Michelin scelle son départ de Russie

L’équipementier en pneumatiques vend ses activités locales à Power International Tires.
Michelin, champion du Pricing Power - Photo Bloomberg
Le groupe clermontois avait décidé après l’invasion de l’Ukraine de se retirer de Russie. L’opération aura pris quinze mois  -  © Bloomberg

Michelin en Russie, c’est fini. Le groupe auvergnat a annoncé, vendredi, la vente de ses activités russes à Power International Tires, actant sa sortie de la Russie, où il avait suspendu ses activités l’an dernier en raison de l’invasion de l’Ukraine décidée par Moscou. Un accord a été conclu avec Power International Tires pour le rachat de ses deux sociétés locales, Michelin Russia Tyre Manufacturing Company (MRTMC) et Camso CIS.

Pour Michelin, pas moins d’une quinzaine de mois auront été nécessaires pour passer de l’intention de cesser ses activités en Russie à un départ effectif. Dès mars 2022, le choix d’une suspension de ses activités locales, notamment de production, est effectué par le groupe dirigé par Florent Menegaux.

Trois mois plus tard, en juin 2022, le groupe se résout à un choix plus radical et décide de quitter le pays. Les comptes semestriels de l’exercice 2022 portent les premières conséquences de cette décision.

Si les détails financiers de cette opération de sortie ne sont pas dévoilés, les effets supplémentaires ne seront guère matériels. Michelin comptabilisera, au mois de mai 2023, une charge estimée à quelques dizaines de millions d’euros correspondant aux écarts de conversion. Cette charge n’a pas d’effet sur les objectifs financiers fixés pour 2023, a précisé le groupe. Interrogé par L’Agefi, Michelin évoque un «impact bilantiel» total de 250 millions d’euros entre 2022 et 2023.

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Impasse pour une reprise par le management local

Michelin était présent en Russie depuis 1997 et disposait même depuis 2004 d’une usine locale à Davydovo, qui est situé à 80 kilomètres à l’est de Moscou.

Le site, qui comptait environ 750 personnes – sur un total de 1.000 revendiqué par Michelin dans le pays –, représentait environ 1% des volumes totaux de pneus tourisme produits par le groupe, la Russie représentant pour sa part environ 2% des ventes.

«Cet accord, qui fait suite à plusieurs mois de travail et à l’étude de différentes options, vise à préserver des emplois, principe qui a guidé les réflexions du groupe Michelin à chaque étape de ce projet», a déclaré Michelin, qui estime que 250 emplois devraient être sauvegardés.

Comme pour d’autres groupes industriels confrontés à un retrait de Russie, le chemin a été long de l’intention aux actes. «L’option de transmission de l’activité au management local, malgré tous les efforts des équipes du groupe, n’a pu aboutir, en raison de difficultés importantes ne permettant pas de rendre ces activités autonomes.» Or, des chaînes d’approvisionnement à la logistique en passant par la préservation de la propriété intellectuelle, l’intégration industrielle vire au casse-tête quand il s’agit de dénouer des liens. Le repreneur Power International Tires ne devrait d’ailleurs pas poursuivre la production locale. Selon Michelin, le site de Davydovo sera repositionné sur des seules activités logistiques.◆

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