Paris lance une cellule de réflexion sur l’intelligence artificielle

Matignon a donné le coup d’envoi, le 19 septembre, d’un comité interministériel sur l’IA. Des chercheurs et des entrepreneurs devront lui faire des propositions d’ici à six mois.
IA intelligence artificielle
Le comité interministériel dédié à l’IA réunira pendant six mois une commission d’experts chargés de «forger la position de la France sur les enjeux de l’IA»  -  AdobeStock

La France veut prendre à bras-le-corps le sujet de l’intelligence artificielle. Le gouvernement vient de se doter d’un comité interministériel dédié à l’IA, lancé formellement mardi 19 septembre.

Il y réunira pendant six mois une commission d’experts, chargés de «forger la position de la France sur les différents enjeux de l’IA» qui font actuellement débat – enjeux culturels, de régulation, de service public, de souveraineté, et autour du marché du travail notamment. Ils seront chargés d’émettre «des propositions d’ici à six mois, avec un point d’étape et des premières propositions en novembre», précisent les services de Matignon. «ll s’agit de se poser les bonnes questions, alors que les modèles d’IA génératives évoluent vite».

Depuis que la start-up OpenAI a dévoilé ChatGPT en novembre dernier, puis levé 10 milliards de dollars auprès de Microsoft en janvier, ce jeune écosystème de robots conversationnels a suscité un bouillonnement sur les marchés et soulevé des questions éthiques inédites, que les Etats essaient d’encadrer.

Par définition, cet organe de concertation associant ministres et hauts fonctionnaires, sous l’autorité du Premier ministre, créé par décret, a vocation à se réunir de manière régulière afin de fixer les objectifs prioritaires des mois à venir. Plusieurs ministères seront amenés à travailler ensemble autour de ce comité, outre Matignon, tels Bercy, les ministères du Travail, de la Recherche, de la Culture, et de la Fonction publique.

Entrepreneurs et chercheurs réunis

Cette commission sera coprésidée par l’économiste Philippe Aghion, professeur au Collège de France, et par Anne Bouverot, présidente du conseil d’administration de l’École normale supérieure. Docteure en IA, elle a dirigé l’association mondiale des opérateurs mobiles GSMA ainsi que la société de technologie Morpho.

Une quinzaine de personnalités de premier plan siégeront aussi au sein de cette commission, tels les entrepreneurs Arthur Mensch, cofondateur de Mistral AI, la start-up IA tricolore à succès, Bernard Charlès, président de Dassault Systèmes, les chercheurs en IA Yann Le Cun (VP et Chief AI scientist chez Meta), Joëlle Barral (directrice scientifique chez Google), Luc Julia, un des concepteurs de l’assistant vocal Siri et aujourd’hui directeur scientifique de Renault, ainsi que l’ancien secrétaire d’Etat au numérique Cédric O.

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Paris a déjà engagé depuis longtemps une réflexion sur le rôle que peuvent jouer les Pouvoirs publics dans l’évolution inexorable de l’intelligence artificielle, rappelle Matignon. «Un travail interministériel a été mené de facto depuis 2018 pour élaborer le Plan IA français et pour préparer la régulation», soulignent les services de la Première ministre. De fait, Paris avait déjà annoncé un premier plan sur l’IA doté de 1,5 milliard d’euros, il y a cinq ans.

Et lors du salon technologique Vivatech, en juin dernier, Emmanuel Macron avait longuement développé sa vision du sujet, annonçant par la même occasion un plan de financement de 500 millions d’euros supplémentaires.

Paris a aussi commencé à se pencher sur les enjeux d’encadrement juridique et éthique de l’IA. Le gendarme des données personnelles, la Cnil, a créé un groupe de travail ad hoc, et publié en mai dernier un plan d’action «pour un déploiement de systèmes d’IA respectueux de la vie privée des individus».

Compétition technologique mondiale

Reste à savoir si la naissance de ce Comité interministériel ad hoc n’arrive pas un peu tard, dans un contexte de compétition technologique mondiale exacerbée. L’Union européenne a déjà largement avancé sur le terrain de la réglementation de ces systèmes. Le Parlement européen a adopté, en juin dernier, l’AI Act, projet européen - inédit à l'échelle mondiale - d’encadrement de l’IA, et la Commission a proposé, le 13 septembre, la mise en œuvre de ce «nouveau cadre mondial pour l’IA». Des réunions en trilogue ont déjà été lancées pour ce futur AI Act.

De son côté, la Grande-Bretagne a dévoilé, lundi 18 septembre, son propre guide de l’IA via son gendarme de la concurrence. Londres réunira cet automne le premier sommet mondial dédié à l’IA.

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