
L’ISF ou l’Impôt Sur le Fil... du rasoir

Les sondeurs traversant une mauvaise passe ces derniers mois, il serait dommage de leur emboiter le pas en se livrant à notre tour au jeu des pronostics dans le cadre de la prochaine présidentielle française. Mais enfin, en y mettant des «si» et des avertissements sur une éventuelle ressemblance avec des événements à venir, on peut se laisser à penser que cette élection majeure de 2017 s’est offert dimanche dernier un tour de chauffe –pour parler un langage de course automobile cher à certains– et que l’on pourrait d’ores et déjà avoir l’identité du futur vainqueur de mai prochain.
Si tel est le cas donc, il faudrait tabler sur quelques changements d’importance. En dépit des engagements non tenus qui ont été légion de tout temps, de tout bord et de tout pays, l’impôt de solidarité sur la fortune vivrait dans l’Hexagone ses derniers instants. C’est en tout cas écrit noir sur blanc dans le programme du vainqueur de la primaire de la semaine dernière, et l’on peut imaginer que cela ne peut être qu’une simple politique de séduction. La symbolique de cet impôt aura donc vécu et la raison économique d’une taxation peu rentable aura pris le pas. Et encore ne tient-on pas compte ici du nombre de contribuables qui, après avoir demandé l’asile fiscal dans un pays limitrophe, sont prêts à revenir et, de facto, enrichir leur pays. En matière d’enrichissement, ces belles professions constituées d’ingénieurs patrimoniaux, d’avocats spécialisés et autres experts financiers, véritables porte-drapeaux du génie français en matière d’optimisation fiscale, perdront avec l’ISF une matière première de choix. Qu’ils se rassurent! En matière de taxation, les relais de croissance sont multiples dans notre pays et ils sauront encore longtemps faire la preuve de leur ingéniosité. Car la chronique d’une mort annoncée d’un seul impôt ne rebat pas les cartes de la fiscalité française, millefeuille indigeste et frappé d’embonpoint. A ce titre d’ailleurs, la nouvelle équipe au pouvoir en mai prochain gagnerait beaucoup en s’engageant à ne plus rien faire! Stabiliser les règles fiscales pour une durée pluriannuelle serait interprété comme une formidable opportunité. A moins que les changements aillent dans le bon sens, auquel cas, personne ne se plaindra d’une remise à plat.
Dans le programme de François Fillon, le vainqueur des primaires, les pistes sur la taxation des plus-values et des dividendes ont de quoi séduire. Mais pas d’emballement pour autant, il faut raison garder. Réduction et réallocation riment bien ensemble. L’économie française est loin d’être florissante et tout l’intérêt est de relancer intelligemment la machine en brisant des carcans. De là à raser gratis, il y a un pas de géant. Et pour le coup, toute croyance de cette nature ne serait que pure fiction…
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