
EDF relève encore le coût de l’EPR de Flamanville

EDF a annoncé mercredi un nouveau nouveau report de la date de chargement du combustible pour le réacteur EPR de la centrale nucléaire de Flamanville, ainsi qu’une nouvelle hausse du coût à terminaison du projet, qui passe de 12,4 milliards à 12,7 milliards d’euros.
EDF prévoit désormais de charger le combustible au deuxième trimestre de 2023, contre fin 2022 auparavant. L’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) devra ensuite donner une autorisation dite de divergence pour permettre le début de la réaction en chaîne, a indiqué le directeur exécutif d’EDF en charge de la Direction Ingénierie et Projets Nouveau Nucléaire, Xavier Ursat, lors d’une conférence téléphonique avec des journalistes.
Suivront plusieurs paliers de montée en puissance du réacteur, qui sera couplé au réseau électrique quand il atteindra 25% de sa capacité et pourra entrer en service commercial après avoir atteint 100% de capacité, a ajouté Xavier Ursat. Le dirigeant s’attend ainsi à la production des premiers mégawattheures sur le réseau « avant la fin de 2023 ».
EDF prévoit en outre de remplacer le couvercle de la cuve du réacteur de l’EPR de Flamanville « après un premier cycle de fonctionnement », a indiqué Xavier Ursat. L’ASN a demandé à ce que cette opération soit réalisée avant la fin 2024.
Entré en construction fin 2007, le réacteur EPR de Flamanville devait initiallement démarrer en 2012 pour un coût estimé à 3 milliards d’euros. Face à ces multiples retards, le ministre de l’Economie, Bruno Le Maire, avait demandé à EDF un audit sur le chantier en 2019.
Le dernier retard dû aux reprises de soudures
« Avant de procéder au chargement du combustible dans la cuve du réacteur et à la réalisation des essais d’ensemble de démarrage, plusieurs activités sont encore à réaliser », dont la fin de la remise à niveau des soudures du circuit secondaire principal et l’intégration du retour d’expérience de l’aléa technique rencontré sur le réacteur de type EPR Taishan 1, a indiqué EDF.
Les activités de reprise des soudures, suite aux écarts détectés en 2018, sont la principale raison de ce nouveau retard, a précisé Xavier Ursat. Les opérations de remise à niveau des soudures du circuit secondaire principal devraient en effet être terminées en août 2022, et non en avril 2022 comme estimé auparavant.
Pas de remise en cause du modèle de l’EPR
Par ailleurs, le phénomène d’usure mécanique de certains composants d’assemblages observé sur le réacteur numéro un de la centrale chinoise de Taishan « ne remet pas en cause le modèle EPR », a par ailleurs précisé EDF.
Ce problème, qui a déjà été rencontré sur plusieurs réacteurs du parc nucléaire français, « n’est pas lié au niveau de puissance de l’EPR », a indiqué le directeur de la Direction technique, Nicolas Février.
En outre, les défauts identifiés l’année dernière dans deux centrales nucléaires françaises actuellement à l’arrêt, Civaux (Vienne) et Chooz (Ardennes), « ne concernent pas Flamanville », a déclaré Xavier Ursat. Ces deux centrales sont à l’arrêt après l’observation de phénomènes de corrosion sur les circuits de refroidissement de secours des réacteurs.
Au Royaume-Uni, les travaux de construction de la centrale EPR d’Hinkley Point C se poursuivent selon le planning établi et les montages des équipements électromagnétiques devraient démarrer « dans les prochains mois », a indiqué Xavier Ursat. Le dôme du réacteur numéro un devrait ainsi être posé fin 2022, a ajouté le dirigeant, en précisant que l'écart d’avancée de projet entre les deux réacteurs de la centrale restait de 12 mois.
Ces difficultés interviennent alors que la flambée des prix de l'électricité ces derniers mois a poussé le gouvernement à quasiment geler la hausse des tarifs d’EDF pour 2022.
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