
Le marché boude les projets d’investissement d’Inditex


Pour sa toute première année à la présidence d’Inditex, Marta Ortega, fille du fondateur du géant de l’habillement espagnol, ne pouvait espérer mieux : le premier distributeur mondial de prêt-à-porter a littéralement pulvérisé les records en 2022. Le propriétaire de Zara a enregistré une hausse de 27% de son bénéfice net l’an dernier à 4,1 milliards d’euros et une progression des ventes en magasin et en ligne de 18 % à 32,56 milliards d’euros. De quoi creuser encore l’écart avec son rival suédois H&M, lequel a vu ses bénéfices diminuer l’an dernier sous l’effet de l’augmentation des coûts de fabrication des vêtements.
Pour les deux géants de l’habillement, les premiers chiffres de vente en ce début d’année restent positifs : le numéro deux de la mode a vu ses ventes nettes augmenter de 12% pour la période de décembre à février. Chez Inditex, les collections printemps-été 2023 ont dopé les ventes à hauteur de 13,5 % sur un an. Au vu de cette dynamique de croissance, le numéro un mondial du textile prévoit une hausse de 29% du dividende versé à ses actionnaires pour l’exercice 2022.
Malgré la conjoncture, le groupe d’habillement espagnol continue à capitaliser sur une stratégie mise en place il y a quelques années et consistant à avoir des magasins plus grands et moins nombreux en ligne avec l’e-commerce. La surface de vente totale en mètres carrés a encore baissé de 6% alors que les ventes en magasin ont progressé de 23%. A titre de comparaison, les ventes en ligne ont augmenté de 4% à 7,8 milliards d’euros l’an dernier. Parallèlement à cette politique d’optimisation de l’espace de vente, le propriétaire de Zara a fermé l’an dernier ses 514 magasins en Russie et ses 82 points de ventes en Ukraine.
Investissements massifs
Malgré ce bilan, le cours de bourse d’Inditex affichait le 15 mars un repli de plus de 5% dans la journée. En cause : un plan d’investissement beaucoup plus ambitieux qu’anticipé à quelque 1,6 milliard d’euros : «Continuer à investir dans la croissance future est exactement ce qu’il faut faire», s’est défendu Oscar Garcia Maceiras, DG d’Inditex lors d’une conférence avec les analystes.
Le géant espagnol va progressivement supprimer ses étiquettes rigides dans les magasins l’année prochaine pour les remplacer par une nouvelle technologie. Il prévoit aussi d’investir dans l’automatisation de ses centres en Espagne afin d’en améliorer l’efficacité. Pour la première fois depuis quatre ans, l’entreprise de mode souhaite aussi étendre son réseau de magasins. Elle veut ainsi exporter sa chaîne spécialisée dans les sous-vêtements et le sportswear Oysho au Royaume-Uni et sa marque d’habillement femmes Stradivarius en Allemagne.
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Les Etats-Unis, le deuxième marché d’Inditex, est aussi en ligne de mire, avec le développement prévu de plus de 30 projets - ouvertures, expansions ou relocalisations comprises - entre 2023 et 2025. «Aux États-Unis, sur 100 dollars vendus dans la mode, nous représentons moins de 50 cents, nos opérations en ligne sont très puissantes, elles fonctionnent très bien, et c’est un pays très important pour le commerce numérique», a détaillé Oscar Garcia Maceiras lors d’une conférence de presse. Cette volonté d’accélération «semble réalisable», selon Richard Chamberlain, analyste chez RBC Capital Markets : «Inditex possède seulement quelque 2% du secteur de la mode mondiale d’une valeur de 1.500 milliards de dollars, ce qui lui laisse l’ample possibilité de gagner des parts de marché sur des spécialistes moins solides, des magasins indépendants ou encore des grands magasins» conclut l’analyste.
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