
L’AMF assure qu’elle va continuer d’accompagner l’innovation

Le contexte de marché reste très présent en ce début d’année, d’où la nécessité de continuer à innover tout en encadrant parallèlement le mouvement de fond de la désintermédiation. «L’AMF continuera son effort d’accompagnement», a déclaré le 17 janvier Xavier Parain, secrétaire général adjoint chargé de la direction de la gestion d’actifs à l’Autorité des marchés financiers (AMF), à l’occasion de la dixième édition de l’Emerging Manager Day organisé par New Alpha AM. Un accompagnement qui s’est traduit ces derniers mois par la mise en place d’un cadre sécurisé pour les prêts en direct, en place depuis environ six mois et qui sera progressivement complété. Un accompagnement qui s’est également traduit par l’autorisation des «gates» en France pour répondre aux situations de stress de liquidité sur le marché, avec un cadre peut-être «plus lisible et robuste» qu’ailleurs en Europe et qui sera complété par un manuel de l’utilisateur.
Xavier Parain a par ailleurs exprimé sa volonté «pro business» sur Mifid 2 et Priip. «Nous sommes très vigilants sur les rétrocessions et le financement de la recherche», a souligné le responsable. Sur le chapitre du développement de la Place de Paris dans le secteur de la gestion d’actifs, Xavier Parain a estimé que Paris dispose d’un écosystème très fort et doit aussi être capable d’accueillir les étrangers. Même tonalité chez Jean-Louis Laurens, l’ambassadeur de la gestion d’actifs française depuis fin octobre 2016, qui affirme que la Place de Paris est un «pool de compétences à la pointe dans un certain nombre de domaines comme le smart beta, la gestion des facteurs de risque, le multi-asset ou encore dans le bas carbone».
Olivier Héreil, directeur général adjoint, responsable des gestion d’actifs de BNP Paribas Cardif, a de son côté insisté sur l’omniprésence des taux dans les prises de décision. «On a quitté le monde des taux ultra-bas pour revenir dans les taux bas mais pour un bon moment encore», a lancé Olivier Héreil. D’où la priorité désormais donnée à la maîtrise des risques qui a pris le pas sur la recherche d’un rendement supplémentaire, ce qui se traduira pour la gestion actions par exemple par la mise en place de solutions autour du «factor investing» et par l’intégration de l’analyse extra-financière, gage d’une réduction des risques dans la durée. Le rendement supplémentaire pourra ensuite être recherché du côté des classes d’actifs moins liquides comme le private equity, les infrastructures ou la dette privée.
Jean-Louis Laurens a par ailleurs estimé la mutation en profondeur que vont provoquer les nouvelles technologies financières. «Nous sommes à un tournant dans la gestion d’actifs. Les nouvelles technologies vont permettre de faire mieux, plus vite, moins cher pour le client. En période de pression sur les marges, il ne faut pas traîner», a expliqué Jean-Louis Laurens. Corollaire de ce mouvement de fond : grâce à la digitalisation, les sociétés de gestion vont se réapproprier la relation avec le client final. Les nouvelles technologies devraient favoriser des réponses plus pertinentes prenant mieux en compte les objectifs et les contraintes de la clientèle, dans la langue de Shakespeare, la «mass-customization».
Reste toutefois à éduquer le client, dont la culture financière est «catastrophique» et qui n’est toujours pas incité à investir sur le long terme. Même si le Fonds de retraite professionnelle supplémentaire (FRPS), le nouvel instrument introduit par la loi Sapin II, va dans le bon sens.
A noter enfin que l’Emerging Manager Day, qui se veut un lieu de rencontres dédié à l’innovation et aux nouveaux entrepreneurs du secteur des services financiers, a aussi été l’occasion pour Alain Leclerc, président de la Sicav d’incubation Emergence, d’ annoncer qu’il allait proposer un nouveau fonds, Long Equity Europe II, qui pourrait lever autour de 500 millions d’euros. Avec les 450 millions d’euros déjà levés depuis 2012, Emergence se fixe ainsi un objectif de 1 milliard d’euros. Atteindre cet objectif permettrait «de doubler les moyens au moment où le Brexit nécessite de jouer collectif pour la Place», a insisté Alain Leclerc.
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