
Paris Europlace s’invite à la présidentielle

Paris Europlace s’invite dans la campagne présidentielle. En tous cas, par l’intermédiaire de son président, Gérard Mestrallet, le lobby a souhaité rencontrer les candidats à l’élection présidentielle et leur présenter les réformes préconisées pour le prochain quinquennat. Il en va de la compétitivité de la place financière de Paris, essentielle à la santé économique de la France et à son influence au sein de l’Union européenne, selon Paris Europlace qui, dans un communiqué, fait sept propositions ayant trait notamment à la fiscalité, à la relance de l'épargne longue, à l’accès au fonds de pension ou à l’adaptation du temps de travail.
En ce qui concerne la fiscalité, Paris Europlace entend engager la France dans la voie de la bonne gouvernance fiscale en systématisant la consultation publique et l’étude d’impact préalables à toute réforme fiscale d’ampleur ; introduire des mécanismes d’entrée en vigueur spécifiques pour chaque nouvelle mesure fiscale ; étendre dans une norme supra-législative les engagements de la charte de non-rétroactivité fiscale ; assurer la conformité de la loi fiscale aux normes supérieures... Il est également question d’accélérer la réduction de l’impôt sur les sociétés (IS) et l’amener à la moyenne européenne. De fait, la trajectoire de l’IS annoncée dans le projet de loi de finances 2017 (28% à horizon 2020) doit être accélérée, précise le lobby.
La réduction progressive de la taxe sur les salaires appliquée au secteur financier est également au programme, avec la suppression immédiate de la tranche supérieure qui pénalise la création en France d’emplois à fort potentiel, insiste Paris Europlace.
Pour relancer l’épargne longue, une des mesures prévoit de mettre en place une fiscalité de l’épargne qui donne la priorité aux financements longs par détention d’actions et (i) élargir les mesures en faveur de l’épargne salariale et de l’épargne retraite (retour du forfait social à 8% contre 20% aujourd’hui), (ii) rétablir le prélèvement forfaitaire libératoire sur les revenus financiers et les plus-values, (iii) supprimer la taxe à 3% sur les dividendes, (iv) supprimer l’ISF, en aménageant en conséquence l’incitation fiscale applicable à l’IR. Autre proposition : évaluer l’impact de tout projet fiscal ou réglementaire à l’aune de son impact sur l’investissement dans les entreprises et la promotion de l’épargne longue ; enfin recalibrer les règles d’investissement au plan français et européen pour que les investisseurs institutionnels puissent financer les entreprises.
Par ailleurs, l’organisation insiste sur la nécessité de créer des mécanismes d’épargne retraite qui devraient permettre d’offrir à tous les Français la possibilité d’accéder aux fonds de pension et répondre à des besoins croissants en la matière. A cela s’ajoute le renforcement des instruments d’accompagnement des PME/ETI, l’amélioration de mécanismes incitatifs au capital-risque et aux business angels ; le développement des mécanismes incitatifs au financement des Fintech, et la mise en place d’ instruments d’investissement appropriés pour aider les jeunes entreprises à acquérir une plus grande taille.
Paris Europlace milite pour un droit du travail rendu plus agile, pour favoriser ainsi la création d’emplois et le développement des entreprises. Il s’agit pour des emplois à fort potentiel ou dans des environnements très concurrentiels, de proposer des formes innovantes de relations contractuelles ; de lever les contraintes qui freinent le développement de l’emploi et méconnaissent les nouveaux usages du travail (notamment dans les start-ups et les entreprises innovantes) ; de donner plus de souplesse aux entreprises pour s’adapter à la concurrence internationale (notamment pour faciliter les démarches d’adaptation et de réorganisation des entreprises et alléger les procédures de consultation).
Au niveau européen, il est également question de localiser en zone euro la compensation des opérations en euro et les agences européennes de supervision financière. Concernant Solvabilité II, il faut veiller à une réelle équité concurrentielle et, à l’occasion de la révision de cette directive, vérifier l’absence de conflit d’intérêts entre Britanniques et Européens, relève Paris-Europlace qui indique que les Britanniques ne devront plus participer aux discussions sur les textes et directives à venir s’appliquant aux pays membres de l’Union.
Enfin, au programme également, l’abandon du projet de taxe européenne sur les transactions financières (TTFE) concernant 10 des 27 pays européens qui se traduira par une baisse de compétitivité des places concernées et des surcoûts importants pour le financement des entreprises. Ce projet est, en outre, en contradiction avec la mise en place de la nouvelle Union des marchés des capitaux. Renoncer à augmenter le taux de la TTF française et de l’élargir aux transactions « intraday »
Plus d'articles du même thème
-
«Sans la problématique budgétaire, l'économie américaine ne justifierait pas plus de trois baisses de taux»
Christophe Morel, chef économiste de Groupama AM -
Fitch abaisse la note de la France
L’agence de notation américaine a abaissé la note de la France au niveau A+. Les marchés anticipaient largement cette décision. Le taux des emprunts d’État français ne devrait pas réagir. -
Premières faillites des spécialistes en prêts auto «subprime» aux Etats-Unis
Plusieurs signaux s’étaient déjà allumés sur ce marché, fin 2023 avec la hausse des prix des automobiles post-covid. Depuis le début de l’année survient la fermeture d’autres établissements prêteurs, en l'occurrence plutôt des concessionnaires qui assuraient aussi les financements avant de les titriser via des ABS auto.
Sujets d'actualité

ETF à la Une

BNP Paribas AM se dote d’une gamme complète d’ETF actifs
- BNP Paribas AM se dote d’une gamme complète d’ETF actifs
- Sébastien Lecornu commence son chemin de croix budgétaire avec Fitch Ratings
- L’Union européenne cherche la clé d’une épargne retraite commune
- L’exonération du régime mère-fille dépasse le seul cadre de l’impôt sur les sociétés
- Les notaires veulent accorder un droit immédiat aux héritiers sur les dividendes
Contenu de nos partenaires
-
Népal: la Génération Z en révolte après la mort de Santosh Bishwakarma
Katmandou - «Il rêvait de mourir en ayant été utile à son pays». Santosh Bishwakarma, 30 ans, a été abattu lundi par les forces de l’ordre dans une rue de Katmandou alors qu’il manifestait contre le gouvernement, et sa femme est inconsolable. Dans sa petite maison de la capitale népalaise encombrée de ses proches venus partager son deuil, Amika Bishwakarma, 30 ans elle aussi, peine à évoquer le souvenir de son mari. «Il avait l’habitude de dire qu’il ne voulait pas mourir comme un chien», lâche-t-elle entre deux sanglots. «Il voulait que le Népal soit reconnu dans le monde, et ne pas mourir avant d’y avoir contribué. Je crois qu’il a réussi». Santosh avait rejoint lundi le cortège de ces jeunes réunis sous la bannière de la «Génération Z» qui dénonçaient le blocage des réseaux sociaux et la corruption des élites du pays. Il est tombé lorsque la police, débordée, a ouvert le feu sur les manifestants. Une vingtaine d’entre eux ont été tués, des centaines d’autres blessés. La répression a nourri la colère de cette «Gen Z», qui est revenue le lendemain dans les rues de la capitale et a incendié ou mis à sac tous les symboles du pouvoir: parlement, bureaux ministériels, tribunaux, jusqu’aux résidences de plusieurs dirigeants. Le Premier ministre KP Sharma Oli n’a eu d’autre choix que de démissionner. Respectée pour son indépendance, l’ex-cheffe de la Cour suprême Sushila Kari, 73 ans, a été nommée vendredi soir à la tête d’un gouvernement provisoire chargé de conduire le pays jusqu'à des élections prévues dans six mois. Son entrée en fonction semble satisfaire de nombreux Népalais mais pas Amika Bishwakarma, désormais toute seule pour élever son fils Ujwal, 10 ans, et sa fille Sonia, 7 ans. «Un peu de justice» «Mon mari aurait tout fait pour leur permettre de réaliser leurs rêves, même au prix de sa vie», assure-t-elle. «Mais comment je vais pouvoir y arriver seule maintenant ? Il a sacrifié sa vie pour le pays, j’espère que le gouvernement va m’aider». Quand il a appris la mort de Santosh, son ami Solan Rai, 42 ans, a accouru au chevet de sa veuve. Après les violences de la semaine, il veut croire à des jours meilleurs pour son pays. «je n’avais jamais vu pareille colère», note-t-il, «j’espère que cette fois, ça va enfin changer». D’autres veulent croire que la mort de leurs proches ne sera pas vaine. Ce vendredi, ils étaient des centaines à se presser dans le temple de Pashupatinath, à Katmandou, pour assister à la crémation d’un fils, d’un frère ou d’un ami tué cette semaine. «J’espère que de tout ça sortira une forme de justice, que notre peuple obtiendra enfin les changements qu’il cherche désespérément depuis si longtemps», espère Ratna Maharjan en pleurant son fils, tué d’une balle tirée par un policier. Sur les marches du temple, au bord du fleuve Bagmati, une femme vêtue de rouge s’accroche désespérément à la dépouille de son fils, qu’elle refuse de voir partir en cendres. Un peu à l'écart, des policiers déposent des gerbes de fleurs sur le cercueil d’un de leurs collègues, mort lui aussi pendant les émeutes. La police a fait état de 3 morts dans ses rangs. Avant de retourner au silence de son deuil, Amika Bishwakarma fait un dernier vœu, plus politique. «On ne demande pas la lune», glisse-t-elle d’une petite voix. «On veut juste un peu plus d'égalité, que les riches ne prospèrent pas pendant que les pauvres continuent à dépérir». Bhuvan BAGGA et Glenda KWEK © Agence France-Presse -
Spirale
Dégradation : Fitch change la France de catégorie
L'agence de notation a dégradé la note de la France d'un cran, de AA- à A+. Un changement de catégorie tout sauf anodin, même si les marchés avaient probablement déjà anticipé cette décision -
Liberté d'expression au Royaume-Uni: Tommy Robinson, figure de l'extrême droite, mobilise les foules
Londres - Des dizaines de milliers de personnes sont attendues samedi à Londres à l’appel de Tommy Robinson, figure de l’extrême droite britannique, pour ce qu’il présente comme un rassemblement «pour la liberté d’expression», sujet qui agite le débat public au Royaume-Uni. Ce rendez-vous intervient après un été marqué par des manifestations anti-immigration devant des hôtels hébergeant des demandeurs d’asile, largement relayées sur les réseaux sociaux par l’activiste. Une contre-manifestation à l’initiative d’une organisation antiraciste, Stand Up To Racism UK, doit se dérouler samedi au même moment à la mi-journée, dans le centre de la capitale britannique. La police de Londres a indiqué qu’elle mobiliserait quelque 1.000 agents pour garantir que «les deux manifestations se déroulent pacifiquement». Tommy Robinson, 42 ans, de son vrai nom Stephen Yaxley-Lennon, est le fondateur de l’ex-groupuscule English Defence League (Ligue de défense anglaise), issu de la mouvance hooligan. «Marchez pour votre pays, marchez pour la liberté, marchez pour vos enfants et marchez pour Charlie Kirk», a-t-il déclaré jeudi sur X, en référence à l’influenceur conservateur américain Charlie Kirk, porte-drapeau de la jeunesse trumpiste, tué mercredi par balles aux États-Unis. Connu pour ses positions anti-immigration et anti-islam, Tommy Robinson a été condamné à plusieurs reprises, notamment pour troubles à l’ordre public. Il a été emprisonné en 2018 pour outrage au tribunal, puis en 2024 pour avoir répété des propos diffamatoires sur un réfugié. Libéré en mai, il avait notamment reçu le soutien du milliardaire américain Elon Musk. Plusieurs mobilisations de ses partisans ont par le passé rassemblé des milliers voire des dizaines de milliers de personnes, comme en juillet 2024 où ils étaient entre 20.000 et 30.000, selon des estimations de l’organisation antiraciste Hope Not Hate. Débat sur la liberté d’expression Tommy Robinson présente depuis des mois ce rassemblement comme «le plus grand jamais consacré à la liberté d’expression». Les participants sont appelés à se retrouver à 11H00 (10H00 GMT), avant de marcher en direction de Whitehall, cœur du pouvoir politique du pays. Les organisateurs ont annoncé la présence de plusieurs personnalités de la droite et de l’extrême droite britanniques et étrangères, dont Steve Bannon, l’ancien conseiller du président américain Donald Trump. Le président du parti français d’extrême droite Reconquête, Eric Zemmour, a confirmé sa présence. Ce sujet de la liberté d’expression, au cœur d’un débat public au Royaume-Uni depuis plusieurs mois, a été ravivé début septembre lorsque des policiers armés ont arrêté à l’aéroport londonien de Heathrow un créateur de séries accusé d’avoir diffusé des messages hostiles aux personnes transgenres. Le débat est le plus souvent soulevé par la droite et l’extrême droite, mais il a aussi été évoqué en lien avec les centaines d’arrestations de manifestants exprimant leur soutien au groupe Palestine Action, qui a été classé «organisation terroriste» par le gouvernement. Face au tollé, le Premier ministre Keir Starmer s’est dit «très fier» de la «longue tradition de liberté d’expression» dans le pays, qu’il «défendra toujours». Tommy Robinson doit à nouveau être jugé en octobre 2026 pour avoir refusé de donner le code PIN de son téléphone portable, que la police lui réclamait en vertu des pouvoirs étendus dont elle dispose dans le cadre de la loi sur le terrorisme de 2020. Alexandra DEL PERAL © Agence France-Presse