
L’Afep-Medef révise son code pour parer à la polémique Renault
Eteindre l’incendie Renault au plus vite. Pierre Pringuet, le président de l’Afep et Pierre Gattaz, son homologue du Medef, doivent présenter ce matin des pistes de révision du code de gouvernement d’entreprise Afep-Medef. Et notamment préciser la manière dont le conseil d’administration d’un émetteur doit réagir après un vote négatif en assemblée générale sur les rémunérations des dirigeants. Une conférence de presse convoquée en urgence alors que la polémique enfle sur les limites de l’autorégulation dans ce domaine, après le vote négatif, le 29 avril, des actionnaires de Renault sur la rémunération 2015 du PDG Carlos Ghosn, et surtout l’absence de réaction du conseil d’administration. Les critiques sont venues du propre camp patronal, à l’instar du PDG de Total.
Le ministre de l’Economie Emmanuel Macron, puis le président François Hollande, ont fait planer la menace d’une intervention législative. Le rapporteur du projet de loi Sapin 2, le socialiste Sébastien Denaja, entend déposer un amendement au texte pour rendre contraignant et non plus consultatif le vote des actionnaires en AG sur la rémunération des patrons. Ce «say on pay» contraignant figure aussi au menu d’une proposition de loi.
Hier, le Haut Comité de gouvernement d’entreprise (HCGE), qui incarne l’autorégulation, est lui aussi sorti du bois. Il a transmis au PDG de Renault et au président du comité des rémunérations, Patrick Thomas, «ses recommandations concernant la prise en compte du vote négatif des actionnaires de cette société sur la rémunération du dirigeant». Le HCGE réclame «des évolutions significatives du mode de rémunération», sans préciser de date d’application, et sans les détailler publiquement. Mais si les réponses de Renault ne le satisfont pas, «le HCGE se réserve le droit de prendre la parole», soulignait hier un proche.
Dans Le Figaro, Patrick Thomas a promis des réformes de la rémunération des dirigeants pour l’année en cours. «Je suis parfaitement conscient que le vote des actionnaires du 29 avril nous oblige, mais cela demande du temps, s’est-il défendu. Le tempo du conseil n’est pas celui de l’opinion. Nous serons, dans les prochaines semaines ou dans les prochains mois, en mesure de présenter de nouvelles modalités de rémunération pour l’année 2016 et les suivantes.»
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La Bourse de Paris en légère hausse, face à la perspective d'une baisse des taux de la Fed
Paris - La Bourse de Paris évolue en légère hausse vendredi, face à la perspective d’une baisse des taux de la Réserve fédérale américaine (Fed), et dans l’attente de la révision de la note française par l’agence de notation Fitch. Le CAC 40 prenait 0,11%, vers 7h30 (heure de Paris) à 7.829,30 points. La veille, l’indice vedette parisien avait grimpé de 0,80%. Plusieurs «éléments nourrissent les anticipations d’une baisse des taux de la Fed dès la semaine prochaine», relève John Plassard, responsable de la stratégie d’investissement chez Cité Gestion Private Bank. Des données économiques ont renforcé les attentes ces dernières semaines. D’une part, la première économie mondiale commence à montrer «une nette dégradation de l’emploi», perçue comme un signe de ralentissement économique, donnant à la Fed des marges de manœuvre pour abaisser ses taux afin de soutenir l’activité, ajoute l’analyste. D’autre part, l’inflation du mois d’août, publiée jeudi, a certes accéléré mais correspond globalement aux attentes du marché, et ne constitue donc plus, selon les analystes, un obstacle à un assouplissement monétaire de la banque centrale américaine. Ces chiffres «ont donné raison à ceux qui réclament une baisse des taux dès la semaine prochaine» et «deux autres baisses sont désormais anticipées d’ici la fin de l’année», selon Ipek Ozkardeskaya, analyste chez Swissquote Bank. Une baisse des taux est généralement bonne pour les actions car elle permet aux entreprises de se financer à moindre coût, ce qui améliore les perspectives d’investissement et donc d’activité. Dans l’attente de Fitch Autre point d’attention des investisseurs parisiens: la révision de la note de la dette française par l’agence de notation Fitch. Au vu de la récente évolution de la situation politique et budgétaire française, de nombreux experts tablent sur une dégradation, avec un risque de basculement de l’emprunt hexagonal en catégorie A (qualité «moyenne supérieure»). La censure du gouvernement de François Bayrou, remplacé par Sébastien Lecornu, et les difficultés à trouver un consensus politique sur le budget 2026, ont déjà fait augmenter la prime de risque de l’obligation française sur les marchés ces dernières semaines. Dans ce contexte, le taux de l’emprunt français à dix ans atteignait 3,46%, contre 3,44% la veille en clôture. Changements sur le CAC L’opérateur boursier Euronext (+0,65% à 138,50 euros) va intégrer, à partir du 19 septembre, le CAC 40 à la place du géant des centres d’appels Teleperformance (-0,19% à 63,50 euros), selon la révision trimestrielle de l’indice dévoilée jeudi. Depuis le 1er janvier, le titre d’Euronext a bondi de plus de 28% et sa capitalisation boursière atteint actuellement près de 14 milliards d’euros. Sur la même période, Teleperformance a chuté de 23% et sa valorisation boursière s'élève désormais à 3,8 milliards d’euros. Contrat au Brésil pour Vallourec L’industriel Vallourec (+5,17% à 16,10 euros), spécialiste des tubes en acier sans soudure pour le forage et l'énergie, a annoncé jeudi avoir signé un «accord de long terme» pour jusqu'à un milliard de dollars (852 millions d’euros) avec le géant brésilien de l'énergie Petrobras. © Agence France-Presse -
Népal : après les émeutes meurtrières, l'armée poursuit les tractations politiques
Katmandou - Les tractations politiques s’accélèrent vendredi au Népal autour du chef de l’armée pour tenter de nommer un nouveau Premier ministre, après les émeutes anti-gouvernementales du début de semaine, qui ont fait au moins 51 morts. Depuis mercredi, le général Ashok Raj Sigdel reçoit et consulte de nombreuses personnalités pour trouver un successeur à KP Sharma Oli, contraint mardi par la rue à présenter sa démission. Il devait s’entretenir vendredi après-midi avec le président Ramchandra Paudel, l’ex-cheffe de la Cour suprême, Sushila Karki, et une figure de la contestation, Sudan Gurung, a annoncé à l’AFP un porte-parole des manifestants, Nimesh Shresth. Réputée pour son indépendance, Mme Karki, 73 ans, est pressentie pour prendre la tête de la transition mais elle ne fait pas l’unanimité, notamment parmi les jeunes manifestants. La crise - la plus meurtrière survenue au Népal depuis l’abolition de la monarchie en 2008 - a débuté lundi, lorsque la police a ouvert le feu sur des jeunes manifestants qui dénonçaient le blocage des réseaux sociaux et la corruption des élites. Une vingtaine de manifestants ont été tués, des centaines d’autres blessés, nourrissant l’indignation et la colère de la population. Le lendemain, le chef du gouvernement a tenté de reprendre la main en ordonnant le rétablissement de Facebook, Youtube et X et promis une enquête «indépendante» sur les violences policières. Mais rien n’y a fait: des jeunes réunis sous une bannière «Génération Z» ont investi les rues de la capitale Katmandou et mis à sac de nombreux bâtiments publics, résidences de dirigeants politique et autres symboles du pouvoir. «Très tendu» Le parlement a été incendié, comme la résidence du Premier ministre, qui n’a eu d’autre choix que de présenter sa démission. Âgé de 73 ans, le chef du Parti communiste (maoïste) népalais, qui a dirigé quatre fois le gouvernement depuis 2015, menait depuis 2024 une coalition avec un parti de centre gauche. Il incarnait l'élite dont la jeunesse du pays, largement privée d’emploi et lassée de la corruption, exigeait le départ. Les troubles ont fait «au moins 51 morts (...) dont 21 manifestants et 3 policiers», a déclaré vendredi à l’AFP un porte-parole de la police, Binod Ghimire. L’armée a repris le contrôle de la capitale. Ses soldats en armes, accompagnés de véhicules blindés et de chars, continuaient vendredi à patrouiller dans les rues désertes de Katmandou sous couvre-feu. Ses habitants ont été autorisés à sortir vendredi matin quelques heures pour se ravitailler, alors que se poursuivait le grand nettoyage engagé pour effacer les traces des destructions de mardi, ont constaté des journalistes de l’AFP. «Notre priorité, c’est de faire le plein de carburant parce qu’on a besoin de notre moto pour aller travailler», a déclaré à l’AFP Laxmi Thapa, 32 ans, ravie de pouvoir mettre le nez dehors. «On est sorti aujourd’hui car la situation s’améliore», s’est-elle réjoui aux côtés de son mari. «C'était très tendu, on est resté à l’abri chez nous». «Exigences» La gigantesque chasse à l’homme lancée pour retrouver les quelque 13.500 détenus qui ont profité des troubles pour s'évader de leur prison continuait à battre son plein dans tout le pays. Moins d’un millier ont été rattrapés à ce jour, certains sur le sol de l’Inde voisine, a précisé vendredi le porte-parole de la police: «12.533 sont toujours en cavale». Le président du Népal, Ramchandra Paudel, a promis jeudi de faire «tous les efforts» pour «trouver une issue à la situation difficile que connaît le pays». L’octogénaire, à qui la Constitution impose de nommer le Premier ministre, a promis d’y parvenir «aussi vite que possible» et «de satisfaire les exigences des citoyens qui ont protesté». Les discussions sont toujours animées dans les rangs des représentants de la «Génération Z», qui peinent à s’accorder sur un nom pour diriger une transition qu’ils veulent radicale. «Nous voulons que ça change», a exhorté jeudi Sudan Gurung. «Notre première exigence, c’est la dissolution du Parlement. Et la fin de la corruption doit être une priorité absolue». «Nous voulons la transparence du gouvernement, une éducation de qualité, des opportunités d’emploi et une vie digne», a énuméré un autre, James Karki, 24 ans, devant la presse. «Je veux croire que l’armée va nous entendre». Paavan MATHEMA © Agence France-Presse