Les Big Tech se mettent aussi à racheter leurs titres

Apple a battu les records avec un programme de rachat d’actions de 90 milliards de dollars en 2022.
Tim Cook Apple
Tim Cook, le successeur de Steve Jobs à la tête d'Apple, n'a jamais témoigné de réticences à l'égard des rachats d'actions  -  Photo Apple.

Les géants technologiques se convertissent eux aussi au rachat d’actions. Le mécanisme est bien connu à Wall Street : il permet de réduire le nombre d’actions en circulation sur le marché en les rachetant, et donc d’augmenter mécaniquement le cours de Bourse.

Autre atout, ces opérations permettent à l’entreprise de faire croître son bénéfice par action de manière bien plus rapide que ses revenus - un facteur éminemment sensible auprès des investisseurs. «Au début du phénomène des rachat d’actions, l’entreprise considérait que la société était sous-valorisée, que le cours n’était pas mérité, il envoyait ainsi un signal fort. C’était aussi une manière d’utiliser son cash», estime Benoît Flamant, responsable actions au sein de la société de gestion patrimoniale Corraterie Gestion. «Mais aujourd’hui, c’est devenu un outil récurrent, sauf quand la société a une très forte croissance.»

Apple s’est illustrée en la matière en autorisant l’an dernier le plus gros rachat d’actions programmé parmi les entreprises américaines : elle avait annoncé en avril 2022 un programme de rachat d’actions de 90 milliards de dollars (95 milliards d’euros) pour les redistribuer à ses actionnaires, après avoir dépensé 88,3 milliards de dollars en rachats en 2021.

La firme de Cupertino est devenue coutumière du fait depuis 2018. Si, en 2017, elle n’a effectué «que» pour 33 milliards de dollars de rachats d’actions, le montant a bondi à 73 milliards en 2018, puis 67 milliards en 2019, selon les données de Bloomberg.

Et les analystes prévoient qu’elle va poursuivre des rachats importants au cours des deux prochaines années. Apple devrait racheter plus de 90 milliards de dollars d’actions pour 2023 et 2024, toujours selon Bloomberg.

A lire aussi: Les Gafam brûlent leur cash en rachats d’actions

Changement d’ère

Pourtant, l’ancien patron d’Apple, Steve Jobs, avait toujours refusé d’envisager de tels rachats d’actions, estimant que ce n'était pas son travail de gérer les actionnaires d’Apple, déclarait-il en 2008, alors que les premiers ‘superprofits’ liés au succès de l’iPhone – 18 milliards de dollars de réserves en cash et en investissements à court terme - aiguisaient les appétits de certains investisseurs. Le fondateur du groupe estimait que les profits générés par sa société devaient être réinvestis, en premier lieu dans l’innovation, plutôt qu’utilisés pour flatter ses actionnaires.

Mais les choses ont changé, plus encore depuis l’arrivée de Tim Cook à la tête de la firme à la pomme en 2011. «Tim Cook n’avait aucun problème avec le rachat d’actions, et la croissance d’Apple ralentissait. Il a entendu les actionnaires», précise Benoît Flamant.

Apple a généré de plus en plus de cash au fil des années, étant même la seule Big Tech à être passée au travers d’une année 2022 difficile, sans pertes ni plan social. La société, désormais valorisée près de 2.300 milliards de dollars, a généré un flux de trésorerie disponible à fin septembre 2022 de plus de 122 milliards de dollars, un montant record.

Les autres Big Tech ne sont pas en reste. Alphabet (Google) a racheté plus de 59 milliards de dollars de ses actions en 2022, contre 50 milliards en 2021. Le géant du e-commerce Amazon a dévoilé un programme de rachat d’actions de 10 milliards de dollars en mars 2022. Meta (Facebook), pour sa part, a racheté 27,9 milliards de dollars au cours de l’année 2022. Et lors de la présentation de ses résultats annuels, en février dernier, elle a autorisé 40 milliards supplémentaires de rachats d’actions, portant l’autorisation totale à près de 51 milliards de dollars pour cette année.

La retombée de la «bulle» liée au Covid-19 et aux confinements n’y est pas étrangère. Ceux-ci avaient fait exploser les usages numériques – et la valorisation boursière de plusieurs géants technologiques, qui ont recruté à tour de bras en 2020. C’est pour cela que plusieurs ont dû licencier massivement fin 2022. « Ils ont été confrontées à l’exigence des actionnaires d’améliorer leur marge, de donner des dividendes », précise Benoît Flamant.

Un évènement L’AGEFI

Plus d'articles Rachats d'actions

Contenu de nos partenaires

Les plus lus de
A lire sur ...