «Notre organisation actuelle nous permet d’assurer la pérennité de notre entreprise et donc de nos emplois, quelle que soit l’évolution future de l’actionnariat, explique Joseph Châtel. Aujourd’hui, les changements dans la gouvernance constituent le point final dans la structuration de DNCA pour préparer la société à ses développements à venir.»

Une offre diversifiée…

Quels sont aujourd’hui les leviers dont dispose DNCA pour se développer ? Dès son l’origine, la société a voulu créer un effet de gamme en ne se focalisant pas sur un seul produit. «En 2007, nos fonds diversifiés existaient depuis plusieurs années. Nous disposions donc déjà des réceptacles adaptés à nos clients qui voulaient sortir des véhicules exclusivement exposés aux actions, indique Jean-Charles Mériaux. De la même manière, nous développons actuellement une gamme de fonds d’actions de croissance, même si cela va contre la tendance car nous anticipons que nos clients pourraient, à l’avenir, être portés sur ce types de stratégies.»

Aujourd’hui, même si la société reste à l’écoute des équipes spécialisées sur des segments non encore présents dans son offre –le succès aidant, les postulants sont nombreux–, elle ne compte pas multiplier les ouvertures de fonds. «Nous disposons déjà d’une quinzaine de stratégies de gestion. Même s’il est possible que nous en développions quelques-unes de plus dans les prochaines années, nous voulons rester une boutique. Nous n’allons pas développer des centaines de produits. Notre gamme restera donc resserrée», déclare Jean-Charles Mériaux.

… et une large clientèle.

Par ailleurs, afin d’assurer la stabilité de ses encours sous gestion, la société a aussi cherché à diversifier sa clientèle. Elle a ainsi commencé à distribuer ses produits aux conseillers en gestion de patrimoine, aux banques privées, puis sont venus les institutionnels «car les capitaux n’ont pas la même stabilité selon les types de clients», note Joseph Châtel. Une équipe commerciale dédiée à ce dernier segment de clientèle a d’ailleurs été recrutée il y a deux ans et «la société a rapidement obtenu des résultats», se félicite Joseph Châtel. Mais la collecte a avant tout porté sur des OPCVM existants plutôt que sur des mandats. «DNCA n’a pas vocation à multiplier les mandats institutionnels. Nous ne sommes pas outillés pour cela. Nous ne voulons pas non plus brader notre gestion pour gagner certains appels d’offres», affirme Jean-Charles Mériaux. Aujourd’hui, les clients de DNCA sont pour 35% des CGP, 34% des banques privées et des multigérants, 28% des institutionnels et 3% des clients privés en direct. Une répartition qui semble très bien convenir à la société.

L’international en vue.

Ce n’est donc ni sur une ouverture à tout prix aux institutionnels, ni sur la multiplication de produits supplémentaires que DNCA mise pour asseoir son développement. En revanche, ses ambitions à l’international restent entières. La société est très présente en France et en Italie, mais elle veut maintenant accroître sa présence en Allemagne, au Benelux, en Suisse et en Espagne. «Eric Franc a déjà cette expérience de développement en Europe continentale, tout en connaissant très bien la clientèle de conseillers en gestion de patrimoine», souligne Jean-Charles Mériaux. La société n’a pas, pour l’heure, la volonté de conquérir le marché britannique, comme c’est le cas de nombreuses sociétés de gestion. Elle compte capitaliser sur un élargissement de son offre dans les pays où elle déjà percé avec un ou deux produits de sa gamme. Elle va maintenant devoir adapter son rythme de croisière à son nouveau statut quasi institutionnel.

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