
La crypto doit gérer la plus grande crise de son existence

En 2022, les nouveaux arrivants sur le marché des cryptomonnaies auront fait la douloureuse expérience d’une fin de cycle haussier et l’entrée dans l’hiver crypto, après ceux de 2014 et 2018. La chute violente des cours n’est pas une première. Mais cette fois, l’écosystème va devoir composer avec une crise largement provoquée par la chute de FTX au mois de novembre, aussi violente qu’inattendue et qui a entamé sa crédibilité.
Les faillites à répétition de nombreuses plateformes d’échanges comme Celsius Network ont mis en lumière des stratégies de gestion hasardeuses, voire frauduleuses, concernant l’utilisation des fonds des clients. Or, ces plateformes d’échanges sont un premier point d’entrée pour les nouveaux investisseurs particuliers et donc un vecteur important de démocratisation.
A ce jour, seul le géant américain Coinbase a des obligations de publications de ses réserves ayant une validité juridique en sa qualité d’entreprise cotée au Nasdaq. Les 120 millions d’utilisateurs revendiqués par son principal concurrent Binance ne bénéficient nullement de la même transparence et doivent se contenter de sa bonne foi. Regagner la confiance passera donc notamment par la mise en place de véritables audits indépendants. C’est sur cette voie que semblait s’engager la collaboration entre Mazars Group et les plateformes Binance, Crypto.com et Kucoin. L’expérience a pour le moment tourné court. Mazars a suspendu le 16 décembre ses collaborations relatives à la fourniture de preuves de réserve avec les acteurs crypto, sans toutefois en donner les raisons précises.
Continuer à développer les infrastructures
Au milieu de la tempête, les principales blockchains ont continué à se développer pour attirer les investisseurs institutionnels, mais aussi dans l’optique d’améliorer l’expérience utilisateur notamment pour démocratiser l’utilisation de la finance décentralisée (DeFi).
Le 19 décembre lors d’une interview à Bankless, le co-fondateur et figure de proue du réseau Ethereum a réaffirmé sa volonté pour 2023 de briser le monopole de Facebook ou Google pour l’utilisation du web. Au-delà de l’aspect financier, la blockchain veut participer à construire l’infrastructure de l’internet de demain souvent appelé «Web3» qui serait basée sur des réseaux blockchain et crypto.
Après le succès technique de la transition écologique d’Ethereum appelée «The Merge» mi-septembre, qui permet de réduire sa consommation énergétique de plus de 99% pour son fonctionnement, l’écosystème devra continuer à développer les solutions appelées «Layer 2» visant à augmenter le nombre de transactions par seconde (TPS). Actuellement, les spécialistes estiment par exemple qu’Ethereum est capable de supporter au mieux 15 TPS, ce qui constitue un frein à sa croissance. Le développement des stablecoins décentralisés sera également scruté de près par le marché et les acteurs institutionnels du monde classique qui attendent des garanties supplémentaires concernant les infrastructures pour pleinement s’y engager.
S’insérer dans la réglementation
L’effet domino engendré par les différents crashs qu’a connus l’écosystème crypto en 2022 a poussé les régulateurs à réagir. Leur objectif est de trouver un compromis entre la protection des consommateurs sans tuer l’innovation. C’est cette voie que les acteurs cryptos devront adopter pour à la fois gagner en crédibilité et passer un cap. C’est notamment un enjeu important pour la finance décentralisée (DeFi) qui devra élargir ses cas d’usages à d’autres fins que spéculatives. Un objectif qui ne pourra être atteint que si les États favorisent la mise en place de passerelles entre les cas d’usages permis par la crypto et le monde traditionnel.
La tâche ne sera pas simple. Le développement des cryptoactifs demande en effet de redéfinir la réglementation de quasiment tous les secteurs de l’économie au niveau mondial. En témoigne la situation du jeu Sorare en France qui a dû prouver que son jeu de carte à jouer virtuelles ne s’apparentait à du pari sportif. Ou encore les discussions en Europe concernant la définition de chaque catégorie de cryptoactifs avec en première ligne les NFT (jeton non fongible). Les régulateurs ont du pain sur la planche.
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Washington - La Bourse de New York a terminé dans le vert jeudi, tirant profit de la détente monétaire amorcée la veille par la banque centrale des Etats-Unis (Fed) pour atteindre de nouveaux sommets. Les trois principaux indices de la place américaine ont atteint un nouveau record: le Dow Jones (+0,27%) à 46.142,42 points, le Nasdaq (+0,94%) à 22.470,73 points et le S&P 500 (+0,48%) à 6.631,96 points. «La frénésie boursière ne montre aucun signe d’essoufflement après la décision prise hier par la Fed» d’abaisser ses taux d’un quart de point pour les ramener dans une fourchette comprise entre 4% et 4,25%, résume Jose Torres, d’Interactive Brokers. Après neuf mois de statu quo, ce changement de direction monétaire était attendu par les investisseurs. Ces derniers sont donc surtout optimistes pour la suite. Selon la médiane des prévisions de la Fed, ses membres anticipent deux autres baisses de taux (d’un quart de point chacune) en 2025, ce qui impliquerait une nouvelle détente à chacune des réunions programmées d’ici la fin de l’année. «Les parties du marché sensibles aux taux, comme les petites capitalisations, réagissent positivement à cette annonce», souligne auprès de l’AFP Angelo Kourkafas, d’Edward Jones. L’indice Russell 2000, qui comprend 2.000 PME, a ainsi affiché une nette progression (+2,51% à 2.467,70 points), et effacé un record en clôture datant de 2021. La Fed s’est gardée mercredi de s’engager sur les futures baisses de taux. «Ce qu’elle nous a dit, c’est que les données continueront d’avoir beaucoup de poids», relève M. Kourkafas. Selon lui, la baisse des taux annoncée mercredi «doit être considérée comme une mesure préventive plutôt que comme une réaction à une récession économique ou à une forte hausse du chômage». Les nouvelles inscriptions aux chômage ont d’ailleurs reflué la semaine dernière (+231.000 contre +240.000 attendues), selon des données publiées jeudi, ce qui a permis aux investisseurs «de pousser un soupir de soulagement», estime Jose Torres. Cet indicateur a légèrement tendu le rendement des emprunts d’Etat américains, qui évoluait vers 20H15 GMT autour de 4,11% pour l'échéance à 10 ans, contre 4,09% la veille en clôture. Côté entreprises, le fabricant de semiconducteurs et microprocesseurs Intel s’est envolé, porté par l’annonce d’une prise de participation de son rival Nvidia d’une valeur de 5 milliards de dollars. Le titre de l’entreprise a bondi de 22,77% à 30,57 dollars, au plus haut depuis un an. L’action Nvidia a réalisé des gains plus modestes, prenant 3,49% à 176,24 dollars. Avec cet accord, Nvidia et Intel indiquent vouloir développer plusieurs générations de produits pour des centres de données, alors que le boom de l’intelligence artificielle (IA) génère d’immenses besoins en puces électroniques très performantes. Une grande partie du secteur des semiconducteurs a bénéficié de cette annonce, à l’instar de Micron (+5,56%), Qualcomm (+1,74%) et Marvell Technology (+4,58%). Le groupe Live Nation visé, comme sa filiale Ticketmaster, par une action en justice à l’initiative des autorités américaines, a perdu 2,77% à 164,68 dollars. L’agence de protection des consommateurs (FTC) et sept Etats américains reprochent à ces entreprises d’avoir permis à des revendeurs d’acheter des quantités substantielles de billets de spectacles et événements sportifs, en violation des limites d’achat puis de les revendre à des prix bien supérieurs. Nasdaq © Agence France-Presse -
Journée de mobilisation du 18 septembre : "La France n'a pas été bloquée", se félicite Bruno Retailleau
Paris - «La France n’a pas été bloquée» jeudi lors de la journée de mobilisation sociale, qui a rassemblé 506.000 personnes dans le pays, dont 55.000 à Paris, s’est félicité le ministre de l’Intérieur démissionnaire Bruno Retailleau. Le ministre a annoncé, peu après 20H00, 309 interpellations et 134 gardes à vue à la suite des actions et manifestations, où étaient présents «7.300 individus radicalisés, dangereux, black blocs». «Ils ont tenté, on l’a bien vu à travers les images, de troubler, de gâcher des cortèges et des manifestations mais heureusement nos forces de l’ordre» les ont «systématiquement» «contrés», a-t-il précisé lors d’un point de presse en sortant de la cellule interministérielle de crise relative à la journée de mobilisation nationale. Selon le ministre démissionnaire, 26 policiers et gendarmes ont été blessés. «Moi, je ne m’y habitue pas. Là encore, ça n’est pas normal». A Paris, le parquet a annoncé, à ce stade, 29 personnes en garde à vue, dont sept mineurs, «pour la très grande majorité, pour les infractions de participation à un groupement en vue de commettre des violences ou dégradations, violences sur personnes dépositaires de l’autorité publique, et port d’arme de catégorie D, cette catégorie désignant indifféremment gazeuse, couteau, etc». «On a compté à 19H00 700 actions de voie publique», c’est-à-dire «des tentatives de blocage, de filtrage ou des cortèges», a précisé Bruno Retailleau, et «140 actions de déblocages ont eu lieu, dont 18 à Paris». «Dans la quasi-totalité des cas», les manifestations se sont déroulées «dans de bonnes conditions en province, à Paris également», a-t-il encore dit. «Globalement, il y a moins de participation dans les grandes agglomérations» mais davantage «dans les plus petites agglomérations, dans des villes de province», avec «dans les cortèges beaucoup de présence syndicale et beaucoup moins (...) de présence de lycéens», a détaillé M. Retailleau. «C'étaient deux journées en une, il y avait le mouvement Bloquons tout le matin et ensuite les cortèges en fin de matinée et pendant l’après-midi», a-t-il relaté. «Les forces de l’ordre ont été très, très réactives et nous avons débloqué systématiquement celles et ceux qui prétendaient bloquer un certain nombre d’infrastructures, de lycées ou autres» et «ces interventions précisément ont permis d’assurer la libre circulation (...) sur l’ensemble des grands axes de circulation», a-t-il souligné, rappelant que 80.000 policiers et gendarmes avaient été mobilisés. © Agence France-Presse -
Pornographie : Free propose un VPN gratuit pour contourner la limite d'âge, un député signale l'opérateur à l'Arcom
Strasbourg - Le député PS Thierry Sother a annoncé jeudi qu’il saisissait l’Arcom, le gendarme du numérique, à la suite de la mise à disposition gratuite par Free d’un VPN permettant de contourner l’obligation de certifier son âge pour accéder à des sites pornographiques. Une loi entrée en vigueur cette année interdit aux mineurs l’accès aux sites pornographiques. Mais l’opérateur Free a annoncé mardi mettre gratuitement à disposition de ses abonnés à ses offres mobiles un réseau privé virtuel (VPN), un logiciel qui permet de cacher sa localisation réelle. «Ce dispositif permet à tous les abonnés -sans distinction d'âge- de masquer leur adresse IP, de simuler une connexion depuis l’Italie ou les Pays-Bas et donc de contourner les mesures de restriction d’accès à certains sites, y compris celles liées à la protection des mineurs», explique le député du Bas-Rhin dans un communiqué. L’initiative de Free «soulève de graves préoccupations», poursuit-il. «En offrant aux mineurs un moyen simple d'échapper à ces dispositifs, Free compromet directement l’efficacité et la portée de cette législation» sur la vérification de l'âge. Au-delà de cette loi, le VPN de Free «menace l’ensemble des futures régulations numériques visant à protéger les mineurs et les internautes français», avertit M. Sother. «En particulier, le projet annoncé par le gouvernement d’interdire l’accès aux réseaux sociaux pour les moins de 15 ans deviendrait inapplicable si des opérateurs fournissent eux-mêmes des outils généralisés de contournement». Dénonçant «un risque majeur pour la santé de nos enfants», le député annonce avoir saisi l’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (Arcom) «afin qu’elle enjoigne sans délai à l’entreprise Free de prendre les dispositions nécessaires au respect de la loi». «Le service VPN proposé par Free est un service qui existe déjà par ailleurs, et qui est proposé par de très nombreux acteurs du marché, en France comme à l’international», s’est défendu auprès de l’AFP l’opérateur. Free a aussi précisé offrir «un contrôle parental gratuit sur les offres mobiles», qui reste actif lorsque le VPN est activé, et permettre aux parents de garder le contrôle sur la ligne secondaire de leur enfant. Cinq sites internet pornographiques, qui avaient reçu une mise en demeure en août, ont mis en place des mesures de vérification de l'âge de leurs utilisateurs, a indiqué l’Arcom le mois dernier. Le géant du secteur Aylo, maison mère des plateformes Youporn, Pornhub et Redtube, a en revanche suspendu ses sites en France. Selon une étude menée sur le premier semestre 2024 par l’Arcom, près de 40% des enfants en France accèdent à des sites pornographiques chaque mois. © Agence France-Presse