
Le déménagement de Ferrovial aux Pays-Bas enflamme Madrid


A Madrid, «l’affaire Ferrovial» déchaîne les passions. L’exécutif espagnol n’a pas mâché ses mots pour condamner le projet de transfert du siège du groupe d’infrastructures de Madrid aux Pays-Bas où est située sa filiale Ferrovial International SE, prélude à une demande de cotation aux États-Unis.
La Ministre de l’économie Nadia Calviño a souligné que l’entreprise, qui «devait tout à l’Espagne», faisait preuve «d’un manque d’engagement envers son pays». La ministre, qui s’est entretenue le 1er mars avec Rafael del Pino, directeur général de Ferrovial, a indiqué attendre de connaître les détails du transfert «afin d’analyser et de suivre de près les implications possibles de cette décision erronée». Signe de l’émoi provoqué dans le pays, la présidente de la Banque centrale européenne Christine Lagarde a été invitée hier à commenter le sujet sur une chaîne de télévision espagnole. Si elle n’a pas souhaité se prononcer sur le cas spécifique de Ferrovial, la présidente de la BCE a néanmoins réaffirmé l’importance d’avancer vers une Union des marchés de capitaux qui mettra fin à la fragmentation actuelle en permettant de répondre aux besoins des grandes entreprises européennes.
Pour l’exécutif espagnol, qui a fait de l’attractivité des capitaux étrangers l’une de ses priorités, cette décision tombe mal. Les dirigeants d’un certain nombre d’entreprises nationales lui tiennent néanmoins rigueur d’avoir imposé des taxes temporaires sur les énergéticiens et les banques. Pour Ferrovial, cette réorganisation n’a pourtant d’autre objectif que d’aligner «la structure de l’entreprise à son profil international» : en 2022, «82% des revenus du groupe étaient générés hors d’Espagne, et la valeur de ses fonds propres est internationale à plus de 90%», indique l’entreprise dont 93% des investisseurs sont étrangers.
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Cotation aux Etats-Unis
Une cotation sur le marché néerlandais, en parallèle au maintien d’une cotation à Madrid, permettra aussi de «renforcer l’internationalisation de Ferrovial tout en lui permettant de conserver ses racines espagnoles». Le groupe met ainsi en avant la notation AAA du pays et la stabilité de son cadre juridique. La transaction doit aussi permettre de faciliter la future demande de cotation sur le marché américain, où le groupe voit «son plus gros potentiel de développement». «La réorganisation n’affectera pas l’activité de Ferrovial, les emplois ou les plans d’investissement en Espagne ou dans d’autres pays où l’entreprise opère actuellement», a tenu à rassurer Ferrovial. «L’ajout d’une cotation aux Etats-Unis fait sens pour Ferrovial dont près de 80% de la valeur de l’actif se situent en Amérique du Nord», estime Jefferies, «l’accès aux marchés de capitaux locaux facilite les opportunités de croissance sur le plus long terme». La finalisation de la réorganisation est attendue au deuxième ou au troisième trimestre 2023.
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