
Le HCGE est très attendu sur la rémunération de Carlos Ghosn

Déni de démocratie actionnariale. Le tollé soulevé par la rémunération de Carlos Ghosn, PDG de Renault, et par l’attitude de son conseil d’administration ne devrait pas rester sans conséquences tant le débat est vif dans les milieux de la gouvernance.
Dans le cadre du «say on pay», les actionnaires de Renault ont rejeté vendredi à plus de 54% la rémunération de 7,2 millions d’euros de leur patron (1,23 million de fixe, 1,78 million de variable, et 4,8 millions en actions de performance). Cette rémunération ne prend pas en compte les 8 millions d’euros qu’il touche comme patron de Nissan. Alors que le vote consultatif sur la rémunération des dirigeants est appliqué en France depuis 2014, c’est la première fois qu’une résolution est rejetée.
Dans cette hypothèse, le code Afep-Medef prévoit que «le conseil, sur avis du comité des rémunérations, délibère sur ce sujet lors d’une prochaine séance et publie immédiatement sur le site internet de la société un communiqué mentionnant les suites qu’il entend donner aux attentes exprimées par les actionnaires lors de l’assemblée générale». Or, le conseil de Renault ne s’est pas vraiment conformé à cette obligation, puisque sur proposition de son comité de rémunération, il a approuvé le maintien de la rémunération de Carlos Ghosn. Le comité spécialisé reçoit simplement pour mission «d’examiner les évolutions utiles de la structure de rémunération pour les années 2016 et suivantes». Voilà de quoi faire réagir le Haut Comité de Gouvernement d’Entreprise (HCGE), chargé du suivi de l’application du code. Son président Denis Ranque, n’était pas joignable hier, pour commenter cette décision.
Une telle attitude ne peut que porter à s’interroger sur l’indépendance et le courage des administrateurs, en particulier du comité des rémunérations. D’autant que l’avertissement est ancien. Le «say on pay» n’avait été adopté qu’à 64% en 2014 et 58% en 2015.
Renault va-t-il changer de politique en matière? Ce n’est pas sûr, d’autant que le premier contestataire, l’Etat français avec plus de 26% des droits de vote grâce à la loi Florange, n’en aura plus que 17,9% (voire 20% si le quorum est supérieur à 70%) aux termes de la nouvelle convention passée entre l’Etat et le constructeur. Convention approuvée vendredi par 73% seulement des actionnaires de Renault. Un renoncement au droit de vote double qui montre aussi la schizophrénie de l’actionnaire public.
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