
Mersen fait son retour au SBF 120 avec un ambitieux plan de croissance


Retour gagnant. Le groupe industriel Mersen réintègre ce lundi l’indice SBF 120 qu’il a quitté voilà plus d’une décennie, avec un regard résolument tourné vers un avenir durable.
L’ancien Carbone Lorraine, qui a changé de nom en 2010 pour refléter son internationalisation et sa diversification bien au-delà du carbone, s’est profondément transformé tout au long d’une histoire qui remonte à la fin du 19e siècle. Le groupe, qui siège à la Défense, s’appuie aujourd’hui sur deux piliers : les matériaux avancés, tels que le graphite ou le carbure de silicium, qui pèsent actuellement 56% du chiffre d’affaires, et les spécialités électriques, tels que les fusibles industriels ou les parasurtenseur, qui représentent 44% de l’activité.
Mersen est incontournable sur nombre de ces produits de niche, destinés aux industries de haute technologie, telles que l'éolien, le solaire, les véhicules électriques, les transports et l’aéronautique. L’entreprise revendique notamment la place de numéro un mondial des composants passifs pour l'électronique de puissance et des équipements anti-corrosion en graphite.
Comptant plus de 7.000 employés, Mersen est présent dans 34 pays et dispose de 50 sites industriels et 18 centres de recherche et développement (R&D). Arborant une croissance de 30% depuis 2020, le chiffre d’affaires a franchi la barre symbolique du milliard d’euros l’an dernier, tandis que la capitalisation boursière avoisine les 800 millions d’euros, soit 160% de plus qu’il y a trois ans.
Le groupe ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. A l’horizon 2027, Mersen vise un chiffre d’affaires proche de 1,7 milliard d’euros. En moyenne, cela implique une croissance organique de 9% par an, calcule Julien Onillon, analyste chez Stifel, qui tablait jusque-là sur «seulement» 6%. En parallèle, l’entreprise veut faire progresser sa marge opérationnelle courante de 10,9% à 12%, plus ou moins 50 points de base, en 2027.
Thomas Renaud, analyste chez Gilbert Dupont, juge ces perspectives «attractives et crédibles», et estime qu’il existe «un potentiel de bonne surprise» sur ces objectifs.
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Accélération dans la transition énergétique
De son côté, Julien Onillon salue un plan «ambitieux» qui «confirme que le groupe est entré dans une dynamique de croissance exceptionnelle liée à la transition énergétique».
Pour tracer sa route, Mersen souhaite en effet accélérer sur les marchés des semi-conducteurs, des véhicules électriques et des énergies renouvelables. Ces débouchés devraient représenter près de 45% des ventes en 2027, contre seulement 27% l’an dernier, grâce à une croissance moyenne annuelle de plus de 20%.
Un contrat majeur remporté la semaine dernière illustre à merveille cette stratégie. Mersen fournira à la société américain Wolfspeed des produits à base de graphite destinés à l’industrie du carbure de silicium. Cette commande pourrait représenter près de 400 millions de dollars (375 millions d’euros) de chiffre d’affaires sur cinq ans.
Pour s’assurer un avenir durable, Mersen pourra aussi compter sur «ses gains de productivité et son excellent ‘pricing power’ qui devraient lui permettre de compenser la progression des coûts de l'énergie et des matières premières», souligne Thomas Renaud.
Cette capacité à relever ses prix est renforcée par la relation privilégiée que le groupe entretient avec ses clients. «Mersen produit à proximité de ses clients et les accompagne avec ses services de R&D pour leur fournir des produits sur mesure», explique l’analyste, qui estime que ces derniers représentent les deux tiers du chiffre d’affaires.
Investissements massifs
Pour matérialiser ses ambitions à l’horizon 2027, Mersen va déployer un plan d’investissement massif. «Le groupe va investir ainsi près de 400 millions d’euros dans les prochaines années pour augmenter ses capacités de production et réaliser des acquisitions ciblées», a indiqué Luc Themelin, le directeur général, le 14 mars dernier lors de la publication des résultats annuels.
Sur la seule année 2023, Mersen prévoit d’investir entre 150 millions et 200 millions d’euros. Le bond est conséquent par rapport aux 97 millions d’euros de 2022. Il est même gigantesque par rapport aux 30 millions d’euros annuels que l’entreprise investissait habituellement voilà cinq à six ans, relève Julien Onillon (Stifel). Cela pourrait conduire le groupe à réaliser une augmentation de capital, a indiqué Mersen.
Pour l’heure, tous les feux semblent au vert sur la route de Mersen. Selon les données de FactSet, les analystes affichent en moyenne une recommandation «acheter» sur la valeur, avec un objectif de cours de 49,52 euros, soit un potentiel de progression de 30% par rapport au cours de clôture de vendredi soir.
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