
Solvay et Rhodia annoncent leur mariage
Un vent de concentration souffle sur le secteur de la chimie. Quinze jours après l’annonce du rachat de l’américain Lubrizol par Warren Buffett pour 9 milliards de dollars, Solvay joue la surprise en lançant une OPA amicale sur Rhodia. Le groupe belge va débourser 3,4 milliards d’euros en numéraire, offrant 31,60 euros par action Rhodia (hors dividende de 0,50 euro), soit une prime de 50% sur le cours de vendredi et de 44% sur le cours moyen des trois derniers mois. Solvay offre également 52,3 euros par Oceane 2014.
Un prix «très attractif [pour les actionnaires de Rhodia] alors que les opérations se réalisent en général autour de +30% dans le secteur», note Aurel BGC. En valeur d’entreprise (VE), Rhodia est valorisée 6,6 milliards d’euros (dont 1,2 milliard de dette financière nette et 1,7 milliard d’engagement de retraite), soit un ratio VE sur excédent brut d’exploitation (Rebitda) de 7,3, contre une moyenne de 8,2 pour la période 2000-2010, relève Oddo. Solvay financera cette opération facilement, grâce aux 4,5 milliards d’euros en cash obtenus de la vente de sa pharmacie en septembre 2009 à l’américain Abbott.
Pour Solvay, le prix n’est «pas trop cher», compte tenu des économies anticipées, note Bank Degroof. Les deux partenaires misent sur 250 millions d’euros de synergies de coûts sur trois ans. Un tiers des synergies seront réalisées en interne (essentiellement des frais de structure). «On trouvera des solutions pour les collaborateurs qui feront l’objet de plans», assure Jean-Pierre Clamadieu, le PDG de Rhodia. Mais aucune restructuration industrielle ou de R&D n’est à attendre», en raison de l’absence de synergies industrielles. «A cinq fois l’Ebitda, la valorisation des synergies justifierait une création de valeur supérieure à 1,2 milliard d’euros sur les trois ans, validant la prime payée sur Rhodia», poursuit Aurel BGC.
Ce rapprochement se manifestera par un doublement du Rebitda, et par un effet positif sur le bénéfice dès la première année. De fait, Rhodia est plus rentable que son acquéreur avec une marge opérationnelle (Rebitda) de 17,3% en 2010, contre 15% pour Solvay. Le groupe belge réduira également sa cyclicité et accroîtra son exposition aux émergents de 25% à 40%.
Jean-Pierre Clamadieu, l’actuel PDG de Rhodia, sera nommé deputy CEO de Solvay, proposé comme administrateur en 2012, avant de prendre la succession de Christian Jourquin, qui atteindra le 27 juin 2013 l’âge de 65 ans, limite d’âge pour exercer un mandat au comité exécutif de Solvay. Son mandat doit être renouvelé en 2012 et pourrait être l’occasion du passage de témoin.
«Ensemble, avec l’actionnariat de Solvay [30% du capital appartient toujours à la famille fondatrice], nous avons la capacité d’être un acteur maître de son destin, [capable] d’aller plus vite avec plus de moyens», ajoute Jean-Pierre Clamadieu, évoquant des opportunités à saisir dans le «consumer chemical» ou dans les énergies renouvelables.
L’offre devrait être ouverte en juillet et devrait être suivie d’un retrait obligatoire. «Une contre-offre reste selon nous clairement peu envisageable», ajoute Aurel BGC. Si la structure du capital de Rhodia laisse théoriquement la place à une contre-offre, «nos premières recherches ne permettent pas d’identifier d’acteur disposant de bilan suffisamment solide pour surenchérir», conclut Oddo.
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