
Ethereum entre dans une nouvelle ère avec «The Merge»

Ça y est, Ethereum fait le grand saut en étant sur le point de réaliser ce qu’aucune blockchain n’a réussi à faire jusque-là : changer sa méthode de consensus en plein fonctionnement. Pour certains, cela s’apparente au «changement du moteur d’un avion en plein vol», vu l’importance du défi relevé par les équipes de développeurs de la blockchain. Voici les points essentiels à connaître sur ce qu’implique cette transition appelée «The Merge», qui intervient entre le 13 et 15 septembre.
Passage en preuve d’enjeu
Actuellement, le réseau Ethereum fonctionne en preuve de travail (proof-of-work, PoW), une méthode de consensus sur laquelle repose notamment Bitcoin. Dans ce fonctionnement, les mineurs font tourner des cartes graphiques qui sont en compétitions les unes contre les autres pour trouver une combinaison de chiffres. La première machine à trouver cette combinaison gagne le droit de valider un bloc avec les transactions inscrites dans ce dernier et une récompense pécuniaire. Cette action permet au réseau d’être sécurisé.
Dans la nouvelle configuration, le réseau évoluera en preuve d’enjeu. Cette fois, ce sont des validateurs qui seront chargés de valider les blocs. Pour être sûr que tout le monde respecte les règles du jeu, les validateurs devront immobiliser dans le réseau 32 de leurs ethers, la cryptomonnaie native d’Ethereum. Un système de délation se met alors en place pour s’assurer que tous effectuent bien leur travail. En cas de manquement aux règles, des ethers stockés peuvent être confisqués ou détruits.
Ce changement sera un test grandeur nature pour la preuve d’enjeu car jamais une blockchain de la taille d’Ethereum, gérant près de 400 milliards d’actifs, ne l’avait adopté. La question sera de savoir si les incitations seront suffisantes pour que les validateurs restent afin de sécuriser le réseau sur le long terme. D’ailleurs, les ethers bloqués dans la blockchain le seront encore quelques mois après The Merge, pour éviter dans l’immédiat une baisse de sécurisation du réseau.
A noter que le changement de consensus ne modifiera pas les frais de transaction qui demeurent à ce jour un des freins parmi les plus importants à une adoption plus large d’Ethereum. C’est le développement des solutions de «layer 2», un niveau supplémentaire de transaction en vue de désengorger le réseau principal, qui devra les faire baisser.
Important pour l’image
Depuis décembre 2020 et le lancement de la Beacon chain, la blockchain sur Ethereum pour le moment hors réseau qui fonctionne en preuve d’enjeu et qui va donc remplacer celle fonctionnant en preuve de travail, ce grand changement de consensus a de nombreuses fois été repoussé en raison de sa mise en œuvre complexe. Selon la feuille de route initiale, le passage à la preuve d’enjeu était même prévu pour 2017.
Même si les figures de l’écosystème Ethereum insistent volontiers sur ce changement «sans précédent», il comporte de nombreux risques techniques. Des risques qu’assume l’icône du réseau Vitalik Buterin. Ce changement de consensus permettra à Ethereum d’éviter les débats actuellement récurrents autour de la consommation énergétique qui touchent le monde de la crypto.
A la différence de Bitcoin, Ethereum peut être miné par des particuliers, Vitalik Buterin ne voulant pas dès la naissance du réseau que son minage devienne industriel, comme c’est le cas pour Bitcoin depuis 2013. Même avec la baisse des cours, l’ether reste parmi les cryptomonnaies les plus rentables à miner. En conséquence, de plus en plus de machines ont été branchées au réseau, ce qui a porté sa consommation électrique à environ 100 térawattheures par an et contribue à la pénurie des cartes graphiques dans le monde du jeu vidéo. Avec cette évolution, Ethereum peut espérer voir de nombreux institutionnels se lancer sur le réseau à l’heure où les critères RSE prennent de plus en plus d’importance.
La décentralisation en question
Depuis décembre 2020, environ 14 millions d’ethers ont été déposés dans le réseau par près de 420.000 adresses. Mais le ticket d’entrée de 32 ethers, environ 55.000 euros au cours actuel, empêche mécaniquement n’importe qui d’être validateur sur le réseau. D’autant que tous les paramètres ont été réunis par les équipes d’Ethereum pour donner toutes ses chances à leur cryptomonnaie d’augmenter sa valeur dans les années à venir. Ce qui pourrait rendre encore plus prohibitif le prix d’entrée pour devenir validateur. Le risque est donc de voir des géants de la validation apparaître et menacer la décentralisation de la blockchain.
Résistance de certains mineurs
Les grands perdants de ce changement de consensus sont évidemment les mineurs qui ont contribué à sécuriser le réseau depuis son lancement en 2015. Ces dernières semaines, une fronde a émergé notamment portée par Justin Sun, le fondateur chinois de la blockchain Tron, présentée de quatrième génération et promettant un nombre de transactions beaucoup plus élevé qu’Ethereum à terme.
Pour continuer à utiliser leur matériel, la solution envisagée est de provoquer un fork d’Ethereum, c’est-à-dire créer une chaîne parallèle au réseau. Un événement qui s’est déjà produit à de nombreuses reprises dans l’écosystème crypto. Si des poids lourds du monde crypto comme Aave ou Chainlink ont déjà annoncé qu’ils n’accepteraient pas un jeton ETHW (ether obtenu par un minage en proof-of-work) alors que Binance, la plateforme d’échanges de crypto la plus utilisée du monde, a annoncé qu’elle prendrait en charge un hypothétique fork.
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