
Neoen teste la confiance des investisseurs dans les énergies renouvelables


Battre le fer pendant qu’il est chaud. Neoen a fait sien l’adage en lançant mardi une augmentation de capital de 750 millions d’euros, quelques jours après avoir revu en hausse ses besoins de fonds propres pour la période 2023-2025.
Bien qu’il s’agisse de l’une des plus grosses levées de fonds depuis le début de l’année sur le marché parisien, le titre ne réagit guère. En clôture, il n’a abandonné que 1% à 29,95 euros.
L’augmentation de capital se fera avec maintien des droits préférentiels de souscription, à raison de 8 actions nouvelles pour 25 existantes, a précisé Neoen dans un communiqué. Le prix de souscription a été fixé à 20,45 euros par action, ce qui fait ressortir une décote de 32% par rapport au cours de clôture de vendredi à 29,93 euros.
L’opération, réalisée du 10 au 22 mars inclus, voit intervenir JPMorgan SE, Natixis et la Société Générale en tant que coordinateurs globaux, chefs de File et teneurs de livres associés.
Une action chahutée en 2023
Si l’on tient compte de la baisse de près de 20% déjà accusée par le titre depuis le début de l’année, l’opération offre un point d’entrée intéressant pour des investisseurs souhaitant renforcer leur exposition aux énergies renouvelables.
Neoen est en effet un «pure player» du domaine, avec des ambitions fortes de croissance pour les prochaines années. A la fin 2022, le groupe disposait d’une capacité en opération ou en construction de 6,6 gigawatts, et vise 10 gigawatts en 2025 puis 20 gigawatts en 2030.
Cependant, «il faut s’attendre à d’autres opérations dilutives, Neoen évoluant dans un secteur intensif en capital», préviennent les analystes de Stifel. L’augmentation de capital annoncée ce mardi ne servira en effet qu'à couvrir les besoins du groupe jusqu’en 2025. «Dans un marché ayant vu les prix de l'électricité augmenter très fortement, Neoen accentue le rythme de ses investissements pour saisir les opportunités qui se multiplient, tant dans la commercialisation de contrats de vente d'électricité verte que dans celle d’offres innovantes et différenciantes en matière de stockage», indique le groupe dans une notice aux investisseurs.
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Des rendements moins élevés que pour les biocarburants
Neoen dispose du soutien de ses principaux actionnaires, dont le fonds Impala de Jacques Veyrat et Bpifrance, qui se sont engagés à souscrire pour un total d’au moins 329 millions d’euros à l’opération. Le fonds stratégique de participations (FSP), qui regroupe les principaux bancassureurs français afin d’accompagner, dans la durée, les «mid» et «large caps» tricolores, est également de la partie.
Reste à savoir si d’autres investisseurs institutionnels suivront, sachant qu'à court terme ils trouveront certainement de meilleurs rendements dans d’autres compartiments du secteur de l'énergie.
Les investissements dans les biocarburants et les solutions de mobilité électrique devraient générer des rendements supérieurs à 15%, contre 6% à 8% pour les énergies renouvelables pures (solaire et éolien), selon de récentes projections du pétrolier BP. Même les investissements dans des technologies relativement naissantes comme l’hydrogène ont des profils de rendement à deux chiffres.
Neoen vise quant à lui un taux de rentabilité interne (TRI) de 7,5% en moyenne pour ses projets en Europe et de 8,5% dans les autres pays de l’OCDE, où se concentrent la plupart de ses projets. Le groupe devrait dégager des rendements supérieurs dans le stockage d'électricité grâce à l’amélioration de la capacité de ses batteries, estime Stifel qui maintient sa recommandation d’achat sur le titre en raison du «profil clair de croissance à long terme» du groupe.
Les résultats de l’augmentation de capital de Neoen seront un bon indicateur de l’appétit des investisseurs pour l'éolien et le solaire, alors que d’autres sources d'énergie comme le gaz ou l’hydrogène suscitent aujourd’hui un fort intérêt.
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