Le géant chinois Tencent se lance à son tour dans la bataille de l’IA

Le groupe technologique est le dernier en date à dévoiler son robot conversationnel. Plusieurs conglomérats chinois veulent concurrencer ChatGPT et Bard, avec la bénédiction de Pékin.
Tencent, jeux vidéo, services internet et mobiles
Le robot conversationnel Hunyuan de Tencent vise les entreprises chinoises  -  photo Tencent

La Chine accélère à son tour dans la course à l’intelligence artificielle. Le 7 septembre, le géant chinois des technologies Tencent, éditeur du média social WeChat, a dévoilé à son tour son robot conversationnel (chatbot) appelé Hunyuan destiné aux entreprises. Lors d’une démonstration en public à Shenzhen, il a déclaré que Hunyuan était devenu la base de plus de 50 de ses produits et services.

La Chine essaie de rattraper le train de l’émergence des IA génératives américaines comme ChatGPT ou Bard de Google, capables de répondre instantanément à des questions ou de produire des contenus en fonction des requêtes des utilisateurs.

Avec Hunyuan Aide, proposé pour l’instant sur invitation, Tencent cible les entreprises chinoises. Aucune date de lancement pour le grand public n’a été annoncée pour l’instant. Hunyuan Aide possède «une puissante capacité d'écriture en chinois, la capacité de faire des déductions logiques dans des contextes linguistiques compliqués, et est fiable pour l’exécution des tâches», a souligné Tencent dans un communiqué. Pour la firme, c’est sûr, son outil surpasse déjà ChatGPT-4 et le modèle Llama 2 de Meta Platform.

Quelques jours avant, le 31 août, le moteur de recherche Baidu a été le premier géant chinois de la tech à lancer en Chine Ernie Bot dont la sortie avait été dévoilée fin février. Mais sa version bêta n'était dans un premier temps disponible que de façon limitée, en mandarin et dans certains dialectes de Chine. Or sa version définitive comprend aussi les questions en anglais.

Plan chinois de développement pour l’IA

Toutes ces initiatives sont menées avec la bénédiction de Pékin, qui y voit un nouveau terrain de bataille géopolitique avec les Etats-Unis.

Ce n’est pas nouveau : le gouvernement chinois avait annoncé la couleur dès juillet 2017 en présentant son plan de développement pour l’IA, et en investissant des milliards de dollars, y compris auprès de champions nationaux tels que Huawei et Baidu. Avec un objectif, faire de la Chine le leader mondial de l’IA à l’horizon 2030. Puis en mai 2019, l’Académie de Pékin en IA publiait le «Consensus de Pékin», un document de 15 articles édictant des principes visant à encadrer la recherche et développement, l’utilisation et la gouvernance de l’IA.

Aujourd’hui, Pékin accélère son soutien aux entreprises nationales dans le domaine de l’IA pour rivaliser avec les géants comme OpenAI-ChatGPT et consorts qui suscitent des débats en Chine, où ils ne sont pas accessibles. Mais la Chine encadre de près cette effervescence de projets autour de l’IA. C’est ainsi le seul pays à imposer aux entreprises des évaluations de sécurité et une autorisation préalable avant de pouvoir lancer des produits d’IA sur le marché du grand public, via son tout-puissant régulateur, l’Administration du cyberspace de Chine.

Cela n’empêche pas que la bataille soit ouverte entre les champions chinois de la tech, qui dégainent leurs outils équivalents à ChatGPT d’OpenAI. Onze groupes, dont Baidu, ByteDance, et SenseTime ont récemment reçu le feu vert des autorités et lancé leurs outils d’IA dans le pays. Trois start-up, Baichuan Intelligence, Zhipu AI et MiniMax, ont de leur côté confirmé avoir reçu l’approbation du gouvernement.

Frénésie boursière

Après l’Occident, ces annonces ont aussi suscité une certaine frénésie boursière en Chine. Le 6 septembre, Baidu profitait d’un rallye boursier, voyant sa valorisation bondir de 23 milliards de dollars par rapport à son plus bas, en octobre dernier. Peu après son lancement pour le grand public, Ernie Bot a rapidement attiré un million d’utilisateurs et s’est hissé en tête du classement des téléchargements d’applications du pays. «Pour Baidu, c’est sans aucun doute une surprise positive, alors que les acteurs du marché et les entreprises attendent tous des approbations [de Pékin] pour se lancer à une date ultérieure», écrivait dans une note Boris Van, analyste chez Bernstein. Les premières sociétés à obtenir le feu vert des pouvoirs publics auront une «prime au premier arrivant, car elles seront en mesure d’ajuster leurs produits à l’avance par rapport aux autres», souligne Kai Wang, analyste chez Morningstar. Mais les investisseurs restent attentistes sur la rentabilité de ces services d’IA : «Nous ne nous attendons pas à une monétisation immédiate», relève Morningstar.

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